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Comment Alger protège le djihadiste Iyad Ag-Ghali avec l’aide de Paris?

En 2014, alors qu’elle avait Iyad Ag-Ghali, chef du mouvement djihadiste malien Ansar Eddine à portée de fusil, la France a choisi de prendre l’avis d’Alger avant d’agir, plutôt que de le «neutraliser» ou de le capturer vivant. Pas si peu fiers de cette marque de considération, les Algériens envoient à Paris un message aussi clair que l’eau de roche : «Ne vous occupez pas d’Iyad. Nous en faisons notre affaire.»

On connaît bien la suite de cette consultation franco-algérienne : Iyad Ag-Ghali en a tiré profit pour disparaître des écrans radar. Mieux, le chef djihadiste a reconstitué Ansar Eddine, sorti, comme tous les autres mouvements djihadistes, du Sahel, zone déstabilisée par l’opération militaire française « Serval » de janvier 2013.

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Pour comprendre le lien entre les terroristes et les pouvoirs qui sont censés les combattre, lisez bien ceci :

Les chefs de tous les groupes terroristes sont (ou ne vont pas tarder à être) des membres des services secrets des pays où ils agissent. L’action de ces groupes est souvent commandée à distance par le pouvoir afin de détruire la contestation réelle des pauvres.

Un groupe terroriste est forcément clandestin. La prudence le fait s’organiser en petites cellules bien séparées les unes des autres, où seul le chef a un contact avec la hiérarchie. Un groupe terroriste est donc fortement hiérarchisé, reproduisant en cela une des choses que je reproche à cette société : l’existence des chefs et du pouvoir. Chacun de ses membres a donc pour devoir l’obéissance absolue, sous prétexte de servir la « cause ». Néanmoins, un groupe terroriste cherche à recruter. Les agents des services secrets peuvent donc facilement l’infiltrer en faisant semblant d’être des sympathisants (avant ou de préférence après avoir fait un « coup » spectaculaire avec la complicité des chefs de la police pour ne pas se faire pincer).

Des agents spéciaux infiltrèrent les Brigades Rouges (B.R.) italiennes. Puisque le pouvoir commande aussi bien les diverses polices que les services secrets, ces agents spéciaux purent facilement faire des coups d’éclat sans se faire coincer. Ils acquirent ainsi une bonne réputation parmi les B.R. et purent monter dans la hiérarchie. À force d’améliorer leur image chez ces terroristes en faisant de nouveaux coups d’éclat, ils finirent par arriver, dans la hiérarchie des B.R., juste au-dessous de ses chefs historiques. Ils ne purent les détrôner avec cette méthode, mais ils avaient toute leur confiance. À l’occasion d’un coup monté avec ces chefs, ils les firent tomber. Une fois ceux-ci en prison, les agents secrets furent chefs des B.R.. C’est à dire que depuis cette époque, les B.R. ne sont plus qu’un appendice gratuit et obéissant des services secrets italiens.

Cette méthode que je viens de décrire est tellement facile à utiliser pour les services secrets que vous ne verrez certainement pas pourquoi ils s’en seraient privés. Cependant, si vous avez des doutes, lisez « Du terrorisme et de l’état » de Gianfranco Sanguinetti (distribution : « Le fin mot de l’histoire » ; B.P.274, 75866 Paris cedex 18 ; 50 Francs). Ce livre explique comment le grand spectacle de l’enlèvement d’Aldo Moro tua le printemps italien de 1978.

Cette technique ayant réussi à la perfection en Italie avec les B.R., elle fut ensuite utilisée en Allemagne avec la Fraction Armée Rouge et en France avec Action Directe.

Cette méthode venait en fait de loin : elle avait été expérimentée en Indochine et en Algérie par la France. Parfois, dans le pays à maitriser, les services spéciaux créent eux-mêmes des guérillas ou des groupes terroristes en faisant semblant d’être contestataires, anticolonialistes et anti-impérialistes. Ou encore, quand ils sont pressés, ils peuvent eux-mêmes faire directement un coup spectaculaire ; ensuite, par coup de fil ou par lettre faussement signés, ils font croire aux médias que c’est leur ennemi qui a fait des horreurs. Ces diverses méthodes ont un nom pour les désigner toutes : la technique des « pseudos-gangs », comme ils disent.

