Nous vous l’annoncions déjà la semaine dernière et voilà que tout le monde en parle depuis ; en tout cas, depuis ce temps-là, il est question d’achat d’avion, d’équipements et fournitures militaires, d’armes, de munitions, le tout sur la base de montants surfacturés pour un montant avoisinant 29 milliards de F CFA.
Diantre, même le rapport de la Cour suprême n’a pas établi les preuves de cette surfacturation, malgré les attentes et les pressions des experts du Fonds monétaire international, dépêchés sur place pour détecter toutes les fraudes et malversations dans cette affaire.
Le rapport provisoire du Vérificateur général vient envenimer de nouveau la polémique autour de cette question. Aujourd’hui, il est établi qu’une opération a été montée de toutes pièces pour procéder à des achats sans que cela ne se fasse suivant les règles et procédures en vigueur.
Même si l’on n’ignore encore les vrais contours de cette opération d’achat d’armes et de munitions, de nombreuses zones d’ombre demeurent et subsistent. C’est bien pour cela que le rappel des faits s’impose. Tout d’abord c’est par deux contrats parallèles, signés par deux personnes différentes, MM. Kagnassy et Kouma. Comment en est-on arrivé là ?
Le contrat initial d’achat portait sur 69 milliards de F CFA entre Guo-Star SARL et l’Etat du Mali. Guo-Star est une société dont le capital social est détenu par Amadou Baïba Kouma. Ce dernier étant au Canada à l’époque (considéré comme proche de ATT) et nourrissant quelque crainte à rentrer au pays qu’il avait quitté dès le lendemain du coup d’Etat militaire a autorisé verbalement Sidi Mohamed Kagnassy à signer en ses lieu et place le contrat.
- Kouma étant le seul à disposer d’un agrément d’exportation d’armes au Mali, le gouvernement du Mali s’est vu contraint de faire recours à lui. Il a été pratiquement supplié de rentrer pour signer le document et commencer à envoyer les commandes. Comment le contrat signé par M. Kagnassy a « fuité » ? Lui-même accuse un proche du président de la République.
Les documents signés, il fallait trouver un moyen pour se procurer de l’argent afin de lancer les commandes. Problème : aucune entreprise au monde, aucun Etat n’est financé ou subventionné pour acheter des équipements militaires, encore moins des armes. C’est là qu’il a été fait recours à un montage qui laisse entrevoir des irrégularités, ce, pour permettre de se procurer de l’argent liquide afin de poursuivre les opérations.
Sur le montant de 69 milliards de F CFA, il était prévu environ 15 milliards qui ont été soustraits sur la base d’une rubrique « frais d’approche ». C’est ce montant qui a permis d’acquérir du létal auprès d’une société bulgare du nom de Metalica. Aujourd’hui, des commandes ont été passées. Elles sont toutes, soit en cours d’acheminement, soit en fabrication, ou achevées et emballées sur place. Il semble que ce soit le Premier ministre qui ait donné ordre de bloquer le processus. Dans quel but ?
Il est en tout cas désormais établi que des gens ont frauduleusement monté le contrat et ont détournés plusieurs milliards. Car, finalement, on apprend que sur les 29 milliards ont été utilisés comme suit : 15 milliards pour les achats et tout qui s’y rapporte, 5,8 milliards pour les frais financiers, les commissions et autres frais. Parallèlement, l’ancien ministre de la Défense aurait passé pour plus de 100 milliards de F CFA de commande lui tout seul.
Désormais, comme nous le disions, il est clair que des individus ont usé de subterfuges pour abuser du chef de l’Etat et du reste de la population. Qui sont-ils ? Il faut les démasquer et prendre les sanctions qui s’imposent. D’où la nécessité de mettre en branle la justice, mais surtout mettre en place une commission d’enquête parlementaire composée de membres de la société civile, de l’opposition parlementaire et de la majorité. Il est important de signaler que le pays s’est endetté sur trois ans sur des marchandises qui coûtent trois fois moins cher que sous l’ancien régime.
A suivre…
Correspondance particulière