Le renouvellement du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) était annoncé sur fond de tension le 7 avril dernier. Mais il n’en a rien été. Cet apaisement est à mettre à l’actif des membres du bureau sortant qui ont administré une belle leçon de sagesse, de démocratie à leurs adversaires en dépassionnant les débats et en acceptant l’alternance en gentlemen, après deux mandats de 3 ans.
Alors tout est bien qui finit bien !
Avant de passer la main au bureau entrant du CNOM, le président sortant, Dr Lassana Fofana, son vice-président Dr Djedi Kaba Diakité et leurs collègues ont animé une dernière conférence de presse, vendredi dernier à la Maison de la presse. Il s’agissait pour eux de partager les résultats engrangés au cours des deux mandats, remercier leurs mandants mais aussi apporter leur encouragement à ceux qui auront, désormais en charge la gestion de l’organe de régulation de l’exercice de la médecine dans notre pays.
Il faut souligner que le bureau sortant a apporté une dynamique nouvelle à l’Ordre des médecins, en faisant du dialogue son credo. Le bilan est plus que parlant. Une des missions de l’Ordre des médecins est de servir d’interface entre pouvoirs publics et médecins. Dans ce domaine, l’équipe sortante a apporté un réel plus en rencontrant plusieurs institutions de la République, y compris le gouvernement, l’Assemblée nationale, le Haut conseil des collectivités et autres.
Le président sortant a aussi expliqué le rôle primordial joué par son organe dans l’élaboration du Code de déontologie harmonisé de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS).
Le bureau sortant peut aussi se targuer d’avoir organisé et réussi les Etats généraux de la médecine avec plus de 500 participants. A ce propos, le chalenge n’était vraiment pas facile à relever. Le conférencier a expliqué que les recommandations de cette rencontre ont débouché sur une feuille de route pour l’Ordre des médecins, assortie d’un plan opérationnel qui a été exécuté entièrement.
Pour coller à l’air du temps, le bureau sortant a aussi initié et obtenu la relecture des textes régissant les ordres professionnels de la santé. Ces textes ont été remis au goût du jour en prenant en compte les spécificités et les réalités de la profession. Un autre acquis important pour l’Ordre des médecins est la création de deux nouveaux ordres professionnels, notamment ceux des chirurgiens dentistes et des infirmiers et infirmières. Ils s’‘ajoutent aux ordres des médecins, sages-femmes et à celui des pharmaciens.
Le conférencier a également évoqué la création de l’inter-ordre regroupant les médecins, pharmaciens et sages femmes pour faciliter le dialogue et la collaboration entre les organes de régulation.
Par ailleurs, il ressort des commentaires de Lassana Fofana que son bureau a aussi institutionnalisé la semaine du médecine qui se tient en fin ou en début d’année. Au cours de cet événement des distinctions et des diplômes de reconnaissance ont été donnés aux plus méritants et à la vieille garde de praticiens qui a balisé le terrain pour les générations actuelles. La semaine du médecin s’impose, désormais dans l’agenda des professionnels de la santé.
La revalorisation des ressources humaines intègre les priorités de l’Ordre des médecins. Sur ce plan, le bureau sortant organisait au moins 4 enseignements postuniversitaires (EPU) par an sur des thématiques de brulante actualité, notamment la politique sanitaire, les directives de l’OOAS et de l’OMS, la responsabilité médicale, le respect du serment d’Hippocrate, le médecin face à la justice, l’Assurance maladie obligatoire et les pathologies courantes.
En outre, au moment où les deux tiers de notre pays étaient occupés par des bandes armées et autres djihadistes, l’Ordre des médecins a mobilisé près de 750 médecins, sages-femmes et infirmiers pour participer à des missions humanitaires dans le Septentrion et apporté des soins à ceux qui en avaient urgemment besoin. Il y a eu aussi des consultations gratuites, la prise en charge des blessés en terme de chirurgie. La requête du bureau sortant de disposer d’un siège pour réunir les ordres professionnels a été satisfaite par le département de la Santé et de l’Hygiène publique avec l’octroi d’un bâtiment de R+3 pour tous les ordres. Il reste à l’équiper pour offrir les commodités de travail aux organes de régulation des professions médicales. A cet effet, Lassana Fofana a remercié même le ministre en charge de la Santé, le Pr Samba Ousmane Sow pour sa sollicitude.
Sur la question du dossier médical des patients, le conférencier a apporté des réponses apaisées. Mais le Dr Djedi Kaba Diakité donnera des détails plus précis avec des innovations en vue. Des jeunes informaticiens s’emploient à mettre en place une carte magnétique qu’on peut lire avec des téléphones intelligents de 4 ou 3 G et sur laquelle on mentionne toutes les informations sur les antécédents pathologiques du malade, les traitements administrés et autres informations utiles.
La question du chômage des médecins a été également remise sur le tapis. Le président sortant a déploré le phénomène mais a reconnu toutes les difficultés pour l’Etat d’absorber la cohorte de praticiens qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi. Selon lui, bon an, mal an, 400 médecins sortent de la Faculté de médecine et d’odontostomatologie, en plus de ceux qui sont formés à l’extérieur. Il a rappelé la nécessité d’aller à la médicalisation des structures de base de la pyramide sanitaire pour absorber un peu le flot.
Bréhima DOUMBIA
Essor
