L’équipe de Afrobarometre Mali, conduite par le Groupe de Recherche en Economie Appliquée et Théorique (GREAT), a mené une enquête entre le 16 mars et le 3 avril 2020 auprès de 1 200 adultes maliens à travers le pays. L’enquête a porté sur plusieurs sujets de l’actualité. GREAT a organisé, hier lundi 24 août, un atelier de dissémination portant sur une partie des résultats de ladite enquête, à son siège sis à Kalaban Coura ACI, sous la présidence du directeur exécutif de GREAT, le Pr Massa COULIBALY. Les résultats de l’enquête ont été présentés par Boubacar BOUGOUDOGO.
Les résultats de l’enquête font ressortir que les Maliens font plus confiance aux leaders traditionnels et religieux au Président de la République et aux institutions étatiques, à l’exception des forces de défense. Au moment de l’enquête, moins de la moitié des Maliens faisait « partiellement » ou « beaucoup » confiance au Président Ibrahim Boubacar KEITA.
L’on note que l’absence de confiance envers le Président est plus accentuée dans les régions affectées par l’insécurité. Aussi, peu de Maliens font confiance à la coalition de partis au pouvoir, les partis de l’opposition, l’Assemblée Nationale, et les cours et tribunaux dont la Cour Constitutionnelle est l’une des institutions les plus controversées. Mais la plupart des citoyens expriment leur confiance envers l’armée.
Dans le contexte politique actuel, surtout la grave crise sociopolitique marquée par les grandes manifestations du M5-RFP les données de Afrobarometre s’invitent dans les débats.
Plus de Maliens font « partiellement » ou « beaucoup » confiance envers les chefs traditionnels (83%), les forces de défense (82%), et les leaders religieux (82%) qu’au Président de la République (47%) et à d’autres institutions étatiques.
Quel que soit le genre, l’âge, ou le niveau d’étude des citoyens, moins de la moitié des enquêtés a confiance au Président de la République à l’exception des personnes sans éducation formelle (51%).
Par région, les pires scores de confiance au Président de la République sont enregistrés à Gao-Kidal (23%) Mopti (28%) Tombouctou (41%), Bamako (45%), et Kayes (45%). On note ainsi que les régions de conflit et d’insécurité, au nord et au centre du pays, sont les plus critiques envers le Président de la République.
A travers cette enquête, l’on se rend compte que la confiance envers la plupart des institutions de la vie démocratique avec ses pouvoirs exécutifs, législatifs, et judiciaires, a connu des baisses importantes entre 2004 et 2020, passant respectivement pour le Président de la République de 81% à 47%, l’Assemblée Nationale de 70% à 37%, et les cours et tribunaux de 55% à 36%.
Un autre constat est que les partis politiques, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, perdent la confiance des citoyens dans les mêmes périodes de 2004-2012 et de 2014-2020. Ce qui jette un discrédit sur la politique telle que pratiquée par les politiciens maliens.
Par exemple, entre 2014 et 2020, la confiance pour le parti au pouvoir est passée de 59% à 38% et pour les partis de l’opposition de 43% à 36%.
Soulignons qu’Afrobarometre est un réseau panafricain et non partisan de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, la gouvernance, et la qualité de vie.
PAR MODIBO KONE
Source : INFO-MATIN