Il ne lui aura fallu que quelques heures pour faire volte-face. Donald Trump a finalement renoncé, samedi 28 mars, à placer en quarantaine les États de New York, du New Jersey et du Connecticut, après avoir évoqué cette possibilité plus tôt dans la journée.
Alors qu’il est très critiqué pour la lenteur de sa réaction vis-à-vis du coronavirus, le président des États-Unis a indiqué qu’il avait demandé au Centre de contrôle des maladies (CDC), autorité de santé nationale, de diffuser un avis « ferme » dissuadant les déplacements pour entrer ou sortir de ces États, sans pour autant fermer leurs frontières.
Marche arrière
« Le CDC demande instamment aux résidents de New York, du New Jersey et du Connecticut d’éviter tout voyage non essentiel (dans le pays) durant les 14 prochains jours avec effet immédiat », indique un court communiqué publié un peu plus tard samedi.
En faisant marche arrière, Donald Trump a refermé une parenthèse qu’il avait lui-même ouverte en milieu de journée, lorsqu’il avait évoqué la possibilité de placer en quarantaine l’État de New York, tout en restant évasif sur la portée exacte de cette mesure.
Les États-Unis, qui sont frappés de plein fouet par le Covid-19, compte désormais plus de 124 000 cas confirmés et 2 185 morts, dont 672 pour la seule ville de New York.
« Certains aimeraient que (l’État de) New York soit placé en quarantaine parce que c’est un point chaud », avait déclaré le président américain au moment de quitter la Maison Blanche.
L’État de New York est de loin le plus touché par le coronavirus aux Etats-Unis, avec 52 318 cas et 728 décès.
« New York, New Jersey, peut-être un ou deux autres endroits, certaines parties du Connecticut, j’y réfléchis », avait-il ajouté, alors que nombre de juristes s’interrogeaient sur la possibilité même pour le président américain d’imposer une telle mesure.
L’objectif ? « Limiter les déplacements », a-t-il répondu. « Ils ont des problèmes en Floride, beaucoup de New-Yorkais se déplacent vers le Sud. Nous ne voulons pas cela ».
« Une déclaration de guerre contre les États »
« Cela serait pour une courte période », avait-il encore dit, assurant qu’il entretenait un très bon dialogue avec le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo.
Ces annonces avaient suscité une vive émotion dans la région de New York, dont les dirigeants politiques avaient été pris par surprise.
Interrogé sur l’éventualité d’une fermeture des frontières de l’État décidée par Washington, le gouverneur Cuomo avait prévenu, sur CNN, qu’il s’agirait, selon lui, d’une décision « illégale », s’apparentant à « une déclaration de guerre contre les États » de l’Union.
« Je pense que ça paralyserait l’économie », a-t-il ajouté. « Cela provoquerait un choc pour les marchés d’une ampleur inédite. En tant que gouverneur, je ne fermerai pas mes frontières ».
Confusion et panique
Andrew Cuomo a rappelé que les États de New York, du New Jersey et du Connecticut avaient déjà mis à l’arrêt toutes les activités non essentielles et appelé la population à rester chez elle.
« Quand vous manquez de clarté, cela peut générer de la confusion, qui peut mener à la panique », avait regretté samedi le gouverneur du Connecticut, Ned Lamont.
Ce dernier a indiqué avoir demandé des éclaircissements à la Maison Blanche, qui lui a expliqué que tous les scénarios étaient sur la table, y compris un « lockdown », c’est-à-dire l’interdiction d’entrée et de sortie d’un État donné.
Tensions
Signe que l’atmosphère se tend peu à peu, des policiers locaux et des soldats de la garde nationale ont fait du porte-à-porte, samedi, dans le Rhode Island, pour prévenir les propriétaires de véhicules immatriculés à New York qu’ils devaient se confiner durant deux semaines après leur arrivée dans cet État côtier au nord du Connecticut.
L’auto-confinement pour les voyageurs venant de l’État de New York est désormais obligatoire légalement et peut valoir une amende en cas de non-respect.
« C’est une politique réactionnaire », a dénoncé Andrew Cuomo. « Et je ne pense pas que ce soit légal. »
Le gouverneur a menacé d’attaquer en justice le Rhode Island s’il ne revenait pas sur sa décision.
En Floride, le gouverneur Ron De Santis a annoncé des mesures similaires à celles prises dans le Rhode Island et des points de contrôle policier ont été installés à l’entrée de l’État au Nord.
Là encore, il ne s’agit, pour l’instant, que de rappeler aux New-Yorkais entrant sur le territoire floridien qu’ils doivent s’auto-confiner pour 14 jours, sous peine d’amende.
Source : AFP