Deux jours après l’assassinat d’un officier du Mécanisme Opérationnel de Coordination à Tombouctou, le calme est revenu ce mardi matin dans la ville. Pour certains responsables des groupes armés, ces attaques visent à ralentir l’avancée des opérations du MOC. Au même moment, la coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance, CMFPR 2, Tombouctou réclame son « intégration inclusive » dans le processus du MOC.
Le responsable du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) a donc été assassiné dimanche 9 septembre dans la soirée par des inconnus qui l’ont pris pour cible. Salimou Oul M’begui était un officier de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, CMA. Pour le moment, les auteurs de cet acte ne sont pas identifiés. Selon certains responsables de la CMA, « tout porte à croire que c’est un assassinat ciblé ». « Le commandant, ils l’ont tiré à bout portant à l’intérieur de la ville. En visite ordinaire, il a été la cible de ces individus. Il n’avait pas d’escortes avec lui. Il était tout seul dans son véhicule. Dans de telle circonstance, c’est des opérations soigneusement préparées, et les auteurs n’ont pas été identifiés », explique Ilad ag Mohamed, membre de la CMA.
Au mois d’avril dernier, les autorités maliennes avaient annoncé qu’en plus de groupes signataires de l’accord d’Alger, les combattants des groupes dissidents devront également être associés au processus. Pour certains acteurs du MOC, ces différentes attaques visent à entraver la progression des opérations et ralentir la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger.
À la suite de cette attaque contre un élément du MOC à Tombouctou, des tirs sommations ont été entendus ce lundi matin dans la ville. Des altercations ont eu lieu entre la MINUSMA et la CMFPR 2 (Coordination des Mouvements et Forces de Résistance). Cette dernière aurait voulu forcer l’entrée du MOC. Selon les responsables du mouvement, il s’agissait pour eux de « manifester leur colère face à la gestion du MOC dans la région ».
« Nous sommes allés au MOC qui nous appartient tous pour revendiquer nos droits. Ce n’est pas une attaque. Parce que nous avons un quotta au niveau du MOC. Et jusqu’à présent nos éléments ne sont pas rentrés au MOC. Il y a eu une première vague de la CMA et de la Plate-forme qui est rentrée. Et une deuxième vague de la Plate-forme, de la CMA et du gouvernement, et il reste jusqu’à présent le quotta de CME et de la CMFPR2. Il y a des groupes qui ont leur quotta jusqu’à présent ils ne sont pas rentrés », nous a déclaré Moustapha Ag Sidi, Commandant de zone de la CMFPR2 de Tombouctou qui justifie leur action.
C’est donc dans ce contexte de tension d’insécurité, marqué par des attaques djihadistes et autres formes de banditisme, qu’intervient au Mali la célébration du 11 septembre, maquant la Journée mondiale de lutte contre le terrorisme. Si le bilan de la lutte a connu quelques progrès, « plusieurs améliorations sont indispensables », selon certains spécialistes des questions sécuritaires. Selon eux, il faut que « l’Etat doit mettre en avant la collaboration avec les populations concernées ».
André Bourgeot est anthropologue, chercheur au CNRS à Paris