Des millions de musulmans à travers l’Afrique s’apprêtent à vivre un mois de jeûne particulièrement difficile en raison des mesures de confinement mises en place par les autorités pour stopper la propagation du coronavirus.
Le ramadan, mois de jeûne et de prières, débute sous le signe du confinement pour des centaines de millions de musulmans dans le monde. Cette année, ils seront privés de mosquées et de réjouissances familiales. Dans certains pays africains, la pilule a du mal à passer. C’est le cas au Niger où une partie de la population remet en cause la fermeture des mosquées. Certains n’hésitent pas à proclamer haut et fort qu’ils s’en remettent à Dieu pour le coronavirus. L’arrivée du ramadan fait craindre une nouvelle flambée de violences après les émeutes qui avaient secoué le pays contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives.
On n’a pas pu faire les prières les vendredis et on veut en plus nous empêcher les prières durant le mois béni du ramadan ? Ca ne va pas se passer comme ça !à l’AFP
Pour calmer la colère de la population, les autorités ont décidé d’assouplir le couvre-feu qui débutera plus tard le soir et s’arrêtera plus tôt le matin. Mais les rassemblements pour les prières collectives demeurent interdits.
La défiance est aussi de mise au Mali, où les mosquées restent ouvertes aux croyants malgré la pandémie du coronavirus. Mais les autorités ont demandé à la population d’éviter les rassemblements propices à la propagation du virus. Au Mali, comme ailleurs pendant le ramadan, les musulmans sont invités à l’abstenir de manger et de boire du lever au coucher du soleil. Le repas de rupture du jeûne (ftour) après le coucher du soleil est traditionnellement partagé au sein de la famille élargie ou entre amis. Ce ne sera pas le cas cette année pour cause de coronavirus.
Pas de place pour la fête, la convivialité et la promiscuité, rappelle l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle recommande aux autorités de remplacer les rassemblements sociaux et religieux par des solutions via les ondes ou virtuelles, à la télévision, à la radio, sur les plateformes numériques ou les médias sociaux. L’OMS encourage même les malades du Covid-19 à s’abstenir de faire le jeûne durant le ramadan 2020.
Si les personnes en bonne santé devraient pouvoir jeûner pendant ce ramadan, comme les années précédentes, les patients atteints du Covid-19 devraient envisager de ne pas le faire
L’agence onusienne appelle les Etats à “empêcher les gens de se masser dans les lieux associés aux activités du ramadan, notamment les lieux de divertissement, les marchés et les magasins.”
Des restrictions soutenues par les autorités religieuses
Dans la plupart des pays musulmans d’Afrique, les mosquées restent fermées et les rassemblements nocturnes interdits. Des mesures soutenues par les autorités religieuses. Dans un pays comme le Sénégal, qui compte 95% de musulmans, les lieux de culte resteront fermés malgré des appels répétés en faveur de leur réouverture. C’est aussi le cas en Côte d’Ivoire.
La foi doit nous aider. Nous continuons, en tant que responsables religieux, à sensibiliser nos fidèles sur les gestes qui sauventà la BBC
“Préserver d’abord la vie”
Au Maroc, les mesures de confinement obligatoire vont être renforcées avec un couvre-feu nocturne pendant le ramadan. A partir du 25 avril, il sera “formellement interdit aux citoyens de se déplacer hors de leur domicile ou sur la voie publique” entre 19h et 5h du matin, a annoncé le gouvernement dans un communiqué. Pendant le ramadan, les Marocains avaient l’habitude de sortir en foule dans les rues pour se rendre à la mosquée, prendre un café ou se promener. Le Conseil des Oulémas, l’institution religieuse officielle, a émis cette semaine une fatwa appelant à respecter strictement le ramadan “pour préserver la vie contre tous les périls”. Les mosquées resteront donc fermées à travers tout le royaume.