N’a-t-on pas l’habitude de dire que « seuls les imbéciles ne changent pas en politique ? » Le monde politique est changeant au gré des évènements. Qui ne le sait pas ? Le fleuve politique est en perpétuel mouvement et ce mouvement fait qu’il n’y a jamais d’intérêt permanent ou divergeant en politique. En politique, celui qui t’aide aujourd’hui, te fera tomber demain, et celui qui te fait tomber aujourd’hui te fera monter demain. Nous avons une longue série de faits de ce genre de comportement en politique. Qui pouvait penser en 2001 qu’IBK en sa qualité de premier Ministre durant six ans sous le Président Alpha Oumar Konaré allait être sa première victime en fin de mandat ? Qui aurait cru que Soumaïla Cissé et Soumeylou Boubèye Maïga allaient être les exécutants de ce complot ourdi contre IBK ?
Alpha Oumar Konaré les a mis en mission en empêchant IBK de se considérer comme son dauphin naturel après sa tentative de faire changer la constitution du 25 février 1992, afin de se donner un troisième mandat. Alpha Oumar Konaré ayant accusé IBK d’être l’instigateur principal contre ce troisième mandat, a été obligé de démissionner au moment où le groupe dans lequel se trouvait Dr Tréta le conseillait de ne pas accepter de présenter sa démission au motif qu’en rendant le tablier, qu’il ne sera plus le candidat naturel du parti hégémonique de l’ADEMA-PASJ à l’époque. Malgré cette position du groupe de Tréta, IBK est contraint de présenté sa démission en février 2000 lorsqu’il a reçu d’Alpha Oumar Konaré la promesse qu’il allait lui succéder à la tête de l’Etat en 2002, mais pour ce faire qu’il fallait qu’il sillonne le pays pour le connaitre. Cette promesse, aux yeux d’IBK était la bonne décision en même temps très pragmatique. Auréolé par cette promesse, IBK a mis en place un programme de visite dans les cercles du Mali, à commencer par ceux du nord. Après quelques visites à Gao, Gourma-Rharouss, Alpha O Konaré a fait arrêter les dites visites sans avancer de raisons valables. Cependant, quelques semaines après la suspension des visites, il a appris à travers d’autres canaux branchés sur la présidence, que le tapis rouge qui au cours des visites était déroulés à la descente de l’avion à bord duquel se trouvait IBK était une usurpation de titre avant le jour « j ». IBK n’étant plus premier Ministre ne pouvait pas se permettre une telle considération. C’est ainsi qu’Alpha O Konaré a décidé de le faire partir de la tête de l’ADEMA-PASJ, avec le concours de Soumaïla Cissé et de Soumeylou B Maïga. Tous les cadres qui le supportaient en ont eu pour leurs comptes. Finalement celui qui a été le sauveur du régime d’Alpha O Konaré est devenu la victime, c’est comme l’histoire de l’hyène et du singe. L’hyène tombée dans le puits a été sortie de là par le singe avec sa queue. Une fois sortie, l’hyène a attaqué le singe en l’informant qu’il a faim et que par conséquent elle va le manger pour ne pas mourir. Cette scène se répète en longueur de journée dans l’arène politique. Toujours dans le jeu des arcanes politiques, Soumaïla Cissé et Soumeylou B Maïga, après le départ d’IBK se croyaient également chacun en bonne posture pour remplacer Alpha O Konaré. Pour les départager, des élections primaires organisées entre les deux, ont abouti à la victoire de Soumaïla Cissé pour être le candidat de ce grand parti. Soumeylou B Maïga était l’ami inséparable de Soumaïla Cissé. Pour mieux peaufiner leur stratégie d’attaque contre IBK, ils prenaient tous les jours le déjeuner ensemble. Chacun pensait que l’autre roulait pour lui jusqu’à la proclamation des résultats des primaires. C’est ainsi que Soumeylou s’est arrangé derrière ATT qui était le favori caché d’Alpha O Konaré. Finalement le choix s’est porté sur ATT parce qu’Alpha O Konaré voulait assurer ses arrières, c’est ATT qui pouvait lui garantir cela, plutôt que ses camarades qu’il considérait comme des apprentis sorciers.
