Il n’était plus un secret pour la majorité des Maliens que les entreprises souffrent. Même le citoyen lambda, qui n’a rien à voir avec ce secteur, chacun se plaint à son niveau à cause de l’argent qui se raréfie, le boutiquier du coin ou la vendeuse de condiments ou de galettes au marché se plaignent de la mévente par manque d’une clientèle assidue.
Le véritable cri d’alerte est venu du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), la semaine dernière. C’était au cours d’une visite du ministre de l’Investissement privé, des Petites et moyennes entreprises et de l’Entreprenariat national, Mme Safia Bolly, au siège des créateurs d’emplois et de richesses du pays. Ces derniers ont entretenu l’hôte du jour du marasme économique et des difficultés que frappent de plein fouet les entreprises nationales. Conséquences : beaucoup sont en train de fermer boutique ou migrent tout simplement vers d’autres horizons plus cléments. Le dernier cas en date est d’ailleurs celui de la Bicim-Mali, une filiale d’une grande banque française. L’un des vice-présidents du CNPM et ancien PDG de la BNDA et président de l’Association professionnelle des Banques et établissements financiers du Mali (Apbef), Moussa Alassane Diallo, a évoqué cette lancinante question.
En cause, l’insécurité mais aussi d’autres facteurs conjoncturels comme le taux exorbitants des emprunts bancaires jugés comme l’un des plus élevés dans la sous-région, la crise de l’énergie et son coût prohibitif, le non paiement de la dette intérieure ajoutée à la pression fiscale, aux agios des banques, l’insécurité judiciaire, la corruption, entre autres.
Beaucoup d’opérateurs économiques maliens disent tirer le diable par la queue, à ses jours. En de la situation de la banque décrite plus haut, plusieurs autres entreprises, des PME-PMI ont mis la clé sous le paillasson. Parmi elles, il y a des alimentations, boulangeries ou sociétés de négoce, de distribution. Cette situation prévaut malgré les énormes sacrifices et ouvertures consentis par le gouvernement, en direction du secteur privé, de l’entrepreneuriat pour inciter à l’investissement privé, seul créateur de richesses.
Si la situation perdure, l’Etat risque même d’avoir des difficultés de trésoreries sans précédent, car si ceux qui renflouent les caisses du trésor public par leurs impôts et autres taxes, il va sans dire que cela aura des répercussions incalculables sur les fonds de l’Etat. Les salaires, la construction des routes, des infrastructures sanitaires, des écoles et autres, bénéficient aujourd’hui de la participation financière de l’Etat.
Il y a aussi le coup social de cette calamité économique. En plus du manque à gagner pour l’Etat, les énormes pertes d’emplois vont débaucher sur d’autres crises sociales difficilement gérables.
Abdrahamane Dicko