“Si aujourd’hui, il a plu à certains éléments de nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? M’y soumettre, car je ne souhaite qu’aucun sang ne soit versé pour mon maintien aux affaires”, a-t-il déclaré dans sa très brève intervention.
De l’avis de tous les observateurs, la chute du régime n’est que le fruit de l’entêtement. Pour preuve, soutiennent-ils, si Karim Keita, son fils biologique, le Premier ministre Boubou Cissé et Moussa Timbiné, ces deux fils adoptifs avaient accepté de démissionner, cela aurait évité à « leur père » ce qui lui est arrivé, en ce mardi 18 août 2020.
Mais comme dit l’adage bambara “quand un âne te fait tomber, tu ne vois pas ses oreilles. Chacun a préféré se cramponner sur l’opportunité à lui offerte oubliant superbement la cause. @u1Et voilà, tous méditent leurs sorts, désormais entre les mains des jeunes soldats.
Et pourtant, tous les signaux d’une éventuelle chute du pouvoir étaient perceptibles sans que les principaux concernés ne se rendent réellement compte de la gravité de la situation. Finalement ce qui devait arriver arriva.
Que dire de ses soutiens politiques, notamment les partis regroupés au sein de l’Ensemble pour le Mali (EMP) avec à sa tête le RPM? Pratiquement tous ont abandonné leur chef seul face à ses détracteurs qui réclament, depuis des mois, sa démission.
Aucun vernissage dans la mise en forme juridique de cette démission ne pourrait enlever au coup d’État son caractère illégal. Et celui-ci viole allègrement la Constitution malienne qui, nulle part, ne prévoit ce mode de transmission et d’exercice du pouvoir. Il est évident qu’IBK n’a pas démissionné, mais comme ATT en 2012, il a été contraint à lire son message de démission: “Est ce que j’ai le choix ? », s’interroge-t-il.
Et comme il fallait s’y attendre la communauté internationale, à l’unanimité, a condamné ce coup de force, et a appelé au retour de l’ordre institutionnel, la libération du Président IBK et de ses codétenus. Entre temps, la CEDEAO annonce une série de sanctions contre le pays jusqu’à l’établissement de l’ordre constitutionnel (fermeture des frontières, suspension du Mali de toutes ses instances, etc.)
Les nouvelles autorités militaires qui ont pris le pouvoir, par la voix de leur porte-parole, le Colonel major Ismael Wagué, chef d’ état-major adjoint de l’armée de l’air, ont, dans leur première déclaration, diffusée vers 3 heures du matin, annoncé la création d’un Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP).
Aussi, ont-ils appelé à une transition politique civile conduisant à des élections dans un » délai raisonnable ».
» Nous, forces patriotiques regroupés au sein du Comité national pour le salut du peuple(CNSP), avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’ histoire », a-t-il déclaré sur l’ORTM, entouré d’autres membres de la junte militaire.
Par ailleurs, ils affirment que tous les accords internationaux du Mali, notamment l’accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger seront respectés.
En tout cas, pour le moment rien n’a été dit concernant le sort réservé à l’ancien Président IBK et ses codétenus.
La junte militaire pourra-t-elle resister à la pression internationale pour les maintenir le plus longtemps possible ou les remettre à la justice pour être jugés? Ou comme en 2012, un exil dans un pays donné sera accordé à l’ancien Président IBK, avec une éventuelle libération de ces détenus ?
Les jours suivants nous édifierons et révèlerons les vraies intentions et motivations des nouveaux maîtres du pays.
Sékou CAMARA
Source: Bamakonews