Le ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, KEITA Aida MBO, a effectué, le dimanche dernier, une descente sur le terrain dans la commune rurale de Naréna pour constater de visu la saisie de la grande quantité du bois d’ébène par le poste forestier de cette localité. Elle était accompagnée par le directeur national des Eaux et forêts, Mamadou GAKOU, du directeur régional des Eaux et forêts de Koulikoro, Dramane BALLO et des cadres du département.
À Naréna, la délégation ministérielle a été accueillie par le chef du Poste forestier, Bakary KANE. Après des échanges avec le chef de Poste, la délégation s’est rendue sur le lieu d’exploitation dans le village de Téniéma.
Dans la brousse, la délégation a constaté sur place une quantité importante de bois entassés et prêts à l’acheminement à Bamako.
Résultat d’une instruction du ministre :
Le directeur régional des Eaux et forêts de Koulikoro, Dramane BALLO, a retracé le film des actions qui ont été couronnées par cet exploit. Selon lui, c’est suite à la découverte d’un gros tas de bois d’ébène dans la ville de Bamako par madame le ministre, qu’elle a instruit les responsables des Eaux et forêts de mener des investigations sur la provenance de ce bois dont la coupe est interdite dans notre pays.
Sur instruction de sa hiérarchie, le directeur régional des Eaux et forêts de Koulikoro a affirmé avoir dépêché ses agents, dans la nuit du vendredi à samedi, pour mener des fouilles dans les fins fonds de la brousse. Il a apprécié que malgré le problème de sécurité et l’insuffisance de moyens, les agents se sont engagés avec détermination.
Selon Dramane BALLO, les investigations qui se sont déroulées nuitamment ont permis, en moins de 24 h, de saisir deux camions contenant du bois d’ébène. Le directeur régional des Eaux et forêts a souligné qu’il a fallu le courage quelque part pour arriver à ce résultat.
Pour sa part, le directeur national des Eaux et forêts, Mamadou GAKOU, a déploré la coupe du bois qui se fait dans l’illégalité dans notre pays. Pour faire face à ce phénomène, il a suggéré qu’il faudrait des sanctions rigoureuses en commençant par les agents des Eaux et forêts qui sont en complicité avec les coupables.
« Il est déplorable de constater que les arbres qui ont entre 60 et 100 ans soient détruits de cette manière. Nous sommes un pays sahélien où ces genres de pratiques doivent être strictement interdites. Cette lutte n’est pas l’affaire des seuls forestiers. Il faut au premier rang l’implication des collectivités et des populations», a appelé Mamadou GAKOU.
De son côté, madame le ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, KEITA Aida MBO, dira que la coupe du bois d’ébène est interdite, surtout dans la localité du Mandé qui est une zone protégée. Elle a déclaré que son département est dans une dynamique de protéger les forêts sur toute l’étendue du territoire national.
« Les ressources forestières et fauniques sont très importantes pour un pays comme le Mali. Nous sommes dans un cadre de décentralisation et nous avons besoin de travailler avec les communes. Cette mission est très importante et le message à véhiculer est que la coupe abusive du bois doit s’arrêter. Nous devons faire appliquer les textes et aller vers une collaboration étroite pour éviter ce genre de dégât. Plus de 140 troncs sont saisis et des investigations seront menées pour remonter les filières », a souligné madame le ministre.
Elle a salué le travail fabuleux des responsables des Eaux et forêts et de leurs agents. Aussi, KEITA Aida MBO s’est beaucoup appesantie sur l’importance de l’implication des collectivités et des populations locales pour faire aboutir le combat contre la coupe abusive du bois.
« Nous sommes tous responsables, car nous sommes une Nation et nous devons protéger nos forêts et assurer le développement durable de notre pays. Les populations ont un travail important à faire non seulement en matière d’entretien des forêts, mais aussi de dénonciation. Les agents ont souvent besoin des informations pour mener des investigations et sévir s’il y a lieu », a sensibilisé madame le ministre. Avant d’annoncer que son département entreprendra des actions de sensibilisation à l’attention des populations locales et des collectivités pour bénéficier de leur collaboration.
Des complicités :
Des échanges, il ressort que les coupeurs de bois mènent leurs forfaits avec la bénédiction des autorités villageoises et la complicité de certains agents des Eaux et forêts. En fait, interrogés sur place, ils ont affirmé être passés par le Poste forestier de Naréna où ils ont payé une somme à un agent des Eaux et forêts qui a donné son feu vert. Idem au niveau du village où les chefs traditionnels ont perçu une somme forfaitaire pour autoriser la coupe du bois. Le maire de Naréna, Daouda Nambala KEITA, qui accompagnait la délégation ministérielle a nié l’implication de la municipalité dans cette affaire frauduleuse.
Face à cette réalité, madame le ministre a souligné que les populations seront sensibilisées sur leur rôle dans la protection de l’environnement.
Pour ce qui est la complicité des agents des Eaux et forêts, les premières sanctions sont tombées avec certaines mutations.
PAR MODIBO KONE
ENVOYE SPECIAL
Source: info-matin