Ci-dessous, l’intégralité du discours prononcé, ce mercredi 17 janvier 2024, par le ministre des des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, à la Conférence ministérielle du Mouvement des non-alignés qui se tient les 17 et 18 janvier 2024, à Kampala, en Ouganda.
Kampala, Ouganda, 17-18 janvier 2024
• Monsieur le Président ;
• Mesdames et Messieurs les Ministres ;
• Honorables invités ;
Je voudrais, avant tout propos, vous transmettre les salutations cordiales et fraternelles de la délégation du Mali, au nom de laquelle j’adresse également nos vifs remerciements aux autorités ougandaises, pour l’accueil si chaleureux et pour l’attention toute particulière dont nous sommes l’objet depuis notre arrivée dans cette belle capitale africaine, Kampala. Je voudrais également vous féliciter, Monsieur le Président, pour l’élection de votre pays à la présidence de notre Mouvement.
Je souhaite ensuite reconnaître et saluer le leadership et le mandat bien rempli de la République d’Azerbaïdjan à la tête de notre Mouvement. Monsieur le Président,
Le Mali réitère son attachement aux principes et valeurs du Mouvement des non-alignés, notamment le respect de la souveraineté des Etats, l’intégrité territoriale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le rejet des politiques de domination et d’assujettissement des peuples, le recours à la menace et aux mesures restrictives et sanctions unilatérales contre les pays, la politisation et l’instrumentalisation des Droits de l’Homme, la politique des deux poids, deux mesures.
Monsieur le Président,
Notre Conférence se tient au moment où nos pays font face à de nombreux défis transnationaux et globaux, notamment d’ordre sécuritaire, économique, climatique, social et même moral, dans un contexte international marqué par la crise du multilatéralisme.
Il ne fait aucun doute qu’en mettant nos énergies et nos efforts en commun, nous serons en capacité de relever ensemble ces défis complexes et liés entre eux. C’est en cela que le thème choisi pour cette rencontre garde toute sa pertinence, à savoir : « Approfondir la coopération pour une richesse partagée ».
Le Mali reste engagé en faveur d’une coopération internationale et un multilatéralisme réformés et adaptés aux réalités de notre temps. Notre Mouvement doit en faire une priorité de son plan d’action, de manière à prendre en compte les intérêts de chaque nation, dans la gestion de la gouvernance mondiale. C’est une condition essentielle pour rétablir la confiance entre les Etats membres et une condition tout aussi importante pour la stabilité durable et le développement harmonieux de la planète que nous avons en partage.
Dans un contexte de basculement géopolitique, le Mouvement des non-alignés doit redoubler d’efforts pour l’avènement d’un monde multipolaire.
Au Mali comme dans la région du Sahel, et ce depuis l’intervention militaire de l’OTAN en Libye en 2011, nos pays restent confrontés à des crises multidimensionnelles, en particulier les activités criminelles de groupes terroristes et autres réseaux de crime organisé, dans une région qui, il n’y a pas si longtemps, était une oasis de paix et de brassage des populations.
La réponse de la communauté internationale à ces défis a hélas montré ses limites. En effet, après dix ans de présence des forces internationales au Mali, la situation sécuritaire dans mon pays s’était largement dégradée, au lieu de s’améliorer. L’insécurité qui était circonscrite en 2013 dans les régions du Nord du Mali, s’est progressivement étendue au centre et au reste du pays, avec son lot de pertes en vies humaines et de populations déplacées et réfugiées, en plus des autres conséquences humanitaires.
C’est la raison pour laquelle le Gouvernement du Mali a demandé, en juin 2023, le retrait, sans délai, de la MINUSMA face au constat d’échec de la Mission à protéger les personnes et les biens, et à aider le Mali à rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire national. Au 31 décembre 2023, le processus de retrait de la MINUSMA s’est achevé, suivi de la liquidation qui a commencé le 1er janvier 2024.
Je voudrais saisir cette occasion pour remercier l’ensemble des Etats membres du NAM, qui ont contribué en ressources humaines, matérielles et financières à la MINUSMA. Je rends un vibrant hommage à toutes les victimes de la crise malienne. Le départ de la MINUSMA et des autres forces internationales consacre le choix souverain du peuple malien de prendre son destin en main. Ainsi, le Gouvernement s’est attelé à renforcer les capacités des Forces de défense et de sécurité du Mali, afin de leur permettre d’accomplir efficacement leurs missions régaliennes de défense du territoire national et de protection des populations et des biens. Je suis heureux de vous dire que des résultats particulièrement importants ont été enregistrés par nos Forces, notamment la libération des villes maliennes des emprises terroristes et leurs complices.
Je salue ici la vaillante Armée malienne dont le courage et la détermination ont permis la libération de la ville et la Région de Kidal, le 14 novembre 2023, suivie du déploiement de l’Administration et des services sociaux de base. Dans ce contexte, nous nous réjouissons de la restauration subséquente de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.
Parallèlement, le Gouvernement a entrepris des réformes politiques et institutionnelles importantes. Ainsi, le Mali s’est doté notamment d’une nouvelle loi électorale et d’une nouvelle Constitution, qui ont pour objectif stratégique principal l’amélioration de la gouvernance du pays. Le calendrier a connu un léger glissement pour des raisons essentiellement techniques mais le Gouvernement reste déterminé à tenir, l’élection présidentielle qui marquera le retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé.
Par ailleurs, Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la transition, Chef de l’Etat a annoncé dans son adresse à la Nation, le 31 décembre 2023, sa décision de privilégier l’appropriation nationale du processus de paix, à travers un dialogue direct inter-malien. Le Gouvernement s’attèle actuellement à la mise en œuvre de cette décision du Chef de l’Etat dans le respect de la souveraineté du Mali, son unité, son intégrité territoriale et la laïcité de l’Etat.
Sur la question de la Palestine, pays frère et ami dont nous avons toujours été solidaires, le Mali condamne sans réserve les violences perpétrées contre les populations civiles et apporte son soutien total aux initiatives visant à trouver une issue rapide à cette crise, y compris un cessez le feu humanitaire immédiat. A cet égard, mon pays apporte son plein soutien à la position exprimée sur la question par notre organisation.
Monsieur le Président,
Je souhaite conclure comme j’ai commencé, en réaffirmant l’attachement indéfectible du Mali aux valeurs, aux principes et aux idéaux du Mouvement des Non-Alignés.
Nous avons une responsabilité collective, celle de continuer la lutte des pères- fondateurs de notre Organisation commune, dans la solidarité, l’égalité et le respect
mutuel, afin de garantir un monde meilleur à nos peuples respectifs. Pour ce faire, nous devons rester mobilisés et actifs lors des négociations en faveur de la réforme de l’architecture de sécurité et de développement à l’échelle internationale, notamment le Conseil de sécurité, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international… Nous devons également continuer à prendre une part active dans certaines échéances majeures de l’année, comme le Sommet de l’avenir de septembre 2024.
Pour sa part, le Mali reste disposé à prendre sa part, toute sa part dans cette œuvre collective, conduite par le Mouvement des non-alignés, gage d’une mondialisation prenant en compte les intérêts de nos Etats et de nos Peuples.
Je vous remercie de votre aimable attention.