Sur initiative conjointe de la CAD-Mali (Coalition des alternatives africaines contre la dette) et ses collaborateurs, notamment la CMAT (Coalition malienne contre l’accaparement des terres) une rencontre d’échanges avec les élus nationaux sur la problématique des conflits fonciers de Sanamadougou, Saou (cercle de Ségou) et celle des communes rurales de N’goa et Djéguéna (cercle de San) a eu lieu mardi dernier au Musée national du Mali.
Le Mali, comme nombreux autres pays de la région de l’Afrique de l’Ouest, est confronté à une faible gouvernance foncière et au non-respect des droits humains et coutumiers. La gestion du foncier est devenue une question cruciale au cours de cette dernière décennie. La terre, tant au niveau urbain et périurbain, qu’au niveau rura,l est devenue une denrée convoitée par de nombreux acteurs. En milieu rural, la situation est marquée par les spoliations éhontées, les accaparements des terres et des ressources naturelles, la destruction des champs et souvent des habitations. Les droits fondamentaux, notamment humains, fonciers, environnementaux, alimentaires ne sont pas respectés. Cette situation est difficilement ressentie par les femmes et les jeunes. Ces abus restent la plupart du temps impunis car, d’une part, l’Etat de droit a du mal à exister et, d’autre part, les textes législatifs sur le foncier sont flous, inappliqués voire contradictoires.
La tension monte chaque jour sur le terrain ! La CAD-Mali et ses collaborateurs, notamment la CMAT ne cessent de tirer la sonnette d’alarme pour préserver la cohésion sociale à travers des propositions positives.
Malgré les multiples actions engagées par la CMAT et la CAD-Mali notamment les trois éditions du ‘’Village des Sans Terre’’, les missions conjointes organisées et les rencontres auprès des autorités de Ségou et de San aussi bien qu’avec les populations victimes , les recommandations formulées et les engagements pris par les autorités n’ont pas permis de mettre les populations victimes dans leurs droits dans les localités de Sanamadougou et Saou du cercle de Ségou ni dans les Communes de N’goa et Djéguéna dans le cercle de San. C’est pourquoi la CAD-Mali en collaboration avec la CMAT, ont organisé une rencontre d’échanges le mardi 20 septembre 2016 au Musée National avec les députés Soumano Souleymane, Oumar Mariko, Idrissa Sankaré, Baferemé Sangaré et les membres d’autres institutions de la République. Cet échange avec les députés sur la situation actuelle de ces zones de conflit avait pour objectif d’amener ceux-ci à entreprendre des actions concrètes pour leur résolution définitive.
Au cours de cette rencontre, les populations victimes des zones de Sanamadougou, Saou et ceux des communes de Djéguena et N’goa ont évoqué les préjudices qu’ils subissent avant d’interpeller les élus nationaux sur leur situation actuelle.
« Il faudra que le gouvernement malien prenne ses responsabilités sinon nous, populations de Sibila, allons prendre toute nos responsabilités en interdisant Modibo GDCM de la zone, qui a accaparé de nos terres avec la complicité des responsables locaux », a déclaré le représentant du village de Sibila en zone Office du Niger, M Bengue Tounkara. Il ajoutera que, la saison prochaine, Modibo GDCM ne cultivera même pas un cm2 sur les terres. « Et, s’il insiste, nous allons faire une guerre civile à cause de lui. Nous prenons en témoins vous les députés ici présents », a-t-il lancé.
Dans un contexte politique très difficile à cause du problème du Nord, la situation foncière semble souvent plus ou moins oubliée au Mali. La mort, les harcèlements, les abus de pouvoir, la corruption, les emprisonnements arbitraires ou injustes de ceux qui défendent leurs droits, leurs lieux de vie et de travail ne peuvent pas continuellement rester impunis.
Affaire à Suivre
Bokoum Abdoul Momini
Source: Le SURSAUT