Il n’y a plus l’ombre d’un doute. Le coronavirus est bel et bien présent au Mali et il se propage à un rythme accéléré. Les chiffres des cas testés positifs, communiqués quotidiennement par le gouvernement, attestent de la dure réalité. Le mal est là et menace sérieusement tout le pays. Alors faudrait-il faire fi de cela et laisser continuer le processus électoral ? C’est finalement ce qu’avait décidé le gouvernement, pour des raisons évidentes, mais qui ne sauraient valoir la vie de tout un peuple. Que dire des contestations qui profilent à l’horizon et qui risquent d’entacher la crédibilité, la légitimité et mettre en mal la cohésion sociale ?
La démocratie malienne est mise à rude épreuve ces temps-ci. Si aucun démocrate ne souhaite encore ce qui est arrivé au Mali un 22 mars 2012, les autorités aussi ont le devoir de servir avec loyauté et droiture le vaillant peuple malien. Le second tour des législatives a été certes tenu, mais il n’aura pas mobilisé une grande foule, et a été de tous les risques. Risques de contamination du COVID-19, risques de contestations des résultats par certains candidats, risque de troubles post-électoraux et risque de mettre en mal la légitimité des députés qui vont en être issus. Le gouvernement en maintenant vaille que vaille la date du second tour, ce qui du reste était l’avis de beaucoup d’acteurs, aurait dû prendre des mesures beaucoup plus rigoureuses pour la protection des électeurs et des organisateurs. Mais tel n’a pas été le cas partout sur toute l’étendue du territoire. Selon nos informations, dans certaines localités du pays, il n’y avait ni eau encore moins de savon pour laver les mains.
Si Bamako était la zone la plus infectée, les bulletins quotidiens communiqués par le ministère de la santé, pendant les trois derniers jours avant la tenue du second tour prouvent à suffisance que la maladie s’est propagée partout au Mali. Toutes les régions ont connu des cas testés positifs, donc le second tour pourrait être un véritable incubateur pour propager le mal.
Le gouvernement endossera désormais la responsabilité d’avoir propagé le virus, non seulement en maintenant le second tour, mais aussi et surtout, en ne réunissant pas toutes les conditions de sécurité sanitaire, comme la distanciation sociale, les masques de protection et les autres mesures barrières indispensables pour minimiser les risques de contamination. A cette défaillance technique, s’est ajouté le manque de transparence, ce qui risque de provoquer dans les jours à venir une levée des boucliers de certains partis politiques et candidats.
En somme, après une profonde analyse de la situation sanitaire dans notre pays, le second tour des législatives aurait dû être reporté, comme le second tour des municipales en France, pour la même raison, à savoir le COVID-19.
Youssouf Sissoko
Source : Infosept