Des masques fabriqués selon la formule de chaque fabricant, des masques que dans les coins des rues, l’on essaie d’abord avant d’en acheter, éventuellement, des masques sans garantie de respiration convenable quand on les porte, ni d’étanchéité. Et il va sans dire que c’est la propagation du virus assurée par notre propre entremise. Que finir par faire alors, face à cette situation d’autant que la commande des 20 millions de masques de l’Etat se fait attendre.
De deux choses l’une. Soit l’Etat sort le grand jeu en interdisant tout ce qui se vend actuellement, le temps de contrôler la situation en renvoyant tout le monde dans les pharmacies ou il prend la responsabilité d’organiser et d’agréer la production locale des masques de protection sous des conditions techniques qu’il aura définies clairement. Dans la première alternative, l’Etat devra tenir compte du fait que ceux qui sont actuellement dans la rue y travaillent par la force des choses et donc les plus exposés au virus, devront utiliser trois masques par jour puisque qu’il faut les changer toutes les trois heures. Les masques coutant actuellement 1000 francs en pharmacie, l’incidence financière journalière sera donc de 3000 francs CFA, elle est déjà lourde pour le citoyen ordinaire.
L’Etat pourrait alors en imposer la charge aux employeurs, il est vrai, mais rien n’est moins certain que ces derniers obtempèreront, d’autant que nous savons déjà que des employeurs des chauffeurs de taxi ont exigé que ceux-ci prennent en charge, eux-mêmes, les masques et le gel hydroalcoolique. En tout état de cause, il restera dans la rue beaucoup de travailleurs qui ne relèvent pas d’employeurs.
La solution serait alors de subventionner plus fortement les masques en approchant la gratuité, en un laps de temps avec une partie des participations financières. Pourquoi ne pas les vendre à 100 francs à condition d’en prendre cinq à la fois ? Cette approche radicale apaisera tout le monde et surtout sauvera et garantira tous les efforts que le gouvernement a faits jusqu’alors. Autrement, nous programmons une catastrophe. Maintenant, si en revanche, l’Etat s’estime à même de prendre la responsabilité d’assumer les risques d’une fabrication locale qui, semble-t-il, a l’avantage du lavage, du repassage et de la réutilisation, il devra en prendre complètement le contrôle en recensant les fabricants, en leur montrant comment confectionner un masque artisanal efficace et en les agréant.
Mais cette alternative présentera beaucoup d’aléas et de risques. Il n’est pas certain que le coût d’un masque artisanal soit moindre que celui de la pharmacie. Si nous nous fions à nos propres investigations, il est vendu à 300 francs CFA avec ses imperfections et ses risques.
Que ce soit dans l’un ou dans l’autre cas, l’on ne devrait pas omettre de sensibiliser la population sur la non réutilisation des masques achetés à la pharmacie et la nécessité de la destruction avec le feu de tous masques utilisés d’autant que nous ne disposons pas encore d’un service de voirie performant. Au reste, il nous a été donné de rencontrer dans la rue de petites gens ayant sur le visage des masques haut de gamme griffés FFP2, tout crottés, vendus à 2000 francs à la pharmacie. Il va sans dire qu’ils les ont ramassés en quelques endroits aux fins de réutilisation et bonjour les dégâts !
Paul Y. N’GUESSAN
Source: Bamakonews