Contrairement au jugement de bon nombre de Maliens à leur encontre, les membres du Conseil National de Transition ne sont pas aussi mauvais. Même s’il y en a des brebis galeuses comme dans toute autre structure, ces conseillers, dans leur majorité, ont mené un débat sincère et dépassionné lors de la présentation par le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, son Plan d’Action du Gouvernement de Transition.
Après un débat houleux mais dépassionné, le Plan d’Action du Gouvernement de Transition présenté par le premier ministre Choguel Kokalla Maïga a été adopté à 102 pour, 2 contre et 9 absentions par les membres du Conseil national de Transition.
Des pertinentes et des critiques pertinentes
Les membres du CNT semblent avoir bien lu et bien compris le Plan d’Action du Gouvernement de Transition du Dr Choguel Kokalla Maïga. Des questions pertinentes ont été posées sur chacun des 4 axes du gouvernement et elles sont en phases avec le contenu du document. La plupart des questions ont porté sur, entre autres, : la faisabilité de la création de l’organe unique de gestion des élections ; les moyens pour la sécurisation du Mali ; l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants ; la nécessité de la tenue des Assises nationale de Refondation ; la question de la mise en œuvre intelligente et de la relecture consensuelle de l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale ; le désarmement des milices ; la question de l’enrôlement des Maliens établis à l’Extérieur ; la révision de la constitution de la 1992 ; la révision des accords militaires avec la France ; la situation des diplômés en situation de handicap ; la police territoriale.
Plusieurs questions pertinentes ont été posées, surtout sur comment créer et rendre opérationnel l’organe unique de gestion des élections qui soit à mesure d’organiser les prochaines élections à temps. Pour beaucoup de membres du CNT, même si l’organe unique de gestion des élections est une demande de la classe politique et de la société civile maliennes, le temps imparti pour la transition ne permet pas sa création.
Même si le premier ministre et son gouvernement tiennent à la tenue des Assises Nationales de Refondation, beaucoup de membres du CNT n’en voient pas la nécessité. C’est d’ailleurs pourquoi les questions ont été multiples à son sujet. « Pourquoi un autre forum alors qu’il y a les résolutions du Dialogue nationale inclusif et de la conférence d’entente nationale. Pourquoi ne pas mettre en œuvre les recommandations des autres fora au lieu d’organiser un autre ». Telles sont les questions qu’ont posé plusieurs membres du CNT. Les inquiétudes de ces membres sont bien logiques et compréhensibles car les résolutions des précédentes assises ont été mises dans leurs tiroirs.
Le premier ministre Choguel Kokalla Maïga est l’un des rares hommes politiques qui s’est opposé à la mise en œuvre intégrale de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. Dans son PAG, il a parlé de la mise en œuvre intelligente et de la relecture consensuelle de cet accord. Ce terme, beaucoup de membre ne l’ont pas compris et a suscité pas mal de questions. « Que voulez-vous dire, M. le premier ministre, par mise en œuvre intelligente et relecture consensuelle de l’accord d’Alger », demandent bon nombre de membres du CNT. Dans sa réponse, Dr Choguel Kokalla Maïga, a indiqué que la mise intelligente voudrait dire l’application des dispositions de l’article qui ne mettrait pas en cause l’intégrité du territoire et l’unité du Mali. Quant à la relecture consensuelle, il affirme que c’est une relecture acceptée de toutes les parties.
Sur certaines questions dont l’article 39 du statut particulier des enseignants, le débat était houleux. Certains membres du CNT, les enseignants surtout, demandent l’application pure et simple de l’article 39 après l’harmonisation de la grille salariale. Selon Adama Fomba, ancien porte-parole de la synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, il faut appliquer l’article 39. « Monsieur le premier ministre, qui bloque l’application de l’article 39 des enseignants du Mali ? Comment réussir le pari sans avoir mis un accent sur l’éducation nationale ? Les enseignants du Mali ne demandent que l’application stricte de l’article 39. Il faut faire tout pour éviter une nouvelle crise scolaire pendant la transition », a-t-il laissé entendre.
Les membres du CNT surprennent les Maliens
Nombreux étaient des Maliens qui ne croyaient pas aux membres du CNT. Cela est dû à la manière de leur nomination. Beaucoup doutaient de la compétence de la plupart d’entre eux. Mais hier, ils ont, par la qualité de leur débat, surpris plus d’un. C’est le cas du Dr Allaye Bocoum qui l’a exprimé sur sa page Facebook. « Honnêtement, je ne me suis jamais intéressé au CNT , avant aujourd’hui et j’ai été agréablement surpris de savoir qu’il y’a autant de têtes pensantes, qui valent mieux que la plus part des faux élus du temps du mal élu en dehors de mon cousin Thera qui a posé la question la plus inutile et la plus subtile, une question de bas étage sur les propos de Dr Choguel sur la légitimité du CNT , qui lui a craché sa vérité et les trois ( Diarassouba , A. Guindo & mon jeune frère Sarr, qui ont donné l’impression de régler leurs problèmes personnels et qui ont tous reçu des réponses pondérées du PM à l’opposé de leur intention lisible sur leur visage. J’ai vu un CNT prolifique et parmi les intervenants il y’en a même qui sont excellents », a-t-il écrit.
Il est, certes, vrai que certains membres comme Koussé Thera ont passé à côté en faisant des débats de caniveaux, mais la majorité des membres du CNT ont prouvé qu’ils connaissent pourquoi ils sont dans cet organe. Donc, tout n’est pas mal au CNT.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS