« Sur décision du Comité Directeur, le CNID FYT suspend sa participation à la Convention de la Majorité Présidentielle(CMP) ».C’est le message posté, sur les réseaux sociaux, par Me Mountaga Tall, le président du CNID FYT qui a été deux fois ministre sous IBK. Pourquoi une telle décision maintenant ? Me Mountaga Tall répond : « Par honnêteté et éthique. La CMP a été créée pour le mandat en cours qui tire vers sa fin. Aucun engagement n’a été pris pour un autre mandat. Il ne serait pas loyal d’attendre le dernier moment pour se retirer. Et d’envisager autre chose. »
Lors de la formation du gouvernement actuel, en fin décembre dernier, Mountaga Tall avait annoncé qu’à la suite de « consultations officielles », son parti et lui même ne participeront pas à l’attelage gouvernemental que dirige aujourd’hui Soumeylou Boubèye Maïga. Cette décision du CNID FYT et de son président a été interprétée par des observateurs comme étant les prémices d’un divorce entre le parti et la majorité présidentielle. Deux semaines plus tard, le 16 janvier 2018, le président du CNID FYT, lors de la présentation de ses meilleurs vœux à la presse, va se montrer particulièrement inquiet face à la situation sécuritaire du pays : « L’année 2017 a été caractérisée par le déplacement du centre de gravité des attaques terroristes du Nord vers le Centre du Mali, principalement dans les régions de Mopti et de Ségou, avec la recrudescence des attaques de convois civils et militaires, de postes de sécurité, de pose d’engins explosifs improvisés, des enlèvements et des assassinats. C’est ainsi que plus de 700 personnes dont nombreux civils ont été tuées au cours de l’année écoulée », a-t-il dit. Il a souhaité l’utilisation rationnelle des moyens et outils des lois de programmation militaire et de la sécurité combinée à des mesures de recrutement transparentes et d’une formation des hommes, qui selon lui, mettront un terme à la comptabilité macabre des maliens et des éléments des troupes des pays amis.
Implosion
Le départ du CNYD-FYT est un nouveau coup dur pour la majorité présidentielle à l’approche des élections présidentielles de 2018. Avant le CNYD-FYT, plusieurs partis avaient claqué la porte de la majorité présidentielle. En effet, à l’issue de son congrès tenu en novembre dernier à Mopti, le YELEMA, le parti de Moussa Mara, l’ancien Premier ministre du président IBK, s’est retiré de la majorité présidentielle. « La majorité présidentielle actuelle ne peut pas porter les aspirations au changement des Maliens… l’épisode malheureux de la tentative de la réforme constitutionnelle a confirmé que la majorité présidentielle n’a plus de substance, gère le quotidien au gré des humeurs du chef, défend sans conviction un dossier auquel elle n’est pas associée pour soutenir, ensuite son abandon quelques semaines plus tard », avait indiqué l’ancien Premier ministre.
Après trois ans de soutien au président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, le parti Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance (SADI) a aussi quitté le navire de la majorité présidentielle en octobre 2016. Selon les responsables du Sadi, deux raisons principales ont motivé leur départ de la mouvance présidentielle : l’inégalité des citoyens devant la justice et la mauvaise gestion de la crise du Nord par le pouvoir en place. Deux mois avant, en aout 2016, le tour de l’Alliance démocratique pour la paix (ADP/Maliba), un grand soutien du président de la République lors des élections présidentielles de 2013, avait claqué avec fracas la porte de la majorité présidentielle. L’honorable Amadou Thiam, le président du parti qui était à l’époque 1ervice président de l’Assemblée nationale, expliquait que «le retrait de l’ADP-Maliba de la majorité présidentielle traduit un sentiment général de déception des Maliens face à la tournure que prend la gestion actuelle du pays».
Madiassa Kaba Diakité
Source: Le Républicain