Plusieurs acteurs politiques et de la société civile se sont prononcés pour donner des pistes sur la transition qui profile à l’horizon. C’était lors de la rencontre sur la transition reportée, organisée par le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) au CICB, le samedi 29 août 2020.
Clément Dembélé :
« Il faut donner l’espoir à la jeunesse malienne mais aussi le pouvoir d’achat à la population. Il faut reformer l’armée qui est corrompue, politisée et divisée. Aujourd’hui, il faut rassembler l’armée sous une nouvelle doctrine militaire pour permettre aux militaires d’être motivés.
La reforme territoriale s’impose au Mali. Cela fait plus de vingt ans que l’on parle de la décentralisation qui est politisée. On a fait une décentralisation qui n’est qu’une mythomanie politique, un pseudo décentralisation et aujourd’hui, il faut revoir quels sont les besoins du territoire. Il faut la déconcentration, il ne faut pas tout centraliser à Bamako parce que le malheur du Mali, c’est que tout se passe à Bamako alors que 80 % de la population vivent dans la zone rurale.
Il faut des réformes économiques à partir de la justice en luttant contre la corruption et la mauvaise gouvernance en permettant aux Maliens d’avoir le pouvoir d’achat. On ne peut demander à quelqu’un d’aimer son pays dans l’injustice, la famine, la corruption. Aujourd’hui, il faut arrêter la politique politicienne et faire une véritable réforme.
Et cette transition d’un an dont on parle aujourd’hui, la CEDEAO doit comprendre que le Mali doit être pour la CEDEAO ce que la jurisprudence peut-être pour le droit. Qu’est-ce qui empêche la CEDEAO dans la mesure où elle a déjà validé un chef de Gouvernement pendant la transition au Burkina qui était un colonel et on vient nous dire aujourd’hui que les militaires doivent s’écarter complément ?
Depuis 1991, les militaires sont dans la gestion du pays. On a vu des militaires ministres, directeurs généraux, des chefs de cabinet. Il faut une bonne cohabitation et il faut aussi que les militaires tiennent compte des forces vives de la Nation. En tout cas, militaire ou pas, le Mali n’a pas besoin ni de militaire, ni de politicien, mais le Mali a besoin aujourd’hui d’homme d’Etat.
Les paysans maliens veulent le mérite de leur travail. Les jeunes veulent arrêter d’aller en occident en se jetant dans le vent de l’Atlantique et mourir parce qu’ils veulent chercher ce qu’ils n’ont pas pu trouver au Mali. Nous avons tout ici. Nous avons 12 millions de terres agricoles, l’office du Niger peut nourrir 80 millions de personnes. Nous avons le soleil 360 sur 365 jours. Il faut qu’on sorte de cette victimisation que tous nos problèmes se trouvent ailleurs et que ce sont les autres qui nous « foutent dans la merde », c’est faux, le problème malien est malien et la solution est aussi malienne.
Si on attend la transition, c’est comme si vous déplacez le problème et le Gouvernement qui viendra après la transition sera pire que celui d’IBK. Aujourd’hui, il faut faire de vraies réformes. C’est l’occasion pour que le Malien puisse bénéficier de cette transition avec des reformes pour mettre en place des choses de façon solide, structurée avec le consensus de tous les Maliens. Il faut impliquer tous les Maliens dans la gestion. Mais dire qu’une transition en un an peut prendre en compte ces reformes ce n’est pas possible. Il faut arrêter de mentir, car en 12 mois, on ne pourra pas régler les problèmes de la justice, l’économie, l’éducation, d’emploi, d’insécurité… ce n’est pas vrai. IBK n’a pas pu le faire en sept ans, ATT n’a pas pu le faire presque en 10 ans, Alpha Oumar Konaré ne l’a pas fait en 10 ans, ce n’est pas par un miracle qu’ils pourront le faire en un an. Aujourd’hui, si IBK était au pouvoir, s’il avait bien fait les choses, il allait rester jusqu’en 2023. Et qu’est-ce qui nous empêche aujourd’hui d’attendre trois petites années pour bien structurer les choses plutôt que de nous précipiter ?
Le CNSP n’a pas le choix. Derrière la tenue militaire c’est un Malien, et il faut que les gens s’en rendent compte. Ils n’ont le choix aujourd’hui que de s’ouvrir aux autres et qu’ils doivent tenir compte des autres. Mais que les autres comprennent qu’on n’a pas fait ce combat juste pour avoir le pouvoir mais on a fait ce combat pour libérer le Mali. C’est dire qu’on ne peut pas se prévaloir d’une importance capitale parce que tout simplement un moment on a parlé. Si quelqu’un a fait ce combat pour être ministre, président… Qu’ils attendent 2023 pour se présenter à l’élection présidentielle ». Alassane Dembélé, Alasko
« Le départ du (…)
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KADOASSO I.
NOUVEL HORIZON