La décentralisation a certes été accueillie avec soulagement dans le lanterneau politique de notre pays. Idem pour les partenaires au développement. Mais, cette réforme de notre administration force est de le reconnaître, a sonné le glas de certains de nos vaillants administrateurs. En effet, avec l’érection des anciens arrondissements en Commune, les sous-préfets, appelés jadis chefs d’arrondissement (Commandant dans la mémoire collective) ont perdu leur influence. Confinés à des tâches de tutelle, ces hommes dont la seule évocation du nom faisait trembler les plus anciens des citoyens des villages passent de nos jours inaperçus. Ils sont réduits en simples signataires de documents : ordre de mission, carte d’identité, etc. Toutes leurs activités essentielles ont été transférées aux collectivités.
La ville de Kimparana, sur la route de San en partance vers Koutiala, est commandée par une sous-préfet qui manque de tout (secrétaire et garde du corps). Esseulée dans son Bureau au milieu d’un champ de mil et des feuillages des grands arbres qui couvrent la sous-préfecture, Madame tient par patriotisme, sinon elle a tous les arguments pour chercher à partir. La voir dans ces conditions, on a toutes les raisons de croire que les plus hautes Autorités pensent moins aux conditions de vie et de travail de leurs représentants locaux. « Je suis seule ici à tout faire », ainsi répondait-elle avec sourire au chauffeur du véhicule d’un PDG d’une Agence publique, venu signer la copie de l’ordre de mission de son patron.
La même lassitude était perceptible sur le visage de ces hauts Commis de l’Etat rencontrés à Yorosso, Koury, Niéna, Koumantou et Zantiébougou. C’est seulement dans ce dernier village, que le sous préfet a montré des signes de gaité. Sourire aux lèvres, le jeune sous-préfet éprouve un envi fou de se rendre utile à la communauté dont il la charge administrative. A l’inverse, de la sous préfectur de Koumantou. Qui, en dépit de l’électrification de la sous préfecture, celle-ci ne dispose pas encore d’imprimante. Les usagers sont obligés d’aller imprimer leur document soumis à sa signature en ville. Une raison pour les plus hautes Autorités de doter leurs représentants du minimum de moyens de fonctionnement d’une administration moderne. Plus loin devant, dans la sous-préfecture de Niéna, le Chef de l’Administration était introuvable dans son Bureau aux heures normales de travail. Le Bureau, posté sur une élévation en face de la route nationale 6 était fermé. Comme à Kimparana et à Koury, ici aussi point de trace de secrétaire encore moins de garde du corps.
C’est dire qu’il y a lieu de relire les textes de la décentralisation pour étoffer le rôle des Administrations locales ou simplement les supprimer, il y a point besoin de leur utiliser.
Route nationale 6 : Déjà dégradée
L’état de nos routes laisse croire que la corruption impacte négativement sur les grands chantiers de l’Etat. L’exemple le plus illustratif est la route nationale 6, reliant notre pays à la Côte d’Ivoire. Pourtant cette route a été entièrement reprise en 2011 par une entreprise chinoise. A peine finie, cette route présente en plusieurs endroits des grands nids de poules, obligeant les usagers à donner des coups de frein ou à descendre sur le côté droit de la chaussée. Selon certains usagers, ce sont les gros porteurs de 70 à 80 tonnes qui sont à l’origine de cette dégradation rapide de la route.
Ces gros porteurs de fabrication ghanéenne mais largement repris par nos transporteurs sont très prisés par les importateurs, souciés d’embarquer le maximum de marchandises à faible coût. Le hic est que ces gros camions parfois bombés de marchandises refusent tout contrôle à l’essieu, quand bien même que les importateurs utilisent toute sorte d’astuce pour passer le cordon douanier en payant moins au Trésor public.
Il est vrai qu’en Afrique les entreprises de BTP chinoises installées sur le continent trainent la mauvaise réputation de mauvais constructeurs. La dégradation de la RN 6 n’en est pas une. La route Bamako – Dakar par le sud-est aussi s’est abîmée en moins de cinq années d’exploitation. Or, toutes ces routes ont été réalisées avec des prêts qui seront payés par des générations futures. C’est dire que les fonctionnaires qui détournent ces prêts pour former leurs enfants dans les meilleures universités africaines, européennes et américaines, doivent savoir que c’est l’avenir de ces enfants qu’ils sont en train d’hypothéquer. Car, c’est eux qui vont payer ces dettes.
Mohamed A Diakité