Profitant de notre séjour dans la capitale de l’or blanc à Koutiala, nous nous sommes entretenus avec Alou Dembélé, artiste, décorateur, sculpteur et modeleur résidant à Koutiala.
Promoteur de l’espace de loisir dénommé ‘’Espace Donko Bakoro de Koutiala’’ qui compte de nombreux monuments et statues, Alou Dembélé est un compressé de l’HUICOMA, qui vit aujourd’hui de son savoir-faire : l’art. Lisez notre entretien !
Le Tjikan : Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs ?
Alou Dembélé : Je m’appelle Alou Dembélé, artiste, décorateur, sculpteur et modeleur, né à Koutiala. Je suis effectivement l’initiateur de l’espace Donko Bakoro (Bakoro est le nom de ma mère qui est décédée).
Pourquoi un espace de loisir aussi éloigné de la ville de Koutiala ?
A D : C’est par déception que je suis venu m’installer dans le champ paternel situé à peu près à cinq kilomètres de la ville de Koutiala sur la route de San. En tant qu’ancien travailleur de l’Huicoma sans droit, j’ai décidé de me consacrer à fabriquer des statues et monuments qui représentent notre culture. L’endroit est depuis lors envahi par les couples qui viennent prendre des photos de mariage malgré son éloignement de la ville. Cela me permet de subvenir au besoin de ma famille (je suis marié et j’ai des enfants). Comme on a coutume de le dire, il n’ya pas de sot métier, il n’ ya que de sottes gens. Cela vaut mieux que de mendier ou rester à ne rien faire.
En initiant ce projet, est-ce que vous avez bénéficié du soutien des autorités locales?
A D : Je n’ai reçu de l’aide d’aucune autorité locale. Des gens de bonne volonté, notamment une ONG de Koutiala et certains jeunes se sont impliqués avec des conseils d’encouragement. Mais dire qu’une autorité a mis de l’argent, non. Un certain Diamouténé commissaire résidant à l’époque à Koutiala m’a également soutenu pour ce qui est la réalisation de cet espace culturel.
Pourquoi le monument du président Modibo Keita dans cet espace et non en bordure d’une route principale de Koutiala ?
A D : Comme vous le dites, le monument du président Modibo Keita n’a pas sa place ici. Il n’est pas encore achevé. Une fois achevé je le déplacerai au bord de la route. Je considère que le président Modibo Keita a été le premier président. Pour moi il est le premier malien. Mais cela ne veut pas dire que je n’aime pas les autres.
Si vous êtes sollicité pour fabriquer des monuments et autres statues pour embellir certains carrefours et autres lieux de service, êtes-vous prêt à le faire?
A D : Je suis malien et je resterai au service de tous les maliens et du pays. Aujourd’hui c’est à Koutiala, mais demain si on m’appelle pour fabriquer un quelconque monument dans une autre localité du Mali, je le ferai avec plaisir. Tout compte fait cela contribue à valoriser la culture malienne.
Avez-vous un appel à lancer aux autorités et aux habitants de Koutiala ?
A D : J’attends le Bon Dieu, je n’ai aucun appel à lancer à nos autorités. Car je l’ai fait plusieurs fois sans succès. J’avais lancé un appel au musée national tout comme au ministère des arts et de la culture. Mais sans suite ! Même pas un petit geste pour m’encourager dans mon travail.
Entretien réalisé à Koutiala par Almihidi Touré
La rédaction