Samedi dans l’après-midi une tendance du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) conduite par Oumar A Touré a animé une conférence de presse à la Maison de la Presse pour réitérer leur soutien à la Transition. Et dénoncer ce qu’elle appelle : « les manœuvres déployées par l’actuel Premier ministre et Président du Comité stratégique du M5-RFP , Choguel Kokalla Maiga pour diviser les membres du mouvement et les mettre à sa guise ». Du coup, dans une déclaration, ils affirment n’avoir : «pas le sentiment que le Malikoura auquel aspirent les Maliens est en train de démarrer ».
Tout le monde savait que le M5 RFP était un mouvement hétéroclite pouvant voler en éclats. Mais la surprise est venue du fait que cela ne s’est pas réalisé qu’au moment où ses membres ont atteint leur objectif (la chute du régime d’IBK et la participation à la gestion des affaires).
En effet, depuis un certain déjà, rien ne va plus au sein du M5-RFP. S’ils sont restés unis jusqu’à la chute du régime démocratique d’IBK, puis lors de la première phase de la transition, cependant à la seconde phase dite la Rectification de la trajectoire de la Transition, des conflits internes ont éclaté. Certains n’hésitent même pas à tirer à boulets rouges sur le Président du Comité stratégique, actuel Premier ministre sur les médias. La maxime « la lutte nous unit et le pouvoir nous divise » s’est vérifiée.
Ces membres du Comité stratégique avec à leur tête Oumar A Touré affirment être forcés à la démission et suspendus le 7 avril passé par le clan du Premier ministre, qui tient le gouvernail de ce mouvement actuellement. Mécontents, ils considèrent leur suspension comme nulle et sans effet, car ne reposant pas sur aucun fondement juridique.
Dans une déclaration de ce clan du M5-RFP lue par Daba Diallo samedi à la Maison de la Presse, il est dit que depuis plusieurs mois, ils constatent des dysfonctionnements au sein du Comité stratégique du M5-RFP, qui s’aggravent de jour en jour.
« L’atmosphère n’est plus le même depuis que la Primature a été donnée au M5 », a-t-il dit. Pour lui, ces problèmes sont dus entre autres aux injures des ainés, les absences répétées des membres (dont les ministres) aux réunions, remise en cause des décisions du Comité stratégique par son président, refus de retirer la plainte du M5 contre le CNT, refus de tenir compte de l’avis des entités lors des prises de décision, refus de débattre sur les différentes correspondances envoyées (les correspondances des 5 signataires, de EMK, des jeunes, des femmes, de la coordination des associations etc.). À l’en croire, le Premier ministre, Choguel Kokalla Maiga a toujours mis en cause toute décision qui ne va pas dans son sens. Ce faisant l’avis des entités est totalement ignoré, or dit-il, c’est le consensus entre les entités qui était recherché aux termes des débats. « Cela est un manquement grave au bon fonctionnement du Comité stratégique, car personne n’y participe en son propre nom », a-t-il indiqué. Il a rappelé que le combat du M5-RFP concerne toutes les Maliennes et les Maliens sans aucune exclusion. Pour ce faire, dit-il, il était question que toutes les forces vives de la nation soient impliquées dans le processus de la refondation. Mais malheureusement il dit ceci dans sa déclaration : « nous n’avons pas été écoutés à l’interne. Le M5 du Choguel Kokalla Maiga en a décidé autrement en optant à gérer le pays comme s’il était encore dans l’opposition ». Selon lui, leurs différentes démarches de rassemblement auprès de plusieurs personnalités du CS /M5-RFP sont restées vaines et le clan du Président du Comité stratégique a refusé de faire les débats sur les différents points cités et certains les ont même traités d’ennemis de Choguel Kokalla Maiga et de gens financés par la France et la CEDEAO. Et de dire que c’est à partir de là qu’ils ont compris qu’il y a une volonté affichée de réduire le Comité stratégique en caisse de résonnance au service du Premier ministre afin de faciliter la transformation du mouvement à un mouvement à sa solde. Et pourtant, dit –il, les objectifs du M5-RFP étaient d’accompagner les Forces Armées Maliennes (FAMa) dans leur mission régalienne de sécurisation du territoire, rompre avec les anciennes pratiques de gouvernance, poser les bases de la Refondation de l’Etat et organiser les élections libres, crédibles et transparentes. « Malheureusement, nous n’avons pas le sentiment que le Malikoura auquel aspirent les Maliens est en train de démarrer », a-t-il déclaré. Et de dire qu’ils ne reconnaissent plus le Comité stratégique du M5-RFP dans son fonctionnement actuel même s’ils restent profondément attachés et fidèles à la vision du M5, à l’idéal du Malikoura pour lequel le peuple s’est battu au prix de son sang. « Nous ne permettrons à personne de s’approprier du M5 pour en faire un instrument personnel », a-t-il donné en guise d’avertissement.
Adama Tounkara
Source: Le Sursaut