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Classe politique face aux décisions des autorités : la riposte osée

Le 3 mai 2025, alors qu’un meeting des partis politiques devait se tenir au Palais de la Culture de Bamako avec pour objectif de défendre les principes démocratiques et dénoncer une éventuelle dissolution des formations politiques, des jeunes favorables à la transition ont occupé les lieux pour empêcher la tenue de l’événement. En réaction, les partis ont publié une déclaration commune pour non seulement condamner cette entrave, mais aussi, inviter à une riposte politique forte contre des « liberticides ».

Cette tentative de rassemblement intervient dans un climat de crispation généralisée. Depuis plusieurs semaines, l’annonce de la possible dissolution des partis politiques, à la suite des « consultations des forces vives de la nation », a suscité une vague d’inquiétudes. Jugées peu représentatives, ces assises ont été rejetées par de nombreuses formations politiques, qui dénoncent «une dérive autoritaire, un recul démocratique et une volonté de museler toute opposition organisée».

Ainsi, la riposte ne s’est pas faite attendre. Pendant qu’ils ont empêchés de tenir leur meeting au Palais de la Culture, le samedi 3 Mai, les partis politiques ont rendu publique une déclaration commune, dans laquelle ils dénoncent une série d’atteintes aux libertés publiques et au pluralisme politique.

Il faut noter que dans la continuité de cette posture offensive, une conférence de presse des partis politiques s’est tenue le dimanche 4 mai 2025 à la Maison de la Presse. Cette conférence a été couplée à la signature du Manifeste pour le respect de la démocratie, du pluralisme et de l’ordre constitutionnel au Mali. Un acte inédit qui selon beaucoup d’observateurs, traduit la volonté des partis de résister collectivement à ce qu’ils considèrent comme une tentative d’instauration d’un régime autoritaire.

Une déclaration ferme en quinze points

Dans cette déclaration, les partis condamnent toute tentative de suspension ou de dissolution des partis politiques, considérée comme une violation directe de la Constitution et de la Charte de la Transition. Ils rejettent également les recommandations issues des dernières consultations, estimant qu’elles sont « nulles et non avenues » en raison, disent-ils, de leur manque de légitimité populaire. Un autre point central est l’exigence de fin de la Transition au plus tard le 31 décembre 2025, avec la mise en place d’un calendrier consensuel pour le retour à l’ordre constitutionnel.

Plus grave encore, les partis affirment ne reconnaître aucun président de la République ou mandat non issu d’élections libres, et dénoncent la suspension des scrutins pour une durée indéterminée. Ils exigent également la libération des détenus d’opinion, le retour des exilés politiques, ainsi qu’un engagement fort à respecter la neutralité de l’administration publique et des institutions judiciaires.

Des exigences claires et une posture judiciaire assumée

Ce positionnement marque une rupture nette avec la relative retenue observée jusqu’ici. La déclaration évoque même des poursuites judiciaires contre tout agent public qui participerait à une éventuelle dissolution illégale des partis ou à une instrumentalisation des textes. En outre, les signataires alertent sur la tentative d’imposer une caution financière pour la création des partis politiques, qu’ils jugent discriminatoire et antidémocratique.

L’appel final est sans équivoque : une mobilisation nationale et républicaine de toutes les forces vives, partis, syndicats, société civile, magistrats, étudiants, autorités religieuses et traditionnelles pour défendre la Constitution et l’État de droit. Cette offensive politique, inédite dans sa forme unifiée, fait figure de riposte osée, à un moment où beaucoup redoutent une consolidation du pouvoir entre les mains d’un régime non issu des urnes.

Un appel à l’union républicaine et citoyenne

Il convient également de souligner que cette prise de position soulève aussi une question de fond : les partis politiques ont-ils encore l’audience nécessaire au sein de la population pour faire entendre leur voix ? Dans un contexte où les autorités de la Transition bénéficient toujours d’un certain soutien populaire, notamment chez les jeunes mobilisés pour empêcher le meeting, la bataille ne se jouera pas seulement sur le terrain institutionnel, mais aussi dans l’opinion publique.

Si le gouvernement décide d’aller au bout de la logique de dissolution des partis, il devra affronter non seulement une contestation politique ouverte, mais également les regards attentifs de la communauté internationale. À l’inverse, la classe politique, pour reconquérir la confiance des citoyens, devra montrer qu’elle est capable de proposer une alternative crédible, unie, et ancrée dans les aspirations populaires.

L’Histoire malienne s’écrit à nouveau dans une phase de tension. Mais une chose est certaine : la riposte de la classe politique est désormais engagée, osée, frontale, et déterminée à défendre un cadre démocratique mis à mal.

Ibrahim Kalifa Djitteye

Soource : Le PAYS
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