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Coronavirus : Panne sèche pour des motos taxi !

Une centaine de motos taxi dans la cour de la direction générale de l’entreprise Teliman, à Sogoniko, sur la rive droite, dans la capitale malienne. Les engins sont immobilisés à cause de la maladie à coronavirus et des mesures pour y faire face.

 

Le ministre des Transports a sorti une directive, le 27 mars dernier, face à la menace de la pandémie du coronavirus, pour interdire les transports en moto de plus d’une personne, afin de limiter la propagation du virus au Mali.

Mercredi 15 avril 2020, à la direction de l’entreprise Teliman, spécialisée dans le transport des personnes en moto. Sous une fraîcheur à la faveur de la pluie qui s’est abattue sur la ville de Bamako, dans la nuit du mardi au mercredi. A l’entrée de la grande cour, nous nous prêtons au contrôle de sécurité de notre moyen de déplacement avant d’être soumis, nous-mêmes, au contrôle sanitaire qu’impose la maladie à coronavirus. Nous nous lavons les mains au savon, en utilisant le kit installé là.

Dans la cour, un constat : une centaine de motos taxi. Les engins à deux roues sont alignés avec chacun deux casques dont un accroché au guidon et l’autre à l’arrière. Les quelques rares conducteurs qui traînent à l’entrée des bureaux de la direction inspirent l’empathie des personnes sensibles. Les mines froissées, d’autres se tiennent la tête entre les deux mains. Les regards inexpressifs. Ils ont, d’ailleurs, de la peine à répondre à un simple bonjour même répété plusieurs fois. Quand nous nous sommes adressé à ces hommes et femmes, aucun d’eux n’a daigné lever la tête. Un silence qui en dit long sur l’ambiance des lieux. Sans réponse de leur part, nous décidons, quand même, de nous introduire dans les bureaux.

Dans la salle d’accueil, un jeune apparaît. Il se présente comme le responsable chargé de la mobilité. Ce jeune homme croyait à faire à un client venu pour demander une livraison.

PERTE DE CHIFFRE D’AFFAIRES – Ce n’est pas la grande forme chez la directrice. Elle nous rejoint dans le salon d’accueil, très nonchalamment. Pour cause, ses activités sont au pas de caméléon, en cette période de propagation de la maladie à coronavirus dans notre pays. Après les salamalecs moins chaleureux, elle se prête à nos questions. A peine, peut-on entendre sa voix.

A l’en croire, l’arrivée de la maladie à coronavirus dans notre pays a eu un impact dramatique sur ses activités. « Vous voyez dans la cour, il y a énormément de motos qui sont garées. D’habitude, toutes ces motos sont en ville pour transporter les gens ou faire des courses », indique-t-elle. Selon elle, la situation est très difficile à tenir.

« On a perdu à peu près 95% de notre chiffre d’affaire parce que notre activité est, principalement, basée sur le transport des personnes. On faisait aussi des courses et de la livraison mais ce n’était pas beaucoup », révèle la co-promotrice de cette société évoluant dans le transport urbain par deux roues.

« Nous avons voulu appliquer la directive ministérielle c’est pour cela que nos motos sont arrêtées ici. J’ai dit formellement à mes chauffeurs de ne plus transporter de passager», dit Hawa Traoré tout en déplorant ce qu’elle appelle « une injustice ». « On se sent vraiment lésé parce qu’on voit que les gens ne l’appliquent pas dans la ville, surtout nos concurrents qui sont dans l’informel. Et nos clients ne sont pas tout à fait d’accord avec ça. Ils sont en train d’aller dans l’informel pour être transporté parce qu’il est difficile de se déplacer au quotidien », dénonce-t-elle.

« On a l’impression d’être le seul à appliquer la mesure et le seul impacté par cette mesure. On comprend la décision, mais elle inflige un impact énorme sur nos salariés et nos chauffeurs qui sont nos collaborateurs », dit-elle.

Selon elle, il y a plus de 200 personnes dont des chefs de famille parmi ses employés et collaborateurs (chauffeurs). « Sans revenu, ils se demandent comment faire face aux charges de leurs familles, si l’Etat a pris cette mesure-là en contrepartie, a-t-il donné de l’argent pour les dépanner? », rapporte leur directrice qui ajoute que, pour l’instant, il n’y a pas eu d’aide de l’Etat.

Pis, elle se dit être contrainte de prendre des mesures drastiques. « On va mettre tout le monde soit à mi-temps soit au chômage technique et, en contrepartie, on n’a pas a payer leur rémunération. C’est très, très difficile pour moi en ce moment », confie-t-elle, visiblement abattue par cette situation de quasi arrêt des activités de son entreprise.

STRATEGIE DE SAUVETAGE – Cependant, notre interlocutrice envisage tout sauf s’asseoir et attendre la faillite ou cautionner le désastre. Elle a une autre stratégie pour ne pas tout perdre. Elle consiste à miser sur la livraison et les courses. Il s’agit, pour la patronne, de s’adapter à la réalité du terrain et de se lancer sur d’autres marchés. « On veut s’associer avec les commerçants, les restaurateurs de la capitale pour pouvoir livrer les gens qui restent chez eux, Ceux qui ne veulent pas se déplacer pour aller dans les marchés par exemple », explique-t-elle

Elle indique avoir lancé « depuis deux semaines, une campagne de livraison à bas coût». « Nous travaillons avec des grossistes qui veulent bien vendre leurs produits à la population à des prix accessibles. Il y a des denrées alimentaires comme la tomate, l’oignon, le poulet, par exemple, mais il y a aussi le gel hydro-alcoolique, le masque, entre autres », détaille-t-elle. D’après elle, cette initiative décolle petit à petit. Toutefois, elle reconnait que ce n’est pas suffisant pour occuper tous ses chauffeurs.

« Nous allons vers les restaurateurs, les commerçants qui veulent écouler leurs produits rapidement, dans ce contexte, et en sécurité. Même les services de l’Etat aussi, en cas de confinement, par exemple, ou de restriction plus difficile pour les familles, nous proposons notre collaboration », poursuit-elle. Cela pourrait prendre la forme du transport rapide du personnel soignant ou de la livraison à domicile ds denrées alimentaires de première nécessité. « C’est la solution qu’on est en train de planifier pour diminuer la perte actuellement », dit Hawa Traoré.

Enfin, la directrice d’entreprise dit compter sur l’aide des autorités qui, si elle est mise ne place « très rapidement » pourrait éviter le pire à ses employés. Elle demande, aussi, un décalage des charges patronales ou des impôts. « On a urgemment besoin de cette aide », conclut-elle.

OD/MD

(AMAP)

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