Dans ce court parcours, Alpha O Konaré a trahit IBK avec le concours des deux ‘’Soum’’, qui à la fin ont été trahit également à leur tour. Cependant les deux ‘’Soum’’ ont été associés à la gestion d’ATT pour lequel Alpha O Konaré les a trahit. Qui l’aurait cru ? Soumaïla est allé prendre la tête de l’UEMOA à Ouaga. Soumeylou a hérité des affaires étrangères . C’est dans ces conditions que 2013 est arrivé avec une crise multidimensionnelle sans pareille. Soumeylou affaiblit financièrement s’est rallié à IBK pour terrasser Soumaïla Cissé, avec l’appui de la junte militaire, du président de la transition Dioncounda Traoré, de François Hollande, président de la République française et des religieux du Mali. Le soutien de François Hollande était lié au fait qu’IBK lui avait fait parvenir un message en promettant de donner à Kidal son autonomie politique, promesse acceptée par la France à cause des ressources minières du sous sol de cette région. Soumaïla Cissé le perdant est allé féliciter le vainqueur du scrutin IBK jusqu’à son domicile, une première dans l’histoire de la jeune démocratie malienne. Comme toute réponse à ce geste de courtoisie et de fair-play, IBK a dit qu’il n’a pas besoin d’opposants dans son gouvernement. Cela a été une fausse note qui a marqué toute la gouvernance de son premier mandat. La majorité a géré le mandat, l’opposition a critiqué et empêcher IBK de transformer notre constitution en royauté. IBK en veut beaucoup à Soumi champion pour cet ‘’empêchement’’ d’après les anglais. Parce que Soumi a été candidat que Soumeylou a choisi le camp d’IBK, là où l’herbe était verte. On se pose la question de savoir si ces deux ‘’Soum’’ sont opposés à vie ou est-ce une guerre de 100 ans qui se profile entre les deux ?
Nous ne saurons le dire, car en politique il n’y a ni accord permanent, et ni de désaccord permanent. D’ailleurs malgré la manière dont IBK s’est fait élire, la porte de sortie pour IBK était de rassurer Soumaïla Cissé, au lieu de faire dire dans les journaux qu’il n’a aucune offre à faire à l’opposition. Cette phrase a fermé la porte des négociations entre les deux parties. Il a fallu la révolte des religieux dirigés par l’Imam Dicko qui a dénoncé à son tour les incohérences de la gouvernance et l’incapacité notoire du gouvernement à mettre fin aux tueries au centre du pays. Cette démonstration de forces a confirmé aussi tout ce qui a été dénoncé par les camps opposés à IBK lors du meeting du 10 février 2019 au Stade du 26 Mars qui a refusé du monde ce jour. A partir de ce meeting IBK et le premier Ministre Soumeylou ont pris la mesure de la menace des religieux et des partis de l’opposition, qui peuvent à tout moment mettre fin à sa dictature. Il fallait donc pour sauver leurs fauteuils, aller au dialogue constructif dans le seul intérêt du Mali. IBK a compris cela et sans hésiter il a pris son téléphone pour appeler ‘’Soumi champion’’ et a exprimé le souhait de le rencontrer pour aplanir les divergences. Nous avons toujours rappelé à IBK qu’il n’est pas le président normal d’un pays normal, et qu’il faille appeler tout le monde au consensus. Le Président Idriss Déby l’avait pourtant averti en septembre 2013 en le mettant en garde contre l’exclusion de son principal adversaire à l’élection présidentielle dans la reconstruction du Mali. , Idriss de lui dire qu’il a tenté cette expérience et elle a échoué. Il a fallu qu’il compose avec l’opposition pour bâtir le Tchad. IBK a vu venir le feu qui risque de lui brûler les doigts lors du meeting du 10 février 2019 et il a bien fait de vite comprendre. Dans nos constitutions africaines, il n’y a plus de coup d’Etat, mais il y a la révolte populaire qui est admise pour chasser un antidémocrate au pouvoir. IBK et Soumeylou B Maïga ont eu tort de dissoudre sa commission de bon office créée dans le cadre d’un règlement global de la crise, sans lui en parler et de couper toute communication avec lui.
Faut-il le rappeler l’Imam Mahmoud Dicko a été un grand soutien d’IBK avant qu’il ne soit premier Ministre ou même Président de la République. Comme le dit un proverbe ‘’Le chasseur n’est jamais petit auprès du gibier qu’il a tué’’. Dicko avait donc raison de se faire entendre à travers cette démonstration de force pour avoir été trahi à son tour.
Nous espérons qu’IBK saura garder son téléphone à porter de main pour joindre désormais tous les acteurs de la démocratie malienne.
Badou S KOBA
Le Carréfour