Adama Traoré a trainé son manœuvre devant la Cour au motif que celui-ci a incendié son champ et volé ses poulets. L’accusé a été relaxé, faute de preuves.
Le verdict prononcé hier à l’issue du procès qui opposait le ministère public à Etienne Traoré, âgé de 25 ans, cultivateur domicilié à Diéguénina, marié et père de trois enfants, a été un acquittement pur et simple, faute de preuves suffisantes.
L’homme était accusé d’incendie volontaire et vol qualifié. La victime n’était autre son employeur Adama Samaké. Beaucoup ignorent qu’au Mali l’incendie volontaire est un crime passible de plusieurs années de prison.
Rarement cette infraction passe devant les juges de la Cour d’assises. Les faits d’incendie volontaire sont prévus et punis par les dispositions de l’article 305 du code pénal. Ils peuvent donner lieu à l’application d’une peine criminelle.
L’un des rares accusés de ce genre de crime vient d’échapper à l’application de cette peine pour insuffisance de preuves. Que s’est-il passé entre le nommé Etienne Traoré et son employeur Adama Samaké ?
Nous sommes en janvier 2015 à Bougouni. Le nommé Etienne, manœuvre de son état, se sépare avec son employeur Adama Samaké suite à une incompréhension. Selon l’arrêt de renvoi, Etienne Traoré s’en est allé très fâché du champ de ce dernier.
Avant Etienne avait réclamé à Adama le salaire de vingt-cinq jours qu’il a travaillé. Ce dernier lui a dit qu’il ne sera pas rémunéré parce qu’il a eu perte de poulets.
Une semaine plus tard, soit le 28 janvier 2015, nuitamment, le verger d’Adama Samaké fut incendié et sa volaille emportée. Ce dernier soupçonnant son ex-manœuvre E. Traoré, porte plainte contre celui-ci. Interpellé, Etienne avouait son forfait à l’enquête préliminaire.
Il expliquait avoir mis le feu au verger de son patron et emporté sa volaille avec l’aide de son ami Samuel Coulibaly en fuite. Il se rétractera, ensuite, à l’information pour nier les faits. Cependant, les circonstances dans lesquelles il s’est séparé avec son patron laissent croire à la sincérité de sa première version des faits par esprit de vengeance.
Interrogé à la barre, les propos d’Adama n’avaient rien à voir avec le dossier d’accusation. Les jurés ont fait remarquer cette digression à l’accusateur. L’employé s’est ressaisi pour expliquer, dans les détails, le sinistre qui lui a fait perdre ses poulets et ses pieds d’oranges. « Pour moi, l’auteur du sinistre n’est autre que Etienne ».
Il n’y avait aucun témoin pour voir clair dans l’affaire. La défense de l’accusé a qualifié le dossier de bâclé. Elle a demandé que son client soit acquitté. Cet appel a bien été entendu par la cour. E. Traoré est sorti libre du tribunal libre. Au grand dam de son ancien employeur qui aurait sans doute aimé le voir croupir en prison.
Lamine Kané
Source: leschos
