Nantaga, Kobaga, Boulikessi, Sokolo, Dogo et Ségoumana sont des localités maliennes du centre où il y a eu des tragédies d’exécutions sommaires, dans lesquelles sont accusés des éléments des forces armées maliennes. Les enlèvements de citoyens, des civils sans armes, les disparitions forcées ou les exécutions extrajudiciaires sont inadmissibles et doivent être combattus à tout prix.
A chaque fois les allégations d’exécutions extrajudiciaires impliquant les forces armées maliennes, souvent après la découverte de fosses communes, ont été systématiquement niées par les autorités maliennes. Jusqu’à la découverte des charniers de Nantaga et Kobaga, où les faits étaient aussi évidents, qu’il y a eu des témoins oculaires des enlèvements, qui ont parlé aux media ; le ministre de la Défense et des Anciens Combattants Tiena Coulibaly a été amené à reconnaitre les faits de Nantaga et Kobata et à avouer le forfait dans un communiqué de presse en date du 19 juin 2018.
Le ministre Tiena Coulibaly a reconnu « l’existence de fosses communes impliquant certains personnels FAMa dans des violations graves ayant occasionné mort d’hommes à Nantaka et Kobaka dans la région de Mopti ». L’aveu du ministre découle des constats faits par une mission de vérification dépêchée sur le terrain, qui a confirmé le drame : l’exécution sommaire de 25 personnes cueillies dans les villages par des militaires. Des mesures avaient été annoncées par le ministre Tiena Coulibaly : « un groupe pluridisciplinaire, conduit par le Chef d’Etat-major Général des Armées, s’est rendu le 19 juin 2018 sur le terrain pour donner des orientations en vue de diligenter les procédures réglementaires. Le ministre a instruit au Procureur militaire d’ouvrir une enquête judiciaire. Il réitère sa détermination et sa ferme volonté de lutter contre l’impunité, et engage les FAMa au strict respect des conventions des Droits de l’homme et du Droit international Humanitaire dans la conduite des opérations ».
L’aveu a suscité de nombreuses réactions des défenseurs des droits de l’homme à l’instar de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), le Canada, les Etats-Unis, la France. S’il y a ainsi un début de visibilité sur les tragédies de Nantaga et Kobaga, les évènements de même nature criminelle perpétrés à Boulikessi, Sokolo, Dogo et Ségoumana, restent à élucider. C’est ainsi que la MINUSMA a annoncé hier 26 juin, dans un communiqué de presse, avoir conclu son enquête sur « les incidents de Boulkessy du 19 Mai 2018 ». La MINUSMA se dit préoccupée par les graves violations et abus des droits de l’homme commis dans les régions du centre du pays ayant entraîné la mort de plusieurs civils depuis ces derniers mois.
Suite aux allégations récurrentes d’exécutions sommaires extrajudiciaires, de disparitions forcées, d’enlèvements ainsi que des destructions et incendies de biens, conjuguées à des violences meurtrières intercommunautaires, la MINUSMA avait déployé des équipes d’enquête dans le centre et publié deux communiqués de presse, respectivement le 30 mars et le 10 avril sur la gravité de cette situation. La MINUSMA a également souligné ses efforts d’appui aux autorités maliennes dans la conduite de ses enquêtes dans les régions de Mopti et Ségou, selon le communiqué.
Le 19 mai, à la foire hebdomadaire de Boulkessy, en représailles à la mort d’un des leurs, abattu par un élément non identifié, des militaires du bataillon malien de la Force conjointe du G5 Sahel auraient tué des civils sur les lieux. A cet égard, la MINUSMA a diligenté une enquête destinée à déterminer les circonstances de ces violations et abus et établir les faits et les responsabilités afin que les présumés auteurs soient traduits en justice. « L’enquête de la MINUSMA a permis de conclure que, le 19 mai, des éléments du bataillon malien de la Force conjointe du G5 Sahel ont sommairement et/ou arbitrairement exécuté 12 civils au marché de bétail de Boulkessy. Le rapport de cette enquête a été communiqué au Gouvernement du Mali », selon le communiqué.
Une enquête judiciaire dans les meilleurs délais
La MINUSMA a salué toutes les actions prises immédiatement par la Force conjointe du G5 Sahel et les autorités maliennes, notamment la mise en place d’une commission d’enquête mixte composée de la Gendarmerie nationale et de la Force conjointe du G5 Sahel ; l’ouverture d’une enquête judiciaire par le Procureur militaire de Mopti ; ainsi que les mesures administratives du Ministère de la Défense et des Anciens combattants à l’encontre des éléments présumés suspectés d’avoir commis ces graves violations.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies M. Mahamat Saleh Annadif « appelle les autorités maliennes à s’assurer que l’enquête judiciaire en cours puisse s’effectuer dans les meilleurs délais» et « exhorte les autorités maliennes et celle de la Force conjointe du G5 Sahel, à conduire leurs opérations militaires conformément au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire et à protéger la population civile », indique le communiqué de la Minusma.
La rédaction