Ces inculpations suivies de placement sous de dépôts font suite à l’origine d’une plainte déposée au Pôle national économique et financier par Mme Bintou Camara, ministre de l’Energie et de l’Eau contre des présumés coupables de vols de carburant (disparition de 59 citernes). Mais cette piste a été vite abandonnée faute de preuve au profit des fameux groupes électrogènes défectueux.
Au regard des faits commis dans l’exercice de leur fonction impliquant Lamine Seydou Traore, ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau au moment des faits, le dossier des 27 groupes électrogènes a été transmis à la Cour suprême, par le procureur de la République financier. L’ancien ministre qui avait séjourné à la Brigade du Pôle national financier pendant quelques jours aux côtés de plusieurs autres cadres d’EDM-SA (parmi lesquels Koureichi Konaré mais Oumar Diarra) et dont la garde à vue a été prolongée plusieurs fois, a été placé sous mandat de dépôt hier en fin de matinée. Il est accompagné des anciens DG d’EDM-SA, Oumar Diarra (directeur d’août 2020 au 27 juillet 2022) et Koureichi Konaré. Tous inculpés de « faux et usage de faux, atteinte aux biens publics ».
Comme tout accusé, ils sont écroués sur la base de leur responsabilité pénale. Seydou Lamine Traoré, Koureichi Konaré et Oumar Diarra sont placés sous mandat de dépôt dans l’affaire du marché n° 22/522DG/DP du 06 12/2022 portant achat de 27 groupes électrogènes conteneurisés de marque Perkins et transformateurs à 6 269 000 000 F CFA. Un marché attribué à l’entreprise « Case Construction » par EDM-SA. Plusieurs de ces équipements qui ne répondaient pas aux normes techniques contractuelles sont à la base de ce scandale. Du coup, Seydou Lamine Traoré, Koureichi Konaré, Oumar Diarra et leurs co-accusés cadres d’EDM-SA et du Conseil d’administration sont soupçonnés d’avoir sciemment altéré la vérité à partir du moment où le cahier des clauses techniques particulières dudit contrat a été occulté. Pourtant en tant que ministre de tutelle, les directeurs généraux d’EDM-SA lui rendaient régulièrement compte dans cette opération. M. Traoré porte une autre accusation. Celle d’avoir nuit aux intérêts de l’Etat en lui causant des préjudices matériels et moraux et même sociaux.
L’ex-ministre et les ex-DG devancent en prison d’autres. Notamment : Mme Aminata Niane, secrétaire générale chargée du département contrôle des contrats et passation des marchés, compliance et communication, Mamadou Sidibé, chef du département contrôle des contrats et passation des marchés et compliance, Boubacar Diallo, ancien directeur administratif et financier (actuellement conseiller spécial du DG), Joseph Théra, chef du département juridique, Ousmane Traoré, ancien directeur de la production, et Mme Saran Diakité, inspectrice des douanes, ancienne chef de bureau des produits pétroliers. Le sort de ceux-ci interpellés depuis le 10 janvier 2024, n’était pas encore connu au moment où nous mettions sous presse. Mais tout porte à croire qu’ils n’échapperont pas aux mailles de la justice.
L’opérateur économique dont le nom est constamment cité dans ce marché sulfureux de 27 groupes électrogènes et transformateurs livrés à EDM-SA, n’a jamais été entendu dans ce dossier. En tout cas pas pour le moment. Alors que tout est parti de ces mêmes groupes (dont certains de très mauvaise qualité) financés à 6 milliards de F CFA par le président Assimi Goïta afin de pallier les coupures d’électricité pendant les périodes de pointe.
Abdrahamane Dicko