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Quête de la médaille olympique : Et si on sortait des faux procès pour privilégier le diagnostic de nos échecs ?

A la limite près, nous savons tous que la prestation de nos représentants aux Jeux Olympiques «Paris 2024» (26 juillet-11 août 2024) reflète le niveau réel de notre sport dans bien de disciplines. Un niveau sur lequel, contrairement au département de tutelle et les fédérations sportives, le Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM) n’a pas d’influence directe ou a peu d’emprise. Malgré tout, la meute s’est encore déchaînée sur des boucs émissaires. Et le ministère de la Jeunesse et des Sports (chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne) semble tomber à son tour dans ce jeu insipide au lieu de tirer les enseignements pour mieux baliser l’avenir.

Les rideaux sont maintenant tirés sur les Jeux de la 33e Olympiade «Paris 2024» (26 juillet-11 août 2024 pour les Jeux olympiques et 28 août-9 septembre 2024 pour les Paralympiques). La meute des mercenaires de la plume et du crachoir s’est déchaînée sans se rendre compte qu’elle est en train de se faire manipuler et ridiculiser à cause de sa cupidité. En effet, comme on pouvait s’y attendre, les oiseaux de mauvais augure nous ont encore assourdi par leur chant lugubre en espérant picorer des poux sur une tête rasée. Le comble de l’ironie, c’est quand un ministre de la République (il est vrai qu’il ne semble pas connaître grand-chose au Sport) croit distraire l’opinion nationale en exigeant des comptes pour une participation à la gestion de laquelle il a été étroitement associée puisque ses services ont géré au moins les 78 % du budget alloué.

Et tout cela parce que notre rêve de médaille olympique ne s’est pas encore réalisé. Et c’est la faute au Comité national olympique et sportif du Mali (CNOSM) parce que son président n’a pas retroussé les manches pour mouiller le maillot à la place des sportifs dans les différentes arènes sportives de la capitale française. Et comme si le Mali était un cas isolé ! Mais, ce que le ministre et ses amis «refondateurs» ainsi que leurs mercenaires ne disent pas, c’est qu’à Paris l’Afrique de l’ouest n’a remporté que deux médailles de bronze. Elles sont à l’actif d’un taekwondoïste ivoirien et le Capverdien David Varela de Pina qui a gagné en boxe dans la catégorie des poids mouches (51 kg). Et pourtant certains pays n’ont pas investi moins de 1 milliard de francs CFA dans leur participation contrairement aux supposés 360 millions Cfa du Mali. Pourquoi alors autant de bruit sur la participation de notre pays ?

Mais, il faut vraiment être naïfs pour croire que c’est pendant les jeux qu’on récolte les breloques. Non, la médaille olympique est le couronnement d’un parcours longtemps préparé ; l’aboutissement d’un combat. Il faut vraiment un miracle pour que des sportifs qui n’ont pas réalisé les minima puissent se hisser sur un podium olympique. C’est comme si on misait sur la victoire d’athlètes souffrant de diverses déficiences physiques en compétition avec ceux qui jouissent de toute leur aptitude physique. Et c’est à ce niveau que l’Etat est attendu pour véritablement jouer son rôle de catalyseur de la performance sportive et non le Comité olympique.

Ce rêve de médaille olympique va mettre du temps à se réaliser si l’on sait, en plus du fait que l’Etat n’investit pas réellement dans la performance sportive, nos sportifs semblent se contenter des médailles des Jeux africains (l’or avec Aminata Makou Traoré à Maputo, au Mozambique en 2011) ou de la Francophonie comme Kadiatou Camara «La» (argent à Beyrouth, au Liban en 2009) ou Djénébou Danté (or à Abidjan, Côte d’Ivoire en 2017). Et cela quel que soit leur talent. Cette situation s’explique par tout sauf par un manque de talents. Les Yah Koïta Soucko, Kadiatou Camara «La», Moussa Camara, Ismaël Coulibaly, Bourama Mariko et Ibrahim Guindo (judo)… n’en manquaient pas pour réaliser une brillante carrière et miser sur une médaille olympique en apothéose…

