L’Association malienne pour la protection des albinos (Ampa), en partenariat avec le programme Voice, a organisé le jeudi dernier une journée d’échange et de partage avec des journalistes, des bloggeurs et de slameurs sur la Convention internationale des droits des personnes handicapées.
L’objectif de cette journée, qui s’inscrit dans le cadre du projet Observatoire des droits des personnes atteintes d’albinisme, est de renforcer les compétences des journalistes, bloggeurs, slameurs et animateurs de radios pour qu’ils produisent des textes de slam en bambara, des articles et des émissions pour vulgariser la convention au niveau communautaire afin de favoriser l’inclusion des personnes handicapées.
La Convention internationale des droits des personnes handicapées a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 13 décembre 2006 et est entrée en vigueur le 3 mai 2008. L’objectif de cette Convention est de promouvoir, protéger et assurer la pleine et égale jouissance de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales par les personnes handicapées et de promouvoir le respect de leur dignité intrinsèque. Par personnes handicapées on entend des personnes qui présentent des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à leur pleine et effective participation à la société sur la base de l’égalité avec les autres.
Cette convention consiste en 50 articles, les articles du 1er au 30e sont consacrés à l’explication des termes : sur les langages et la communication, entre autres, le braille, les langues des signes, la communication améliorée et alternative, à base des supports écrits et les technologies de l’information et de la communication, sur l’accommodement raisonnable qui est une modification et un ajustement en vue d’assurer aux personnes handicapées la jouissance ou l’exercice de tous les droits de l’Homme sur la base de l’égalité avec les autres, sur la conception universelle et sur l’accessibilité, et également sur les droits des personnes handicapées en détail, entre autres, le principe d’égalité des chances, l’inclusion sociale, la protection spéciale pour les femmes et les filles handicapées qui subissent les multiples discriminations et l’obligations des Etats-parties.
Les principes de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées sont : le respect de la dignité intrinsèque, de l’autonomie individuelle, y compris la liberté de faire ses propres choix, et de l’indépendance des personnes ; la non-discrimination ; la participation et l’intégration pleines et effectives à la société ; le respect de la différence et l’acceptation des personnes handicapées comme faisant partie de la diversité humaine et de l’humanité ; l’égalité des chances ; l’accessibilité ; l’égalité entre les hommes et les femmes ; le respect du développement des capacités de l’enfant handicapé et le respect du droit des enfants handicapés à préserver leur identité. A la date du 23 juillet 2020, 163 pays sur 182 pays-parties ont signé la convention internationale sur les droits des personnes handicapées dont le Mali.
Dans le cadre de la mise en œuvre de la convention internationale, le Mali a adopté en 2018 une loi (027) relative aux droits des personnes vivant avec un handicap dont le décret d’application se fait toujours attendre. La loi 027 stipule dans son article 5 que « les personnes vivant avec un handicap bénéficient d’une protection particulière de l’Etat, des Collectivités territoriales, des familles et des autres personnes morales, publiques et privées. L’Etat assure la protection et la sécurité des personnes vivant avec un handicap dans les situations de risques, de conflits, de crises humanitaires et de catastrophes ».
Elle oblige le gouvernement du Mali à prendre des mesures de promotion et de protection des personnes vivant avec un handicap dans les domaines de la santé ; l’éducation ; la formation professionnelle ; l’emploi ; la participation à la vie politique et à la vie publique ; des sports, des loisirs, des arts de la culture et de la communication ; l’accessibilité et de la mobilité ; la protection et de l’assistance juridique.
Selon Mme Maïga Aminata Traoré, présidente de l’Association malienne pour la protection des albinos (Ampa) « souvent par ignorance certains pensent que nous sommes trop protégés ou que nous bénéficions de trop d’avantages. Nous voulons, que les hommes de média nous aident à informer les populations sur les droits des personnes handicapées. Car ils sont les mieux placés pour faire comprendre aux autorités maliennes, aux partenaires techniques et financiers et aux populations la nécessité pour nous de jouir de nos droits prévus par la convention internationale. Nous exhortons les autorités à prendre rapidement le décret d’application de la loi 027 pour faire bouger les lignes dans notre pays dans le cadre de la protection et de la promotion des personnes handicapées ».
La chargée de lien apprentissage et communication sur Voice à Oxfam-Mali, Sitan Coulibaly a insisté sur l’importance du rôle des hommes de média dans la vulgarisation de la convention internationale sur les droits des personnes handicapées. « A travers les activités que nous avons menées à Bamako et à l’intérieur du Mali, nous avons constaté que les gens n’ont pas une grande connaissance des droits des personnes handicapées. Les gens ont tendance à marginaliser et à stigmatiser les personnes handicapées avec des pensées négatives. Nous voulons qu’à travers cette journée, les hommes de média nous aident à dire au peuple malien et au monde entier qu’il n’y a pas de différence entre les personnes handicapées et celles qu’on appelle valides. Cette journée permettra aussi aux hommes de média d’utiliser la bonne terminologie par rapport aux personnes handicapées.
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