La situation politique, sociale et sécuritaire du Mali n’est guère réjouissante. Les secteurs fondamentaux comme la santé et l’éducation connaissent des lacunes structurelles, la mise en œuvre de l’accord et la réelle sortie de crise avancent trop lentement, la jeunesse est en manque d’idéal et de perspectives professionnelles, chaque jour de nouvelles attaques dans le Nord, le Centre et parfois le Sud du pays font de nouvelles victimes militaires et civiles compromettant l’économie local. Malgré ces réalités, des solutions existent. À l’occasion du deuxième anniversaire de Journal du Mali l’hebdo, nous avons choisi de faire intervenir quelques « solutionneurs ». Ils sont chercheurs, militants associatifs, enseignants, journalistes, entrepreneurs et proposent leurs solutions pour faire émerger le Mali. Cette semaine, ce sont eux qui font l’Événement.
Depuis la signature de l’accord pour la paix en 2015, la situation sécuritaire au Mali reste toujours alarmante. Face à un déficit de réaction forte, les groupes terroristes se réorganisent au sein d’une nouvelle alliance Nusrat al-Islam Wal Muslimin. Aussi, au moment où de nombreux analystes pensent qu’ils sont acculés, Amadou Kouffa du Front pour la libération du Macina (région centre du Mali), l’Algérien Yeyia Abou Hamam d’Aqmi et Iyad Ag Ghaly, du groupe Ansar Dine, ont surpris dans une vidéo de propagande, début avril 2017, revendiquant des attaques contre l’armée malienne, le 29 mars (tuant deux gendarmes et un civil maliens) et du poste de Boulikessi, près de la frontière burkinabè, où 11 militaires maliens avaient été tués le 5 mars.
Face à la recrudescence des attaques au nord et au centre, certains Maliens n’hésitent plus à parler de négociation avec les terroristes. C’est aussi l’une des recommandations de la Conférence d’entente nationale. Pour autant, l’idée n’est pas nouvelle, comme l’avait préconisé l’opposition malienne (à travers Tiébilé Dramé du PARENA), il y a deux ans. Comme en Afghanistan, si la perspective d’une discussion avec les terroristes se dessine, alors, il est préférable quelle ait lieu avec des djihadistes moins radicalisés. Pour autant, la France s’y oppose, comme l’avait notifié le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Celui-ci refuse tout dialogue avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa. Pris en tenaille entre la volonté française et le souhait de la Conférence d’entente nationale d’établir un dialogue, le président malien préfère jouer la carte de la prudence, car sans Barkhane et la France, plus de la moitié de son territoire échapperait à son contrôle. Cependant, si le redéploiement des forces de Barkhane s’opère de plus en plus à l’intérieur des terres, vers le centre (Douentza), force est de reconnaître que cette opération a montré ses limites au Sahel et au Sahara. La menace terroriste s’étant élargie chez les voisins (Burkina Faso, Niger, Tchad), les terroristes et leurs chefs se jouent de la porosité des frontières sans se faire repérer.
Au-delà du débat sur le retour définitif de la paix et de la polémique sur le statut de l’Azawad, il est aujourd’hui nécessaire de procéder à plusieurs actes sans lesquels la situation durera quelques années. Le premier serait de désarmer tous les groupes signataires de l’accord pour la paix avec le soutien de la communauté internationale. Ces groupes ne participeront pas aux patrouilles mixtes sans une véritable formation, car seul l’État doit avoir le monopole de la violence. Le deuxième axe d’actions est la révision du mandat de la MINUSMA, dotant les forces de l’ONU des outils capables de lancer des opérations, au lieu de subir les groupes armés. Ensuite, renforcer le contre-terrorisme par des initiatives judiciaires, régionales (comme la force du G5 Sahel, afin de combler le vide sécuritaire) et internationales (soutien des USA : installer Africom au Nord-Mali, pour des raisons géopolitiques et géostratégiques). Troisième axe : la transformation du MNLA en force politique et démocratique, comme en Colombie où les FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes) de tendance marxiste, ont accepté d’abandonner la lutte armée au profit du combat politique. Et enfin, organiser un référendum pour une nouvelle constitution, s’agissant de la gestion des territoires considérés comme étant ceux de « l’Azawad politique ».
Globalement, les Maliens ont besoin d’un État fort, juste et démocratique, doté de véritables institutions indépendantes, capables de leur apporter la fierté, l’honneur perdu et le sens des valeurs républicaines. À défaut, ils subiront le terrorisme et la pauvreté.
Source: journaldumali