Le jeudi19 mai, le ministre de l’Economie et des Finances, Afousseiny Sanou a défendu avec succès devant le CNT (Conseil National de la Transition), le nouveau code des douanes du Mali. Il est le cadre légal et règlementaire de l’Administration des douanes. Avec ses quatre cent soixante-deux (462) articles repartis en quinze (15) titres, ce nouveau code des douanes prend en compte les évolutions intervenues en matière de simplification des procédures et de facilitation des échanges, aussi bien sur le plan national, sous régional qu’international. Toute chose qui facilitera la mise en œuvre des 22 réformes programmées par le DG Amadou Konaté des douanes du Mali.
Avant le vote du jeudi 19 du CNT, le code des Douanes qui était en vigueur (loi 01-75 du 18 juillet 2001) était le deuxième code adopté par notre pays depuis l’indépendance, après celui du 31 mai 1963 (loi n°63-43/AN-RM). L’histoire retiendra que c’est sous la transition avec comme Directeur Général des Douanes, l’Inspecteur Général Amadou Konaté, que les douanes maliennes vont se doter d’un nouveau code. Toute évidence qui permettra à l’Administration des Douanes maliennes, d’accélérer la mise en œuvre des réformes dédiées à l’amélioration de son efficacité. Et ce, à travers la modernisation de ses procédures impliquant une nécessaire adaptation de son organisation aux nouvelles méthodes de travail et défis sécuritaires.
En effet, comme indiquer par le ministre de l’Economie et des Finances devant le CNT, la mise en œuvre de ce code permettra au Mali de mettre en cohérence les dispositions de son code des Douanes avec celles de l’UEMOA. Notre organisation communautaire économique qui s’est dotée d’un code des Douanes, objet du Règlement n°09/2001/CM/UEMOA du 20 novembre 2001.
Les Douanes maliennes désormais au diapason des autres douanes du monde
En plus de la mise en cohérence avec les dispositions de l’UEMOA en la matière, ce nouveau code permettra au Mali de prendre en charge des mesures de simplification et de facilitation découlant de la Convention de Kyoto révisée. Qui est relative aux principes généraux, aux formalités de dédouanement, aux droits et taxes, à la garantie, au contrôle douanier, à l’utilisation des TIC, aux relations douane tiers, aux renseignements, aux décisions communiquées par la Douane, entre autres. De même que celles (mesures) de simplification et de facilitation découlant de l‘Accord sur la Facilitation des Echanges. Notamment celles liées au Statut d’opérateur économique, au recours et réexamen en matière douanière, à la transparence, aux redevances et formalités, la liberté de transit, et la coopération douanière ainsi que la création du Centre d’Expertise Technique (CET).
L’adoption de ce code permettra d’harmoniser ses dispositions relatives aux procédures de poursuite par voie de contrainte avec celles de l’OHADA portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution. De même que les dispositions de l’Accord de Bangui sur la propriété intellectuelle.
Sur un tout autre plan, ce nouveau code des Douanes prend en charge tous les engagements du Gouvernement du Mali dans le cadre de la ratification des différentes conventions relatives à l’environnement.
Cette relecture du code des Douanes du Mali va aussi permettre de définir la notion de marchandises fortement taxées, à l’importation, avec la catégorisation des produits dans le tarif qui retient le taux du droit de douane comme référence au lieu de l’ensemble des droits et taxes exigibles.
Ce nouveau code fait la proposition de nouveaux régimes douaniers économiques pour encourager les exportations : l’exportation préalable et le drawback (remboursement des droits de douane payés à l’entrée de matières premières, lorsque les produits manufacturés qu’elles ont servi à fabriquer sont exportés).
Un code qui renforcera la marge de manœuvre des Douanes
Sur le plan interne, ce nouveau code aura des avantages pour l’administration des Douanes et les agents dans l’exécution correcte de leurs missions.
Ainsi, il permettra l’extension des domaines de l’Administration des Douanes à communiquer les informations qu’elle détient aux autres administrations publiques, sans aucune violation du secret professionnel. Il consacrera aussi le renforcement des pouvoirs des agents des Douanes notamment le droit d’accès aux locaux à usage professionnel, aux moyens de transport à usage professionnel et à leur chargement. De même que le droit de saisir les biens et avoirs provenant directement ou indirectement des infractions douanières dans les cas des visites domiciliaires. S’y ajoute le droit de retenue des marchandises soupçonnées être contrefaisantes. Et le droit de recourir à toute personne qualifiée pour effectuer des expertises techniques nécessaires à l’accomplissement de leurs missions, ainsi que le droit de retenu provisoire des personnes qui font l’objet d’un signalement ou qui sont détentrices d’un objet signalé.
Toujours concernant les agents, ce nouveau code va les inviter au respect strict du Code de déontologie et d’éthique. Il édicte aussi une base légale à l’exonération de droits et taxes sur l’importation de leur véhicule à usage personnel.
En matière de procédures spéciales d’enquête, il prévoit des dispositions afin de constater certains délits douaniers. Sans oublier la sécurisation des contrôles et des enquêtes douanières en garantissant que : « les documents, pièces ou informations que les agents des Douanes utilisent ne peuvent être écartés au seul motif de leur origine ».
Comme autre innovation, ce nouveau code va permettre aux Douanes, la reconduite, dans l’énumération des biens pouvant être importés en franchises des droits et taxes, de tous les biens objets des titres de chapitre de l’Arrêté n°08-3043/MEF-SG du 29 octobre 2008, portant sur certaines importations exceptionnelles de biens admis en franchise afin d’assurer une base légale à ces franchises. Il ajoute sur la liste des biens pouvant être importés en franchise des droits et taxes, des médicaments essentiels, des réactifs, des produits à usage odonto-stomatologique, des produits et matériels de diagnostic et de soins bénéficiant de l’exonération au cordon douanier.
Au profit des opérateurs économiques, ce nouveau code des Douanes prévoit la réparation des préjudices subis, dans les cas où les saisies effectuées par la douane sont reconnues non fondées. Dans le même chapitre, il dégage une nouvelle classe de délits pour réprimer les manœuvres frauduleuses relatives au système informatique douanier.
Pour mieux faire face aux défis actuels, ce code a pris en compte des mesures spécifiques instituées par la Loi 01-078/ du 18 juillet 2001, portant sur le contrôle des drogues et précurseurs, modifiée par l’Ordonnance 2013-012/P-RM du 2 septembre 2013.
En somme, avec ses quatre cent soixante-deux (462) articles repartis en quinze (15) titres, ce Code des Douanes, permettra à coup sûr à l’équipe dirigeante de l’Administration des Douanes du Mali d’amorcer dans un environnement favorable les réformes annoncées depuis l’arrivée du DG Konaté aux affaires en septembre 2021.
Pour ce faire, elle doit faire de la communication son cheval de bataille, car l’application de ce code touche à la fois aux intérêts de l’Etat, à ceux des opérateurs économiques et à ceux de toutes autres usagers de l’Administration des Douanes.
Moustapha Diawara
Source: Le Sursaut