La gouvernance de Abdel Fattah Al-Sissi est jugée par les organisations de défense des droits de l’homme comme étant un régime se livrant à une véritable lutte contre la confrérie des frères musulmans à travers des condamnations massives à mort, à perpétuité et souvent même dans les rangs des mineurs.
Le samedi 8 septembre 2018 se tenait ce procès faisant date en Égypte car condamnant à mort 75 personnes parmi 739 jugées, au rang desquelles figuraient des islamistes. Ces hommes sont accusés non seulement de vandalisme contre des biens publics le 14 août 2013 lors d’une émeute au Caire, mais aussi d’avoir levé la main contre des policiers, voire d’avoir tué des agents de police sur la place Rabia-Al Adawiya.
Notons que cette émeute avait eu lieu après le renversement du pouvoir de Mohamed Morsi, premier président élu en Égypte, par l’armée. Cette éviction avait dégénéré, incitant les partisans de ce dernier à s’emparer des rues. Contre ces manifestants, les forces de sécurité n’ont pas hésité a usé d’une répression violente, le 14 août 2013, faisant ainsi près de 817 morts. En juillet dernier, le tribunal a rendu son verdict en condamnant 75 personnes à mort, 374 à 15 ans de prison, parmi lesquelles 22 mineurs condamnés pour 10 ans et 215 pour 5 ans d’emprisonnement.
L’Organisation des Nations unies a déploré cette décision qu’elle juge injuste. Selon la Haute-commissaire de cette organisation, Michelle Bachelet, les autorités égyptiennes encouragent ainsi l’impunité des forces de sécurité en n’interpellant personne d’entre eux par rapport au massacre de masse perpétré lors du renversement du régime de Morsi. Un massacre jugé comme étant le plus grand carnage de masse de l’histoire égyptienne. Outre cela, elle trouve que les droits fondamentaux des condamnés ont été violés et invite en conséquence les autorités à rectifier le tir. Rappelons qu’Amnesty International ainsi que Human Right Watch ne laissent pas clean le régime de Abdel Fattah Al-Sissi dans ces violations des droits de l’homme. À s’en tenir à leurs constats, nous nous rendons compte que depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, près de 40 000 personnes ont été condamnées dans les rangs des frères musulmans. L’Égypte se transforme alors en un véritable pays de chasse aux sorcières.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays