Certains ne manquent point d’astuces pour assouvir leurs sales besoins. Qui aurait cru que l’argent quémandé dans des conditions déplorables auprès des fidèles musulmans au sein d’un cimetière pouvait finir sa course dans un Bar afin de faire sabler le champagne. Cette technique savamment orchestrée est le modus operandu d’un soulard qui a élu domicile dans ce cimetière pour soutirer de l’argent aux fideles qui s’y rendent pour se recueillir sur les tombes de leurs êtres chers qui s’y reposent.
Le cimetière de Sotuba, en plus d’être un nid pour des voleurs de motos qui passent le plus clair de leur temps en cherchant à traquer les motos des fidèles qui s’y rendent pour se recueillir sur les tombes de leurs parents décédés, regorge aussi un nouveau type de mendiant dont l’argent finit sa course dans les bars, notamment ceux au bord du fleuve aux alentours du troisième pont de Bamako. Un généreux donateur dont les parents se reposent au cimetière de Sotuba, a décidé, à chaque fois qu’il visite le cimetière, de faire parler son cœur les vendredis en offrant aux nécessiteux, des cadeaux, souvent de l’argent liquide. C’est ainsi que sa réputation se répand telle une trainée de poudre et durant ses heures de visites, c’est la bousculade devant sa voiture. Certains l’accompagnent même jusqu’à la tombe de ses parents pour se recueillir à ses côtés. C’est ainsi qu’un ivrogne invétéré a pris l’habitude de se mettre dans la peau d’un mendiant pour ne plus rater les heures de visite du généreux visiteur afin de lui soutirer l’argent de sa dose quotidienne d’alcool dans ce cimetière de la commune I du district de Bamako. Inimaginable mais vrai ! Qui pouvait imaginer un tel scénario ? Le donateur en passionné de sport se rend chaque soir à Sotuba ACI pour pratiquer du sport.
Il fut surpris de croiser son ‘’pseudo-mendiant’’, la semaine dernière, attablé autour d’une table garni d’alcool au bord de la route qui mène à la maison de feu Soufi Adama ! Surpris et abasourdi, le pseudo-mendiant feint de ne pas croiser le regard de son bienfaiteur. Celui-ci, après quelques exercices d’étirement, décide de retourner voir si c’est réellement celui qu’il croise au cimetière et à qui il a pris l’habitude de donner des billets. En voyant son bienfaiteur du cimetière, l’intéressé a pris la tangente pour aller se refugier dans le lit du fleuve, et ses amis qui l’accompagnaient, n’ayant rien compris de son geste, l’appelaient par son prénom. Ce qui confirme la thèse de l’heureux donateur qu’il s’agit bel et bien de l’homme qu’il croise au cimetière. Il explique aux amis de l’ivrogne qu’il souhaitait savoir l’identité du monsieur avec qui ils prenaient de l’alcool. Ils enfoncent le clou en lui révélant que celui qui vient de prendre la fuite est leur bailleur et que c’est lui qui leur paye de l’alcool chaque jour. Osera-t-il retourner encore mendier au sein du cimetière pour venir payer de l’alcool? Aura-t-il le culot de croiser le regard de l’heureux donateur qui lui a pris la main dans le sac ? Après les voleurs de motos qui pullulent le cimetière de Sotuba, les ivrognes en ont fait aussi leur domicile. Les visiteurs doivent désormais faire attention ; de vrais nécessiteux s’y rendent pour quémander afin de subvenir à leurs besoins, mais d’autres au contraire s’y rendent pour mendier de l’argent afin de subvenir à leurs besoins inutiles et non nécessaires.
Moussa Samba Diallo
Source: Le Républicain- Mali