Quatrième voyage de Kim Jong-un en Chine. La visite du chef du régime de Pyongyang doit s’étaler jusqu’au jeudi 10 janvier 2019, selon la radio centrale nord-coréenne. Un voyage – un peu – moins discret que d’habitude. Après avoir franchi la frontière chinoise de nuit, le train du leader nord-coréen est arrivé dans la matinée ce mardi à la gare de Pékin, où des journalistes l’attendaient. RFI y était.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
10h du matin, ce mardi 8 janvier dans la capitale de la République populaire de Chine. L’hymne « L’Orient est rouge », qui marque les heures à la gare centrale, vient à peine de s’éteindre dans les haut-parleurs, que surgissent une dizaine de berlines noires, suivies par une escouade de motos de la police.
Sur la passerelle piétonne qui mène aux parvis, ou positionnés aux fenêtres des petits hôtels environnants, les photographes des agences de presse et de nombreux confrères japonais et sud-coréens attendent en embuscade. Certains patientent depuis plusieurs heures dans le froid de ce début de mois de janvier.
Un peu plus à l’est, des téléobjectifs viennent de capturer l’image d’un train blindé en provenance de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord. C’est la quatrième visite de Kim Jong-un en Chine, mais c’est la première fois que la radiotélévision centrale nord-coréenne annonce le voyage avant même son arrivée à Pékin.
Peine perdue, Kim est inaccessible
« J’attends tranquillement le train de Kim Jong-un, explique ce confère de la télévision sud-coréenne CBS, qui était déjà sur le pont pour les trois précédentes visites de l’homme fort de Pyongyang. L’année dernière (voir vidéo ci-desous), j’ai attendu sur la place Tiananmen, puis j’ai été jusqu’au port de Dalian, et enfin à l’aéroport de Pékin. »
Avait-il réussi à le voir ? « Et non, impossible de le voir ! » Et cette année encore, les espoirs seront déçus : 11h, « L’Orient est rouge » revient dans les haut-parleurs, et les barrières se déploient. Les soldats demandent gentiment à la presse de reculer, la gare de Pékin et ses alentours se figent.
Puis les berlines noires et l’escorte motocycliste ressortent sur l’avenue Beijing Zhan Dong Jie, suivies par les bus de la délégation nord-coréenne. Pluie de commentaires sur les réseaux sociaux. Cette fois, on va pouvoir souhaiter au « troisième Kim », comme l’appellent certains, son anniversaire en direct, remarque Le Quotidien de la jeunesse de Pékin.
Est-ce un cadeau de Kim Jong-un ? Le dirigeant nord-coréen a en effet choisi sa date anniversaire pour répondre à l’invitation de Xi Jinping. Mais il vient en Chine populaire avant une éventuelle nouvelle rencontre avec Donald Trump à la fin du mois, comme le laissait entendre dimanche la Maison Blanche. Pour monnayer un soutien au grand frère chinois ?
Presque un pied de nez aux Américains
Par la suite, les images du cortège sur l’avenue de la gare de Pékin donnent presque l’impression d’une visite d’Etat comme les autres. Preuve supplémentaire que le régime de Pyongyang a beaucoup évolué dans sa communication ces derniers mois ; preuve aussi que Pékin garde la main sur son voisin et allié.
Visite au président chinois, avant de rencontrer le président américain ; c’était déjà le cas pour le sommet de Singapour au printemps dernier ! Selon le Global Times, Kim Jong-un pourrait ainsi profiter de ces deux jours à Pékin pour faire une annonce importante concernant la dénucléarisation de la péninsule.
La visite coïncide aussi, et ce n’est pas forcément le fait du hasard, avec le premier rounddes négociations économiques sino-américaines à Pékin. Le régime communiste chinois rappelle ainsi aux Etats-Unis que la carte nord-coréenne fait aussi partie de son jeu, dans le bras de fer commercial actuel.
RFI