A part les Seydou Kéita dit Seydoublen, Frédéric Oumar Kanouté, Mahamadou Diarra dit Djilla et relativement Daba Modibo Kéita, rares sont les sportifs maliens qui sont parvenus à se libérer de ce «poids» (nous allons l’appeler ainsi) pour réaliser une carrière à la hauteur de leur talent. Au sein de la nouvelle génération, tous les sports confondus, seules la basketteuse Sika Koné et la boxeuse Fatoumata Marine Camara donnent cette impression de vouloir réussir à dompter leur corps et leur mental afin de réaliser leurs ambitions sportives.

Pourquoi nos sportifs ne tiennent presque jamais la promesse de leur talent ?

Et relativement Daba Modibo Kéita. Relativement parce que même le double-champion du monde n’a pas pu nous permettre de décrocher une médaille olympique. Entre les blessures et les «erreurs d’arbitrage», il est passé à côté des deux éditions des J.O auxquelles il a participé en 2008 à Beijing (Chine) et 2012 à Londres (Royaume Uni). Une fois le seuil de la maturité atteint, ces talents ont du mal à confirmer, comme si leur ascension était bloquée par une force invisible. Ils sont d’ailleurs nombreux à disparaître avant cette maturité.

Est-ce un problème psychologique ? Est-ce un handicap mental ? Est-ce que cela est lié à des problèmes physiologiques…? Nous avons tendance à croire ce que ce n’est ni un problème d’encadrement ou d’environnement parce que même ceux qui ont la chance d’intégrer des centres en Europe parviennent rarement à réaliser une carrière à la hauteur de leur très appréciable talent. C’est cette équation que nous devons essayer de résoudre au lieu de nous acharner sur un dirigeant dont la mission est d’accompagner les fédérations et non de se substituer à elles et à leurs pratiquants dans les arènes sportives. Le Cnosm joue pleinement son rôle dans le développement du sport en y injectant les moyens à sa disposition. Mais, il n’élabore ni n’exécute la politique sportive du pays.

Des sports collectifs (foot, basket, hand, volley-ball) aux disciplines individuelles (taekwondo, judo, boxe…) on a assisté à une éclosion extraordinaire de jeunes talents au moins ces trois dernières décennies. De quoi réellement hisser le Mali de façon pérenne dans le gotha des pays qui brillent dans le monde à travers le sport. A l’Etat maintenant de trouver les moyens qu’il faut pour tirer le maximum de profits de cette prodigieuse éclosion. Il est clair que tous les talents ne sont pas prédestinés à une grande carrière. Mais, dans le cas du Mali, l’exception est en train de s’ériger en règle.

Si nous voulons réellement réaliser notre rêve de médaille olympique, nous pensons qu’il faut réellement et profondément ouvrir la réflexion sur cette épineuse question de talents gâchés. Notre constat personnel (de part notre petite expérience professionnelle et les quelques années passées au ministère de la Jeunesse et des Sports), est que le sportif malien est psychologiquement faible. Et pourtant, le mental est une exigence du haut niveau.

Au lieu de puiser de la motivation dans certaines situations à son désavantage pour s’imposer, il développe plutôt un complexe devenant vite un handicap face à des adversaires plus déterminés et mentalement forts. Nous sommes en tout cas convaincu qu’en ouvrant une réflexion objective avec tous les acteurs (sportifs, encadreurs, dirigeants, journalistes…) nous finirons par percer ce «mystère».

Bien sûr que cela n’est pas possible en privilégiant de faux procès pour instaurer la guéguerre dans le mouvement olympique et sportif. Cela ne nous conduit à rien en instaurant une adversité destructive juste pour ses propres intérêts !

Moussa Bolly

Source: Le Matin

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