En 2008, il avait jugé qu’il n’y avait pas assez de jeu démocratique au sein de son parti. Il avait raison, car Soumaïla Cissé, père fondateur de l’Urd, avait fait de ce parti sa propriété individuelle et exclusive, qu’il contrôlait et dirigeait depuis Ouagadougou à travers un président par procuration.
En 2008, il avait jugé qu’il n’y avait pas assez de jeu démocratique au sein de son parti. Il avait raison, car Soumaïla Cissé, père fondateur de l’Urd, avait fait de ce parti sa propriété individuelle et exclusive, qu’il contrôlait et dirigeait depuis Ouagadougou à travers un président par procuration.On disait alors le parti de Soumi comme on disait le parti d’IBK, confondant l’homme et le parti. Mais si Oumar Ibrahima Touré, vice-président du parti, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait raison d’exiger plus de jeu démocratique, il avait oublié qu’au Mali, et sans doute ailleurs sous les tropiques, c’est l’argent qui est roi et régente tout. Et Soumi avait l’argent. S’il n’a dirigé le géant cotonnier que pendant quelques mois -il dit ne pas avoir eu le temps de voler- il passera près de 10 ans dans les plus hautes sphères de la République, notamment comme ministre des finances et super-ministre d’un département taillé à sa démesure avant de prendre, grâce à ATT, les commandes de la commission de l’Uemoa pour deux mandats. C’est donc ce nouveau riche qu’Oumar Ibrahima Touré, alors simple ministre de la santé a voulu combattre et prendre la place de sa marionnette. Et bien entendu, l’argent a fait la différence. Oumar a été suspendu pour travail fractionnel et contraint au départ.
Cela ne sera pas son seul malheur, car dans le même temps un scandale financier éclate dans son département : des milliards destinés à soigner ou prévenir le paludisme, la tuberculose et le sida auraient pris d’autres destinations. Le ministre de la santé a démissionné pour préparer sa défense, car il va être entendu par la justice. Il sera ensuite relaxé sans être innocenté et fonde, comme Soumi trahi par les siens en 2002, son parti, l’APR, dont le symbole est un perroquet. Ne pouvant faire le poids face à IBK qui n’avait pas encore montré son vrai visage, le Perroquet s’allie au Tisserand pour une présidentielle gagnante. Et pour être dans son rôle, quand IBK dira « Aminata », le Perroquet répétera « Aminata », il en sera de même lorsque le chef de l’Etat criera : « Mon très cher frère et ami Tomi, au secours, on veut me disputer mon avion et désarmer mon armée réarmée pour surfacturations présumées.»
Mais si le perroquet peut seriner à l’envi ce que son maitre et propriétaire dit, il n’a pas vocation de lui dire la vérité. Cela est le rôle des amis et IBK n’en a pas. Et le président n’a plus qu’à payer ses ennemis pour entendre enfin la vérité. Il en a les moyens et Soumi aime l’argent. Tiébilé n’en a pas mais il a la langue bien pendue. Modibo ? Il est indéchiffrable.
Cheick TANDINA
SOURCE / Le Prétoire
