Ce mode d’enseignement s’étendra sur trois mois et permettra d’occuper les élèves et de maintenir leur niveau pendant la fermeture des classes
Face à la fulgurance de la pandémie du coronavirus, une réunion extraordinaire du Conseil supérieur de défense nationale, tenue le 17 mars dernier, avait pris la décision de la fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles (maternelles, primaires, secondaires et supérieures, y compris les medersas) pendant trois semaines. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, dans son adresse à la nation, le 10 avril dernier, a prolongé la mesure jusqu’au 9 mai prochain.
Mais en attendant, le gouvernement, sur instruction du chef de l’État, a élaboré un plan d’alternatives pour la continuité pédagogique des cours. Il s’agit des cours à distance. Ce mode d’enseignement qui a démarré mardi dernier, a pour objectif d’assurer la continuité pédagogique et de faire en sorte en sorte que les élèves ne soient pas des laissés pour compte. En termes clairs, il s’agit de continuer l’apprentissage des élèves malgré la fermeture des écoles liée à la présence du Covid-19 dans notre pays.
Les cours à distance se déroulent du lundi au vendredi de 10h15 à 11h 45 sur les antennes de la télévision nationale (ORTM1 et 2), la radio nationale et l’Internet. Les cours à distance durent 3 mois (avril, mai et juin). Tous les ordres d’enseignement (fondamental 1 et 2, technique et professionnel, secondaire et supérieur) sont concernés par cette nouvelle méthode d’enseignement.
Les leçons ont débuté par les classes d’examen. Il s’agit des classes de 9è année, de 12è année, de 3è année du Certificat d’aptitude professionnelle (CAP), de 3è année du Brevet de technicien (BT1) et de 4è année BT2. Plus de 3 millions d’élèves de l’enseignement fondamental sont concernés par ces cours à distance. Les mathématiques, la physique, la chimie, la rédaction, l’histoire, la géographie, la biologie sont les matières principales enseignées au niveau de la 9è année. Ils sont 306 089 élèves de l’enseignement secondaire général concernés par ce nouveau projet de cours à distance. Les lycéens des filières scientifiques sont initiés en physique, chimie, biologie et géologie. Les littéraires eux peuvent suivre leurs cours à distance en français, anglais, arabe, histoire, géographie et sociologie. Les arabisants peuvent eux aussi suivre l’enseignement à distance par le biais des médias ci-dessus cités.
Si les conseillers pédagogiques et les inspecteurs sont chargés de dispenser les cours à distance aux élèves du fondamental, certains enseignants non grévistes des enseignements public et privé encadrent les élèves des enseignements secondaire général, technique et professionnel. Au niveau de l’enseignement supérieur, les étudiants ne sont pas concernés par la télévision et la radio nationale. Ils peuvent suivre leur cours sur Internet, en interaction avec les professeurs.
L’enregistrement des cours de leçon radiophoniques et télévisuelles se fait du lundi au vendredi au siège du Projet d’appui au développement de l’enseignement supérieur (PADES) sur la colline de Badalabougou avant d’être diffusé sur les médias. Le projet des cours à distance est piloté par les ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de la Communication, chargé des Relations avec les institutions, de l’Économie numérique et de la Prospective.
Les écoles privées affiliées à l’Association des écoles privées agréées du Mali (AEPAM) et l’Université virtuelle sont aussi impliquées dans l’organisation des apprentissages à distance. À ces structures s’ajoutent les trois commissions technique, communication et pédagogique des départements ministériels concernés.
Le conseiller technique du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Augustin Poudiougo est chargé de superviser les commissions. Le directeur du Centre national des examens et des concours de l’Éducation (CNECE), Pr Mohamed Sidda Maïga a déclaré que les cours à distance servent à maintenir le niveau des élèves et à les occuper pendant tout le temps de fermeture des écoles. Pr Mohamed Sidda Maïga a assuré que tous les moyens sont mis en place pour que tous les élèves notamment ceux des zones difficiles puissent avoir accès à cet enseignement à distance.
Il a ajouté que les réseaux sociaux (WhatsApp, Youtube) sont aussi utilisés pour permettre les enfants les plus vulnérables de pouvoir suivre les cours. Le directeur du CNECE a par ailleurs souhaité l’accompagnement des parents d’élèves.
Dans leur circulaire N°070, relative aux cours à distance dont nous avons eu copie, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 s’opposent à cette initiative. Ils s’interrogent sur l’efficacité des cours à distance, estimant que les conditions nécessaires ne sont pas réunies.
Les grévistes soutiennent en outre que l’école ne saurait être discriminatoire, que l’égalité de chance de tous les enfants du pays à l’éducation est un droit et que le projet en cours n’est destiné qu’aux enfants de quelques privilégiés. Les syndicats invitent donc leurs militants à s’abstenir de toute participation à cette activité.
Sidi Y. WAGUÉ
Source : L’ESSOR