Au service de l’Angleterre, le brigadier Kitson inaugure en août 1953 sa carrière contre-insurrectionnelle : il est officier de renseignements militaires au Kénya contre les « Mau-Mau » où il expérimente la technique des « pseudos-gangs ». Puis, il continue ailleurs sa « brillante » carrière. Enfin, après un court séjour en Irlande du Nord, il rédige en 1969-1970 « Low Intensity Opérations » où il décrit la technique des « pseudos-gangs » en s’inspirant beaucoup des livres du colonel Trinquier (français) qu’il admire. Puis, du printemps 1970 à avril 1972, il reçoit le commandement de la 39° brigade d’infanterie, en Irlande du Nord, qui couvre notamment Belfast. Il applique à l’I.R.A. (Irish Republican Army/Armée Républicaine Irlandaise) la technique des « pseudos-gangs ». Il faut croire qu’il y réussi pleinement puisqu’il fût décoré du C.B.E. (Commandeur de l’ordre de l’Empire Britanique).

Ensuite, il poursuivit sa carrière en enseignant ses méthodes dans divers pays d’Europe. Vous pouvez lire, sur ces sujets, le livre publié par Roger Faligot aux éditions Flammarion : «Guerre spéciale en Europe » (Le laboratoire Irlandais), où l’on trouve, entre autre, des citations de militaires expliquant dans des livres que l’expérience irlandaise est destinée à servir dans toute l’Europe. Mais les livres, surtout écris par des militaires, ne sont jamais lus par les contestataires ; et l’état le sait.

Cela fait bien longtemps, maintenant, que l’I.R.A. est manipulée par les services secrets britanniques.

La technique des « pseudo-gangs » fut appliquée, après l’Irlande, aux B.R. italiennes, à la R.A.F.(Rote Armee Fraktion/Fraction Armée Rouge) allemande, à Action Directe en France et, bien entendu, au F.L.N.C.(Front de Libération Nationale Corse) corse et à l’E.T.A. (Euskadi Ta Askatasuna /Pays basque et liberté) basque qui sont tous manipulés par les services secrets des états qu’ils sont censés combattre.

Le pouvoir a plusieurs intérêts à commander les guérillas et groupes terroristes :

 Ça lui permet de contrôler, en les attirant vers ces groupes, des individus qui, sinon, seraient dangereux. Grâce à une action judicieuse de ces groupes (bombe massacreuse ou autre), il peut justifier vis-à-vis de la population toutes les mesures de répression qu’il juge nécessaires (augmentation du nombre de policiers, de militaires, et de leurs finances ; restriction des libertés et même, parfois, état d’urgence ou couvre-feu). En faisant dire par les médias que c’est une certaine organisation qui en est coupable, le pouvoir peut déconsidérer, et parfois stopper, un début d’action radicale menée par une partie de la population qui n’a pourtant rien à voir avec cette organisation. La pseudo-guerre entre l’état et une guérilla (ou un groupe terroriste) séparée de la population joue le même rôle qu’une guerre classique : elle fait peur, elle éteint les consciences et contrôle ou supprime la contestation. Au cas où les choses tournent vraiment mal pour l’état, il peut toujours laisser prendre le pouvoir par un de ces groupes terroristes ou une de ces guérillas, même s’il ne le contrôle pas encore totalement, parce qu’il est, de par sa hiérarchie absolue, déjà constitué en état : le principe essentiel, l’existence d’un pouvoir, sera conservé. C’est ce qui s’est passé en Iran en 1978 où, pour empêcher la population qui venait de virer le Shah de prendre le pouvoir, celui-ci fut livré à Khomeini (qui venait de France).

Inna Maiga

Par Le Démocrate

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