Selon le Garde des sceaux, il lui revient que dans certaines procédures, notamment celles comportant des personnes détenues, les ordres d’extraction ne sont pas délivrés en tenant compte des conditions de travail des agents de la surveillance et en considération des exigences des établissements pénitentiaires.
Aussi, il ressort, en effet, des informations qui lui sont remontées que de nombreux magistrats notamment ceux du parquet et des cabinets d’instruction procèdent aux extractions sans se donner une limite dans la journée de travail ; ce qui amène ces agents d’escorte à rester au sein des juridictions du matin au soir sans alimentation adéquate avec un risque accru sur la sécurité des détenus, qui restent menottés quelques fois toute une journée durant, sans préjudice des contraintes sécuritaires consécutives aux déplacements nocturnes.
A en croire le ministre de la Justice, ces pratiques sont contre indiquées et compromettent les efforts fournis pour améliorer les conditions de travail des agents pénitentiaires qui se trouvent en difficulté lorsqu’une extraction traine toute une journée ; ce qui préjudicie au bien-être et à la santé des détenus. Les extractions dites “tardives”, en plus de leurs implications sécuritaires, importunent les détenus extraits.
Remplir ses obligations professionnelles dans un délai raisonnable
Avant de rappeler l’obligation des magistrats qui ressort du Code de déontologie annexé à la Loi N°02-054 du 16 décembre 2002 portant Statut des magistrats qui dispose en son article 10 : “Le magistrat doit remplir ses obligations professionnelles dans un délai raisonnable et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour tendre à l’efficacité…” et l’article 71, ajoute que “…constitue une faute… tout abus de droit notoire, tout manque avéré de diligence dans l’accomplissement de sa mission”.
Se fondant sur ces dispositions pertinentes, le ministre Kassogué instruit de prendre les dispositions utiles pour accorder la diligence nécessaire aux procédures notamment dans lesquelles sont impliquées des personnes détenues et procéder au traitement immédiat et prioritaire de ces dossiers afin d’améliorer les conditions d’extraction et de surveillance sécuritaire des détenus.
Il a également engagé les Procureurs généraux près les Cours d’Appel à accorder la plus grande importance à l’observation de la présente circulaire à travers les conseils de bonnes pratiques à l’endroit des magistrats de leurs parquets, l’institution de la planification comme base de l’établissement des ordres d’extraction et la diligence dans le traitement des dossiers afin que le retour dans les établissements pénitentiaires des détenus soit le plus rapide possible et que l’extraction soit moins pénible à la fois pour les agents d’escorte et pour les détenus extraits.
Respect des horaires d’extraction
En outre, il a engagé les présidents de chambre d’accusation des Cours d’Appel à veiller scrupuleusement à l’observation de la présente circulaire à travers le contrôle des conditions et modalités des mouvements externes des détenus vers les cabinets d’instruction, conformément aux dispositions de l’article 217 alinéas 1 et 2 du Code de procédure pénale : “Le président de la chambre d’accusation s’assure du bon fonctionnement des cabinets d’instruction du ressort de la Cour d’appel et s’emploie notamment à ce que les procédures ne subissent aucun retard injustifié… “.
Et d’ajouter que le bon fonctionnement s’entend du respect des horaires d’extraction, de la gestion du temps et des actes d’instruction des détenus au sein de la juridiction et des actes à la suite d’une extraction ordonnée par le juge.
Le ministre dit attacher du prix à la bonne exécution de ces instructions qui participent de l’efficacité et de la crédibilité de l’appareil judiciaire dans le cadre de la bonne collaboration entre acteurs de la chaine pénale.
Boubacar PAÏTAO