Longtemps reléguées au second plan à cause de la domination sans partage du modèle capitaliste sur l’échiquier économique mondial, la pertinence de l’aide publique au développement telle que pratiquée dans nos pays pauvres se pose avec acuité. Car, en dépit des millions d’euros mobilisés, chaque année, pour soutenir notre développement qu’ils veulent durable conformément aux Objectifs de développement durable (ODD), nos nations semblent plus que jamais dépendantes de l’aide financière extérieure. Les dettes extérieures contractées s’accumulent et augmentent d’année en année. Au même moment, les pays contractants tendent à s’appauvrir. Poussant ainsi des penseurs des plus sceptiques (souvent opposés à la mondialisation) à considérer « l’aide au développement comme le développement du sous-développement » des pays les plus pauvres de la planète.
En effet, les ressources intérieures mobilisées par ces pays en voie de développement sont insuffisantes pour couvrir les dépenses de fonctionnement et d’investissement des états comme le Mali. Pour combler le gap, nos pays recourent en permanence aux appuis budgétaires, c’est-à-dire à l’aide financière extérieure : en prêts ou en dons. Seul bémol qu’en la matière, les partenaires techniques et financiers (bi et multilatéraux) actifs dans ce domaine visiblement rentable économiquement et politiquement définissent généralement des axes prioritaires où ils souhaitent investir. Secteurs d’investissements souvent priorisés par les bailleurs, mais inadaptés aux besoins réels des populations au nom et pour l’épanouissement desquelles les états s’endettent pourtant. D’où la nécessité pour nos états de revoir la pratique en la matière.
Face à une telle situation, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) appelle les pays les plus pauvres du monde à prendre un rôle de file dans la direction de l’aide extérieure au développement. « Les pays les moins avancés (PMA), les pays les plus pauvres du monde devraient veiller de manière proactive à ce que les financements extérieurs de toutes provenances soient orientés vers les priorités de développement nationales », recommande le Rapport 2019 de la Cnuced sur les pays les moins avancés, publié mi-novembre. Pour les spécialistes des Nations unies, cette approche constitue le meilleur moyen de gérer leur dépendance à l’égard de l’aide et d’y échapper.
Pour pouvoir atteindre les objectifs de développement durable, les PMA doivent s’approprier leur programme de développement et gérer l’allocation de fonds externes pour le développement conformément à leurs priorités de développement nationales, insiste le rapport, pour qui les PMA représentent 15 des 20 pays du monde les plus dépendants de l’aide en raison de l’insuffisance persistante de leur épargne intérieure, entre autres facteurs. Aussi, invite-t-il, la communauté internationale à également renforcer son soutien à la réalisation de cet objectif commun.
Cheick M. TRAORÉ
Source: Journal l’Essor-Mali