Les négociations à 195 pays sur le climat de Paris sont passées lundi à la vitesse supérieure, avec l’entrée en scène des ministres, chargés de la difficile élaboration de l’accord mondial contre le réchauffement du globe, d’ici vendredi.
« La catastrophe climatique nous guette (…) et le monde a les yeux rivés sur vous », a lancé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon au Bourget, près de Paris. L’heure est venue de répondre « à l’appel de l’histoire », a renchéri la responsable climat de l’ONU Christiana Figueres.
Il reste formellement moins de cinq jours pour sceller l’accord qui devrait permettre de bloquer la hausse de la température de la planète à +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, et éviter l’accélération des effets destructeurs déjà constatés, de la fonte des glaciers aux cyclones dévastateurs. Or, de nombreuses questions épineuses restent à régler.
Une bonne nouvelle est cependant venue conforter les efforts déjà accomplis en faveur d’une transition énergétique pour préserver la planète.
Les émissions de CO2, issues de la combustion d’énergies fossiles et de l’industrie, devraient baisser en 2015 d’environ 0,6% après une hausse rapide durant des années et une quasi-stabilité en 2014, selon une étude publiée lundi.
Mais bien plus important, il s’agit de la première baisse du principal des gaz à effet de serre en période de croissance économique, essentiellement due à la baisse de la consommation de charbon en Chine, le premier pollueur au monde qui s’est engagé à un pic de ses émissions « autour de 2030 ».
La Chine a d’ailleurs déclenché pour la première fois lundi l’alerte maximale « rouge » à la pollution à Pékin, alors qu’un nouvel épisode « d’airpocalypse » devait toucher la capitale.
Une centaine de ministres de l’Environnement, Energie et Affaires étrangères, dont le secrétaire d’Etat américain John Kerry, ont commencé à travailler sur le texte de 48 pages adopté vendredi, qui contient encore de très nombreuses options à trancher.
Et le calendrier posé par le président de la COP21, le ministre français Laurent Fabius, est très serré: « une première vision d’ensemble » du texte dès mercredi et sa conclusion jeudi, pour des raisons de traduction et de formulation juridique.
Cette conférence a d’ores et déjà permis d’obtenir de 185 pays, couvrant la quasi-totalité des émissions de GES, l’annonce de mesures pour limiter la progression, voire réduire, leurs rejets polluants d’ici 2025 ou 2030.
Pour autant, ces émissions continueront globalement à progresser, mettant la planète sur la trajectoire d’un réchauffement situé entre 2,7°C et 3,5°C.
L’un des enjeux de l’accord de Paris est de bâtir un mécanisme garantissant une révision tous les cinq ans et à la hausse des objectifs de chaque pays, sachant qu’il faudra faire bien plus — économies d’énergie, développement des énergies renouvelables, lutte contre la déforestation… — et encore plus vite pour rester sous les 2°C.
La date de première révision est une question cruciale. Ban Ki-moon a clairement appelé les pays à agir « dès avant 2020 », un point très disputé et auquel tiennent particulièrement les pays les plus vulnérables, comme les Etats insulaires menacés par la montée des eaux.
« Si nous sauvons Tuvalu, nous sauverons le monde! », a lancé son Premier ministre, Enele Sosene Sopoaga, qui a rappelé l’importance de la mention dans le texte de l’objectif de 1,5°C, avertissant que « toute hausse de la température au-delà entraînera la disparition totale » de son île.
L’un des dossiers les plus difficiles est celui de l’aide financière pour aider les pays du Sud à s’engager dans une transition énergétique et à s’adapter aux effets du réchauffement.
Ces derniers exigent notamment des assurances sur le versement promis de l’aide de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, et sur une augmentation de cette somme après cette date. Un des « éléments clé » de l’accord de Paris, a rappelé la représentante du G77 + Chine, qui rassemble les pays en développement, la Sud-Africaine Nozipho Mxakato-Diseko.
Mais les pays développés ne veulent plus être les seuls à mettre la main au portefeuille, ce qui entraîne de vives tensions avec les pays en développement.
La division entre pays industrialisés et en développement est l’héritage de la Convention cadre de l’ONU sur le climat qui remonte en 1992.
« Il est temps d’en finir avec cette ligne de partage (…) qui nous empêche d’avancer », a plaidé John Kerry.
AFP
source : Essor