Le M5-RFP ne siègera pas au Conseil National de la Transition. C’est ce qui ressort de la conférence de presse animée par ses responsables dans l’après-midi de ce 13 novembre 2020, au siège de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM). Derrière cette position du M5-RFP se cachent des raisons détaillées dans une déclaration rendue publique par les membres du Comité stratégique.
Le Mouvement du 5 juin est vent debout contre la clé de répartition des sièges au Conseil national de la Transition telle que proposée par le Président de la Transition. Vendredi dernier, ils ont dénoncé ce qu’ils qualifient de manœuvres des autorités de la Transition au cours d’un point de presse animé au siège de la CSTM.
Le bateau Mali en danger ?
« Le bateau de la transition est visiblement en train de tanguer », a déploré Choguel Kokalla MAIGA dans son mot introductif à ce point de presse. Pour lui, la transition est l’enfant du M5-RFP. C’est pourquoi, assure-t-il, le M5 ne laissera pas couler ce bateau. «Nous avons une responsabilité historique dans la chute du régime IBK », a indiqué Choguel Kokalla MAIGA, Président du Comité stratégique du M5-RFP.
Revenant sur leur déclaration du 11 novembre relative aux décrets fixant respectivement les modalités de désignation des membres du Conseil National de la Transition (CNT) et la clé de répartition dudit organe, le M5-RFP estime qu’il n’a ‘’pas été officiellement saisi de cette question vitale pour la bonne marche de la Transition’’.
Selon la déclaration lue par Ibrahim Ikassa MAIGA, le M5-RFP dispose d’éléments probants, de témoignages sur ce qui apparaît comme des ‘’délits d’initiés’’. En effet, le M5 estime que le CNSP, véritable détenteur du pouvoir, avait, plusieurs jours auparavant invité des membres à constituer le dossier de candidature avant de donner 48h aux autres forces vives de la nation.
‘’Le M5-RFP, sans étonnement et sans surprise, a appris par les réseaux sociaux, avant d’en avoir confirmation dans le journal officiel du mardi 10 novembre 2020, l’adoption de deux (2) décrets fixant respectivement les modalités de désignation des membres du Conseil National de Transition (CNT) et la clé de répartition dudit organe. C’est dire que le M5-RFP n’a pas été officiellement saisi de cette question vitale pour la bonne marche de la Transition’’, déclare d’entrée de jeu, Abdel Kader MAIGA, membre du M5-RFP.
Les 5 griefs
A l’examen, poursuit-il, les deux décrets sont purement et simplement inacceptables pour le Peuple malien pour 5 bonnes raisons.
La première raison est relative aux très nombreuses irrégularités aussi bien dans la forme que dans le fond des deux textes. De l’avis de ses responsables, le M5-RFP, profondément attaché à l’État de droit ne saurait cautionner aucune violation des textes fondamentaux, en l’occurrence la Constitution et la Charte de la Transition.
La deuxième raison, c’est le délai de 48 heures imparti aux candidats pour déposer leurs dossiers. Pour le M5-RFP, cela procède d’une méconnaissance totale des réalités du Mali. ‘’Que feront en effet les candidats dont les casiers judiciaires doivent être délivrés dans des localités éloignées de Bamako ou situées en zone d’insécurité pour obtenir ce document sans lequel leurs dossiers, forcément incomplets seront rejetés’’ ? s’interroge, le M5-RFP.
D’ailleurs, le M5-RFP trouve que ce court délai procède aussi d’une volonté de favoriser la fraude et le favoritisme.
La troisième raison, c’est que pour le M5-RFP, il est inadmissible que le Vice-président de la Transition, encore Président du CNSP non encore dissout, dispose d’un pouvoir de censeur pour choisir les bons et mauvais candidats en lieu et place des entités concernées.
‘’De quelle connaissance des candidats, de quel droit ou encore de quelle légitimité disposerait-il pour s’octroyer une telle prérogative dont le but inavoué est d’amener les seuls amis, parents et affidés au CNT ?’’, s’insurge M. MAIGA.
Pour le Mouvement contestataire, ces manœuvres sur la mise en place du CNT ont fait tomber les masques et dévoilé la nature purement militaire de la Transition avec un habillage civil qui ne trompe plus personne ni au Mali ni parmi les observateurs internationaux.
Pour barrer à la toute à ce qu’ils qualifient de restauration en cours, les responsables du M5-RFP invitent le Peuple malien à se mettre debout pour dénoncer la restauration en cours. Il s’agit, disent-ils, de refuser la manipulation et la forfaiture en cours.
‘’En conséquence, le M5-RFP lance un appel à toutes les forces patriotiques, politiques et sociales pour se concerter, rentrer en résistance et faire face pour sauver la Démocratie et la République afin de réaliser le changement pour lequel des millions de Maliens se sont battus et dont certains ont consenti le sacrifice suprême’’, explique Kader MAIGA.
Et de conclure : ‘’le M5-RFP qui refuse de servir de faire-valoir à un régime militaire déguisé, a unanimement décidé de ne pas participer au Conseil National de la Transition (CNT) dans le format proposé’’.
‘’Par conséquent le M5-RFP dénie à quiconque d’y participer en son nom et met en garde les autorités de la Transition contre toute manipulation visant à associer son nom à cette mascarade’’.
L’Imam DIARRA enfonce le clou
Pour sa part, l’Imam Oumarou DIARRA, en charge de traduire en Bamanankan la déclaration du M5-RFP a volé la vedette aux membres de son mouvement. Dans une intervention, émaillée de quelques phrases en arabe, il a expliqué comment les autorités de la transition tentent de diviser les autres forces de la nation pour mieux asseoir leur pouvoir. « Personne ne nous utilisera pour régner sur le peuple malien », a mis en garde l’Imam DIARRA. Et d’alerter : «que l’on sache qu’on a remplacé quelqu’un et que quelqu’un d’autre occupera le fauteuil présidentiel après lui ».
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN