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Chronique du web : Les réseaux sociaux et le devoir de mémoire

Pendant combien de temps devrions-nous encore subir la pandémie du Covid-19 ? Dieu seul le sait ! Mais les pauvres humains que nous sommes aimeraient bien que la minute d’après soit l’épilogue de la pire crise sanitaire de ces cinquante dernières années. En plus de l’addition particulièrement salée – plus de 2,1 millions de cas avérés dans le monde, plus de 150 000 morts, au moins 4,5 milliards de personnes confinées, 110 pays ou territoires touchés – ce sont l’overdose d’infox, les statistiques ahurissantes, la sinistrose généralisée et la récession économique annoncée qui risquent de faire davantage mal.

Pour autant, la vie devrait-elle s’arrêter ? Que non ! Et à l’instar de l’Holocauste, le jour viendra très prochainement où, à travers le monde, on se souviendra de chaque personne tombée du nouveau coronavirus, sans distinction de sa race, de sa religion, de sa condition socio-économique, de ses convictions politiques… C’est ce travail de mémoire que réussit si bien aujourd’hui le Musée d’Auschwitz qui s’est converti aux réseaux sociaux en publiant quotidiennement textes, photos, vidéos d’archives sur Facebook, Instagram et Twitter. Une mission que le musée prend très au sérieux pour préserver la mémoire des victimes du camp nazi allemand et, en même temps, une initiative qui s’avère payante puisque le compte Twitter @AuschwitzMuseum est suivi par plus d’un million d’abonnés et la Page Facebook https://www.facebook.com/auschwitzmemorial/ affiche fièrement 328K (328.000) abonnés.

Selon un article publié le 15 avril dernier qu’on peut lire à cette adresse https://bit.ly/2wMJSMH, le CM (Community Manager) au Musée d’Auschwitz, Pawel Sawicki, poste chaque jour plusieurs photos des victimes du camp nazi allemand sur un compte Twitter. Pawel Sawicki qui abat un véritable boulot de conservateur numérique indique : « nous montrons les gens le jour de leur anniversaire en fournissant des éléments biographiques, parfois très succincts, en notre possession. Il est important pour nous de montrer des destins individuels car il est parfois difficile de comprendre l’échelle du crime ». A Auschwitz-Birkenau, il s’est passé l’innommable, un effroyable crime contre l’humanité, une entreprise d’extermination pensée et mise en œuvre méthodiquement par les nazis. « L’année 2020 marque le 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, devenu le symbole de tous les camps de la morts nazi allemands où périt la moitié de 6 millions de Juifs assassinés dans l’Holocauste, ainsi que des centaines de milliers de personnes d’autres origines. La mémoire des événements distants de trois générations demande un effort constant pour être préservée ».

Le travail que réalise M. Sawicki pour le musée d’Auschwitz-Birkenau reçoit un écho très favorable dans les milieux touchés par la Shoah. « Les gens sont très touchés par les photos rappelant les victimes. Souvent, ils nous envoient des photos de leurs proches morts dans le camp et demandent de les publier, ce que nous faisons ». Pour son travail de mémoire, le Musée d’Auschwitz combine Facebook, Twitter et Instagram ; il considère les réseaux sociaux comme « une véritable extension de la mission de mémoire et d’éducation réalisée sur le site avec plus de deux millions de visiteurs ces dernières années ». Mais c’est Twitter qui fait montre d’une redoutable efficacité. Selon  M. Sawicki, « en janvier 2020, à la suite d’une action soutenue notamment par l’acteur Mark Hamil, plus d’un million d’observateurs le suivent sur Twitter. 98% d’entre eux viennent de l’étranger ». A la même période, « à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp, le musée a eu 270 millions d’interactions sur Twitter (…) Twitter sert à transmettre la mémoire et à éduquer mais il permet également d’agir rapidement ».

Mieux encore, les réseaux sociaux permettent à cet ancien journaliste de 39 ans de devenir un fact-checker : « Nous corrigeons parfois les médias qui commettent de temps en temps des erreurs. Avant, on téléphonait à la rédaction, nous écrivions des mails, cela prenait parfois des semaines pour faire une correction. Aujourd’hui, grâce à Twitter ce temps se réduit, parfois il suffit de quelques minutes, quelques heures pour réagir et corriger un article ».

Mais il n’y a pas que les journalistes que le Musée recadre. Il doit aussi mettre dans le droit chemin des hommes politiques partisans de raccourcis. C’est notamment le cas du président de la Douma russe Viatcheslav Volodine qui en janvier a demandé aux responsables en Pologne de s’excuser pour des camps d’extermination que l’Allemagne nazi y a installés. Poliment mais fermement, M. Sawicki lui a alors recommandé de suivre en ligne des cours d’histoire sur le camp et la Shoah préparés par des spécialistes.

Derrière cette veille, la volonté est claire : « Nous ne voulons pas que le lieu de mémoire soit exploité de quelque manière que ce soit dans quelque débat politique actuel ». En toute modestie, Pawel Sawicki est très fier de son travail. Il raconte qu’il y a un an, lui et ses collaborateurs ont décelé de nombreuses erreurs historiques dans le livre à succès « Le Tatoueur d’Auschwitz » de Heather Morris qui « créent une version déformée d’Auschwitz ». En 2019Pawel Sawicki a réussi le tour de force de « pousser le géant américain du commerce en ligne Amazon à interdire la mise en vente de décorations de Noël comprenant des images de l’ancien camp ». Une bataille permanente qu’il livre également, c’est d’empêcher que l’on utilise le terme « camp polonais » au lieu de « camp nazi allemand ».

Sur le camp d’Auschwitz, il existe une abondante littérature. Pour sa part, l’Encyclopédie libre Wikipédia précise que le « camp de concentration d’Auschwitz » est le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich. Il était à la fois camp de concentration et camp d’extermination. Il est situé dans la province de Silésie, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Cracovie, sur le territoire des localités d’Oświęcim (Auschwitz en allemand) et de Brzezinka (Birkenau en allemand), annexées au Reich après l’invasion de la Pologne en septembre 1939.

Le camp de concentration, dirigé par les SS, est créé le 27 avril 1940 à l’initiative de Heinrich Himmler. Il est complété par un camp d’extermination (dont la construction démarre à la fin de 1941) et par un second camp de concentration destiné au travail forcé (créé au printemps 1942). Ces camps sont libérés par l’Armée rouge le 27 janvier 1945.

En cinq ans, plus d’un million cent mille personnes meurent à Auschwitz, dont 900 000 le jour même de leur arrivée. Les victimes de la « Solution finale » furent assassinées dans les chambres à gaz ou parfois par arme à feu, mais moururent aussi de maladies, de malnutrition, de mauvais traitements ou d’expériences médicales.

Une abomination qu’il convient de préserver pour que, plus jamais, l’humanité ne sombre dans une folie semblable.

Serge de MERIDIO

Source : Infosept

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