Arrivé à la tête de la primature en décembre 2017, au delà de l’application de la feuille de route du président de la république le « hérisson », un nom qu’il s’attribue volontairement avait un autre agenda derrière la tête, asseoir sa formation politique sur un fauteuil solide et entreprendre lentement et sûrement la conquête de Koulouba en 2023. Mais parfois on fait erreur sur sa bonne étoile.
Après avoir gagné le pari de la tenue du scrutin présidentiel, il a échoué à ramener le calme dans le centre en dépit de son plan intégré de sécurisation du centre. La médiatisation de ses visites à Kidal et à Douea Taoudenni ne lui ont pas permis de se remettre sur selle. Sa chute était inévitable. Il a d’abord fermé les yeux quand certains députés de la majorité présidentielle ont rejoint l’ASMA, ce qui a poussé le sphinx du RPM Bocary Treta à faire cause commune avec certaines formations politiques de l’opposition pour faire échouer le tigre. Pendant que certains lui faisait croire qu’il détient la réalité du pouvoir la majorité et l’opposition à l’unisson tissaient la toile qui devait le prendre, la motion de censure. Les attaques à répétitions contre les forces gouvernementales, le massacre de civiles innocents à Inekar, Tinhama Komaga, Kolongo et Ogossagou ont fini de convaincre une bonne partie de l’opinion que Soumeylou Boubeye Maiga est un tigre de papier. Au moment de son arrivée à la primature, il a fait du tapage pour dire que dans 6mois le centre redeviendra un havre de paix. Mais comme l’histoire est parfois une mauvaise répétition, il a voulu user de la stratégie des années 90, lorsqu’une rébellion touarègue éclate dans le nord du Mali. A l’époque pour éviter le risque de voir le Mali mis sur le banc de la communauté internationale, il fonde avec certains hauts gradés du nord le Mouvement d’autodéfense Gandakoye. La stratégie est payante, car Bamako fait croire à l’opinion internationale qu’il s’agit d’une guerre communautaire entre sédentaires et nomades, ce qui couvre les agissements de l’armée régulière. Mais cette fois les choses ne se sont pas déroulées comme prévues. Le tigre a oublié que le Mali est dans le feu des projecteurs de la communauté internationale à travers la MINUSMA et Barkhane. Nous savons tous que la MINUSMA a un observatoire des droits de l’homme qui veuille comme de l’huile sur le feu sur les agissements de l’armée régulière et ses supplétifs. D’après plusieurs témoignages concordants, c’est bien Soumeylou Boubeye qui a encouragé la milice d’autodéfense dogon Da Na Ambassagou en recevant son chef d’Etat Major Youssouf Toloba, un dogon natif de Douentza, ville située au centre du Mali. Youssouf Toloba est un homme expérimenté qui a fait ses preuves au sein de la milice Gandakoye avant de rallier la milice ganda Izo qui affrontait le MNLA et les combattants djihadistes. Boubeye pensait qu’avec le soutien de cet homme expérimenté, il pouvait venir à bout des terroristes d’Amadou Kouffa , un fidèle lieutenant du sinistre Iyad Ghaly. A l’instar des milices djandjawides au Soudan, Da Na Ambassagou mène une véritable bataille contre et les djihadistes et les peulhs qui les hébergent. Massacres et représailles se succèdent. La série noire touche rapidement le Burkina Faso pays voisin du M ali avec le massacre peulh de Yirbou Fulde. Au même moment Youssouf Toloba est reçu en grande pompe à Koulouba par le président IBK en présence du Premier ministre Boubeye. Les critiques tombent comme la grêle, pour dire que Boubeye est le principal responsable de la tragédie qui gagne le centre. Le malien lambda va jusqu’à dire qu’à chaque fois quand Boubeye va en visite au centre, elle est suivie de massacre. On pense que ce sont ses propos belliqueux qui poussent les djihadistes à montrer leur capacité de nuisance. Sinon, le peu de temps qu’Abdoulaye Idrissa Maiga a passé à la primature a été du pain béni pour les habitants du centre. Pour cet homme politique du Front pour la Sauvegarde de la démocratie, Abdoulaye Idrissa Maiga en mettant en place la commission de bon office qui était pilotée par l’Imam Mahmoud Dicko et le patriarche Ahmey Niang était sur le chemin de la paix. Les pourparlers avaient commencé à porter fruit dans la mesure où certains djihadistes avaient accepté de faire taire les armes pour des pourparlers de paix. Mais paradoxalement Boubeye, le nouveau premier Ministre tourne les talons à la politique d’Idrissa, histoire de ménager les occidentaux qui voient d’un mauvais œil un rapprochement avec des barbus sans foi ni loi. Sa chute sera accélérée par les propos qu’il tiendra lors du grand meeting organisé par l’Imam Dicko et le Cherif de Nioro M’Bouillé Haidara. Il qualifiera les deux érudits d’hybrides, histoire de démontrer qu’il ya une complicité qui ne dit pas son nom entre les deux et des djihadistes. Non content de ces propos, Dicko et M’bouillé sortiront la grosse artillerie à travers une mobilisation générale le 5 Avril 2019 au niveau du monument de l’indépendance. Le président IBK se rend compte de l’amère réalité, que son Premier ministre risque d’être la cause d’une vendetta qui risque d’avoir raison de son pouvoir fragilisé par les attaques contre les forces armées , les forces internationales et surtout la recrudescence des violences contre des civiles innocents dans la région de Ménaka et dans le centre du pays. La grève des enseignants est venu compliquée encore davantage la situation du pouvoir. Sous la pression des forces vives de la nation, de la motion de censure que les députés des deux bords politiques du palais de Bagadadji s’apprêtaient à déposer le tigre dans sa tigritude a fini par jeter l’éponge en remettant sa démission au président de la république qui l’a accepté. Boubeye pour ses partisans est parti au bon moment. Pour eux, les Maliens regretteront le tigre car IBK lui doit sa réélection. C’est dommage qu’au Mali on ne reconnait ta valeur que quand tu quittes les affaires. Tel a été le cas de tous les dirigeants, ATT a été traité de chef rebelle et Boubeye de terroriste. Nous espérons que Boubou Cisse ne sera pas traité de parrain de la famille présidentielle.
Mariam Samake
Source: Le Triomphe