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Coronavirus : pourquoi l’Afrique doit se préparer au pire

« L’Afrique devrait se réveiller, mon continent devrait se réveiller », a lancé le directeur général de l’OMS face à la progression du coronavirus. Par Le Point Afrique

 

L’Afrique en fait-elle vraiment assez pour endiguer la crise du coronavirus ? Faut-il craindre une aggravation de la situation alors que plus de trente pays sur cinquante-six ont déclaré des cas confirmés ? Visiblement, il semble que le continent africain doive encore accélérer s’il ne veut pas voir le pire se produire. Et ce sont les autorités sanitaires mondiales qui le disent. Dans un message très alarmiste, le patron de l’Organisation mondiale de la santé, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé mercredi 18 mars l’Afrique à « se réveiller » face à la menace du nouveau coronavirus, soulignant que le continent devait se préparer au « pire » alors que le coronavirus commence à se propager localement.

Un appel à se mobiliser

C’est le 11 mars dernier que l’OMS a qualifié l’épidémie du Covid-19 de « pandémie », poussant de nombreux pays à prendre des mesures exceptionnelles. « Tous les jours, l’OMS parle à des ministres de la Santé, à des chefs d’État, au personnel soignant, à des dirigeants hospitaliers et industriels […] afin de les aider à se préparer et à établir des priorités, en fonction de leur situation spécifique », a insisté le diplomate éthiopien lors d’une conférence de presse virtuelle. Il a expliqué que l’OMS recommandait toujours de dépister tous les cas suspects et de les isoler, soulignant que les mesures de « distanciation » sociale à elles seules, comme celles récemment prises par de nombreux pays européens, ne suffisent pas. « Les mesures d’éloignement physique – comme l’annulation de manifestations sportives, de concerts et d’autres grands rassemblements – peuvent contribuer à ralentir la transmission du virus, réduire la charge qui pèse sur le système de santé et contribuer à rendre les épidémies gérables […] mais pour contrôler et mettre fin aux épidémies, les pays doivent tester, isoler et suivre les contacts », a-t-il détaillé. « S’ils ne le font pas, les chaînes de transmission vont continuer » à exister et « resurgir une fois que les mesures d’éloignement physique seront levées », a-t-il averti.

Des gouvernements qui ne restent pas les bras croisés

Alors quid de l’Afrique ? Il faut souligner que la plupart des pays ont pris des mesures énergiques pour limiter les déplacements des habitants des pays touchés vers le continent africain. Et ce sans attendre un nombre élevé de cas. Ainsi une quinzaine de pays africains ont décidé la fermeture de l’ensemble de leur système éducatif. L’Ouganda, qui n’a aucun cas, a interdit les voyages dans les pays les plus touchés. Il a également suspendu les rassemblements religieux et restreint le nombre de personnes lors des mariages à dix personnes dans un pays connu pour les cérémonies de masse. Par ailleurs, les compétitions sportives, les manifestations culturelles et les rassemblements religieux sont également visés par des mesures de restriction, d’interdiction ou de report. Les autorités ont aussi mis en place un système de contrôle et de suivi de ceux venant de l’extérieur – et parfois même dès le mois de février, pour le Rwanda ou le Kenya, par exemple. C’est à se demander pourquoi l’OMS tire quand même la sonnette d’alarme.

Faire avec des réalités différentes

Pour comprendre, il faut plonger dans les chiffres qu’a donnés le patron de l’OMS : à ce jour, 600 cas de nouveau coronavirus ont été enregistrés dans toute l’Afrique, dont 16 décès (6 en Égypte, 6 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et désormais 1 au Burkina). Ce qui en fait la région la moins touchée par la pandémie mondiale qui a infecté plus de 200 000 personnes et tué plus de 8 000. Mais, voilà, selon lui les chiffres officiels ne reflètent probablement pas la réalité. « Nous avons probablement des cas non détectés ou des cas non signalés », a-t-il déclaré. Et même s’il n’y avait vraiment pas plus de 600 cas de malades dans toute l’Afrique, il a averti que ce nombre pourrait augmenter rapidement. En Afrique subsaharienne, l’Afrique du Sud (56 millions d’habitants), principale puissance économique avec le Nigeria, compte le plus grand nombre de cas (près de 120). Dans les transports en commun, bus, minibus et taxis collectifs, il s’avère impossible de respecter les consignes de sécurité (distance d’un mètre entre les personnes). Le ministre sud-africain de la Santé, Zweli Mkhize, a qualifié la situation d’« explosive », car quatorze des derniers cas étaient de transmission locale – et six concernaient des enfants de moins de 10 ans. En effet, la surpopulation des bidonvilles pourrait conduire à une transmission encore plus rapide, selon les experts. « Nous avons des travailleurs à faible revenu qui ne peuvent pas s’auto-isoler ou s’absenter du travail », a déclaré le Dr Atiya Mosam, expert en santé publique, qui s’inquiétait également de la grande population sans eau potable ni assainissement ou vulnérable à d’autres maladies. Le continent compte plusieurs des villes à forte croissance. « Dans d’autres pays, nous avons vu comment le virus accélère réellement après un certain point de basculement, donc le meilleur conseil pour l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer aujourd’hui », a-t-il déclaré. Réponses de nombreux experts africains : en matière de financement des actions de riposte, on sait que les pays africains ont peu de moyens. Selon eux, il faut une plus grande volonté politique pour que les efforts nécessaires puissent être pris en charge très rapidement dans les budgets nationaux.

Le Point.fr

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