Bon nombre de femmes se réjouissent de cette mesure qui permet aux hommes d’être proches de leurs familles
à quelque chose, malheur est bon, dit-on. Cet adage millénaire qui, traduit littéralement, que « souvent l’on tire de ses malheurs des avantages que l’on n’aurait pas obtenus sans eux », illustre bien le sentiment de bonheur et de vie de couple tempérée que vivent les femmes mariées en cette période de la pandémie de coronavirus. En effet, suite à la détection de cette maladie dans notre pays, le gouvernement comme la plupart de nos voisins, a instauré un couvre-feu allant de 21 H à O5 H du matin. Cette mesure dont les conséquences sont jugées drastiques pour les commerces et autres vendeurs de nuit, semble faire le bonheur de nos épouses délaissées à la maison.
Ainsi, dès les premières heures de son entrée en vigueur, les témoignages et les messages de reconnaissance de femmes mariées délaissées ont commencé à circuler en boucle sur les réseaux sociaux, surtout Facebook et WhatSapp. Les humoristes et autres cinéastes en ont fait leurs choux gras. Leurs productions seront aussitôt reprises par les femmes au grand dam des hommes qui, les cœurs serrés, visualisent ces vidéos. éléments usuels qui sont devenus objets des débats dans les bureaux et les grins qui durent de moins en moins.
Un malheur pour les hommes qui fait le bonheur des femmes. Sur ces réseaux sociaux, certaines personnes témoignent la reconnaissance des femmes mariées à l’endroit du « président IBK » pour avoir institué cette décision qui les rapproche de leur mari. Et, il suffit d’aborder ce sujet à titre de plaisanterie pour que les femmes fassent des révélations et des commentaires. C’est le cas de cette dame âgée d’une quarantaine d’années. Rencontrée dans un salon de coiffure, elle avoue : « Je suis vraiment reconnaissante au président IBK. Au delà de la lutte contre cette pandémie, ce couvre-feu va contribuer à instaurer la paix dans mon foyer et certainement dans beaucoup d’autres ». Au nom de ce bonheur dont ont droit les femmes et leurs enfants, elle souhaite une prolongation du couvre-feu, même à la fin de l’épidémie. Cette femme qui a requis l’anonymat, partage le calvaire qu’elle vivait avant cette pandémie. « Depuis le premier jour de mon mariage, je souffre énormément. Mon mari n’est jamais à la maison. Il sortait les sept jours de la semaine et ne rentrait à la maison que le lendemain. Tout le voisinage était au courant. Sa présence était minutée dans la famille », larmoie-t-elle.
Mais depuis l’instauration du couvre-feu, c’est désormais la joie dans la famille. « Au début, il rentrait avant à 21 H, mais maintenant c’est après 22 heures », lance-t-elle comme pour demander plus de vigilance de la part des agents chargés de l’application du couvre-feu.
Toute chose qui n’enlève rien à son bonheur actuel. « Je ne peux que me réjouir pour quelqu’un qui rentrait entre 6 H et 7 H du matin. Les enfants se réjouissent aussi de sa présence. Ils pouvaient passer des jours sans se voir », se rappelle-t-elle. Avant de prier les autorités à tout faire pour instaurer cette mesure trois fois dans la semaine, au-delà même de la pandémie pour le bonheur des femmes mariées.
Comme elle, Satou était, elle aussi, obligée de supporter l’absence quasi permanente de son époux. « Avant la mise en œuvre de cette mesure spéciale, chaque jour, du lundi au dimanche, mon mari sortait et ne revenait qu’entre 20 H et 22 H. Même malade, il sortait et passait tout son temps au grin, selon lui », rapporte cet agent de l’état.
Maintenant, il ne va nul part. « Mes enfants n’étaient pas habitués à cette présence. Au moment où il rentrait, eux dormaient déjà. Aujourd’hui, lorsque mon premier fils voit un voisin passer, il lui dit : Papa est là, il est dans le salon », s’éclate-t-elle de rire. Sur le chemin du marché, aux lieux de rencontres des femmes, il suffit d’aborder la question, les femmes frustrées se joignent aussitôt au débat. La loquace Mme Minta Coumba, rencontrée dans un marché à Kalaban Coura, raconte son cas. « Mon mari n’est jamais chez lui. Il sort et ne revient que le petit matin. C’est un coureur tout fait. Je suis tellement habituée que ce comportement ne me fait ni chaud ni froid.
Je ne suis là que pour élever mes enfants », confie cette mère de trois enfants. Avant de se réjouir de cette décision présidentielle qui, selon elle, permet aux hommes d’être proche de leur famille, singulièrement de leurs enfants.
Sa voisine Oumou explique qu’avant l’événement, elle était la femme « la plus malheureuse ». « Dès qu’on finissait de prendre le dîner, mon mari sortait. Il revenait entre 2 H et 3 H du matin. Souvent, il lui arrivait de sortir sans attendre manger. Je passais mes nuits à pleurer. Le pire, une nuit ma fille est tombée malade et avait beaucoup de fièvre. J’ai essayé de joindre mon époux sans succès. C’est une voisine qui nous a conduit à l’hôpital aux environs de 3H du matin », explique cette dame, qui précise que toutes ses tentatives de divorce ont été vaines. Ses parents ne voulant pas d’une séparation. Grâce au couvre-feu qui arrive dans un contexte difficile pour notre pays, elle voit son mari à la maison dès les premières heures de la nuit et arrive à dormir tranquillement la nuit. « Il vient même de changer. Il me dit maintenant des mots doux et me traite avec beaucoup d’affection. On joue même ensemble. Je peux dire que le couvre-feu a été une bonne occasion pour reconstruire ma vie de couple », se réjouit-elle.
Contrairement à certains qui ont accepté de faire profil bas le temps peut-être de renouer avec les vieilles habitudes, d’autres hommes semblent devenus soudains désagréables. Tel semble être le cas de l’époux de Mme Traoré. En ce temps de couvre-feu, soutient-elle, son mari passe le clair de son temps à crier sur elle et ses deux enfants. « Il n’est pas habitué à rester à la maison. Dès qu’il rentre du travail maintenant, il a la mine très serrée », remarque Mme Traoré. Ajoutant que mon mari se plaisait à la montrer que c’est lui l’homme et qu’il pouvait tout se permettre : rentrer et sortir à des heures impossibles. « Qu’il s’était trompé ! IBK vient de lui montrer qu’il peut l’en empêcher. Que Dieu bénisse IBK, puisse cette pandémie être éradiquée dans notre pays et les autres ! Puisse ce couvre-feu perdure afin que nos maris restent sur le droit chemin, pour le bonheur de leurs épouses qui sont obligées de tout supporter pour préserver leur mariage et pouvoir s’occuper de leurs enfants », prie-t-elle, l’air émue.
Aminata Dindi Sissoko
Source : L’ESSOR