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Conférence publique de la PCC sur la corruption: «On combat un système qui est instauré au Mali depuis les évènements de 1991», Mamadou Sinsy Coulibaly

Les troupes de guerre de Mamadou Sinsy Coulibaly et alliés contre la corruption sont loin de désarmer. Contrairement à ce qu’avaient voulu faire croire de fausses informations ayant inondé les canaux de presse à la sortie d’une mission du RECOTRADE au siège du Conseil national du patronat du Mali (CNMP), la semaine dernière. C’est du moins ce qu’on constate à travers les propos tenus par le patron des patrons du Mali, Mamadou Sinsy Coulibaly, lors d’une conférence publique organisée, hier jeudi, au siège du CNPM, par la plateforme de la lutte contre la corruption et le chômage au Mali (PCC).

La grande salle de conférences du Conseil National du Patronat du Mali, sis à la cité des affaires, Hamdallaye ACI 2000, était pleine à craquer hier jeudi. Opérateurs économiques, journalistes, citoyens ; bref, des participants venus de tous les secteurs socioprofessionnels étaient au rendez-vous pour suivre cette seconde conférence sur la corruption dont l’écho de la première fait encore la UNE de l’actualité. Car, le dévoilement du nom du «Fonctionnaire le plus corrompu» commencé par le Président d’une si grande institution comme la Cour Suprême ne pouvait passer sur oreille. L’affaire est à la justice, mais, faut-il la dire onctueuse. Les choses n’évoluent pratiquement pas dans les règles de l’art, selon le conférencier principal, Pr Clément Dembélé. «Mamadou Sinsy Coulibaly ne pouvait pas avancer les choses comme ça tant qu’il n’avait pas la preuve. J’avais dit à Mamadou Sinsy Coulibaly au moment où il constituait sa déclaration de ne pas donner de preuves tant que la plainte n’est pas déposée pour diffamation. On est tous Maliens et on a grandi ici ; on sait comment les choses se passent. On s’attendait pas à ‘’Outrage à Magistrat‘’ qui est un autre volet qui n’a rien avoir avec le font du débat, mais plutôt à une diffamation. Mamadou Sinsy Coulibaly n’a pas été convoqué pour apporter la preuve, mais il a été convoqué par ce qu’il y a ‘’outrage à Magistrat ‘’. Il y a toute une différence substantielle qu’il faut trouver là. Il n’allait pas au Tribunal de la Commune IV pour donner la preuve ; on l’appelait pour lui dire : voilà l’enregistrement que nous avons, vous avez insulté le Magistrat. Vous avez dit des propos qu’on ne doit pas dire à l’égard d’un magistrat». Alors que l’on attendait après la déclaration qu’il ait ‘’diffamation’’», a-t-il expliqué à l’assistance avant de préciser que : «S’il donnait les preuves au moment de la déclaration, il y avait tout le temps pour falsifier les données et sortir après pour dire ‘’il a menti sur ça‘’. C’est pourquoi nous avons demandé que l’autre déclare tous ses biens. La plateforme a demandé à Monsieur Nouhoum Tapily de déclarer tous ses biens et de les justifier. Et je pense qu’en tant que Président de la Cour Suprême c’est la chose la plus facile », ajouta-t-il. Aux dires du Conférencier principal, Pr Clément Dembélé, le Président de la Cour Suprême doit plutôt démissionner afin de permettre à la Justice de faire son travail. «On n’a vu au Nigeria dans la même foulée où nous étions en train de dénoncer cela, là-bas il y a eu le même fait; le Président de la Cour Suprême du Nigeria a démissionné. Il s’est mis à la disposition de la Justice. Mais ici, on ne démissionne pas et on porte plainte pour outrage à Magistrat. Je pense que le débat doit aller dans ce sens pour que la vérité soit dite », a-t-il signalé avant d’annoncer que la plateforme de la lutte contre la corruption est en train de constituer des dossiers pour porter des plaintes collectives au niveau des tribunaux. Et ces plaintes collectives, selon lui, nous permettront désormais de poursuivre tout acte de corruption avérée. «Nous allons, désormais, introduire un acte au Mali qui sera la première fois des plaintes collectives à l’égard des personnes qui vont porter atteinte aux biens collectifs».

Le combat ne fait que commencer
«La lutte contre la corruption n’a même pas démarré au Mali». C’est en ces termes que le Président du CNPM a levé le suspens par rapport à sa position après l’intervention médiatisée du RECOTRADE dont beaucoup avaient qualifié de frein l’aventure. «On est en train de chercher, de voir quelle voie il faut saisir pour lutter contre la corruption. La corruption est versatile, multiforme et ça change à tout moment. Et, ce combat, nous devrons le mener. On doit le donner en héritage aux Générations futures parce que nous on ne va pas finir, mais on va faire le plus grand du travail pour permettre aux Générations futures de ne pas être sacrifiées comme nous. C’est mon combat de tous les jours. C’est un combat de la vie. Et si je ne combats pas, la jeunesse malienne n’aura pas d’avenir. Il faudrait que vous compreniez cela », a-t-il clarifié avant de témoigner plus tard que plus qu’un frein à l’épanouissement collectif, la corruption risque de faire disparaitre 83% des entreprises d’ici à 2025. «C’est cette même corruption qui va permettre l’avancée du djihadisme dans notre pays. Mon avenir se trouve dans ma tombe et je ne vais pas arrêter. Il faut qu’on arrive à faire ce combat pour sauvegarder nos entreprises. Sans les entreprises, il n’y a pas de développement économique ; sans les entreprises, l’État malien n’aura pas les moyens d’investir dans le pays, de pouvoir lutter contre l’exclusion, contre l’injustice et contre l’inégalité. Ensemble, il faut que nous instaurions la mobilité sociale. Et cette mobilité sociale n’est rien d’autre que le développement économique, le développement individuel ».
Parlant de la médiation du RECOTRAD, l’influent opérateur économique dira que cela ne constituera pas un quelconque frein à la croisade déclenchée. « Il y a un certain moment, j’ai reçu beaucoup de messages pour dire que je les ai trahis par ce que je me suis réconcilié avec X ou Y. J’ai dit non. Je ne vais jamais trahir mon propre combat. Évitons de personnaliser ce combat. Ce combat ce n’est pas entre moi et quelqu’un d’autre. On combat un système qui est instauré au Mali depuis les évènements de 1991. Et ce sont les mêmes personnes qui sont là. Ce sont les mêmes qui tournent en rond. Il faut qu’on change de Générations maintenant. Et le changement de Générations n’interviendra que si la jeunesse veut. C’est à vous de réclamer ce changement même s’il faut descendre dans la rue pour le réclamer. L’Administration publique est truffée d’un certain nombre de fonctionnaires véreux, qui ne pensent qu’à eux-mêmes. C’est à vous de les déloger», a-t-il expliqué.
Alors M. Coulibaly et alliés iront-il jusqu’au bout ?
Le temps nous en dira plus… !
Seydou Konaté LE COMBAT

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