Le cinéma africain est en passe de devenir nostalgique d’un passé glorieux, pas lointain, marqué par l’empreinte indélébile de ses pionniers. La nouvelle vague, pleine de fougue, s’essaye à les atteindre et même à aller plus loin. Mais, elle peine à y arriver, au point que certains observateurs, comme Idrissa Ouédraogo, réalisateur burkinabe, a crié à son déclin. Pour lui, la faute va en grande partie, au manque de formation des jeunes cinéastes. Il explique que les pionniers ne se sont pas lancés dans la réalisation de films à partir du néant. « Ils ont étudié le cinéma à un niveau supérieur. C’est pourquoi ils ont su laisser leurs empreintes ».
Pour arriver à cette fin, ils se sont employés à se frayer le chemin pour accéder à de grandes écoles de formation. Et, l’un des plus accessibles, était le célèbre Institut du cinéma VGIK de Moscou. Sont passés par là, notamment, ceux qu’on ne présente plus, Sembène Ousmane et Souleymane Cissé, mais aussi certains de leurs cadets comme Abdoulaye Ascofaré, (qui a réalisé entre autres, Faraw, une mère des sables, 1997), Kalifa Dienta (a banna 1979) et Abderrahmane Sissako (Bamako en 2006 et Timbuktu en 2014).
Quelle est donc cette école de cinéma dont on parle tant ? Le VGIK, Institut supérieur cinématographique d’État, est un établissement d’enseignement professionnel supérieur basé à Moscou. Fondé par Vladimir Gardine en 1919, il est considéré comme la première école de cinéma du monde. C’est en 1986, que le nom du réalisateur, acteur et ancien directeur de l’Institut, Sergueï Guerassimov a été ajouté. Cette école forme au cinéma, à la vidéo, à la télévision et aux autres arts de l’écran.
Bien de grands réalisateurs russes ont fait leurs classes dans cet institut, pour ensuite élever le cinéma soviétique et russe à un niveau qui le
place parmi les plus importants du cinéma mondial.
Tout est partie du postulat de Lénine, ce grand penseur et homme d’état russe qui clame que « Le cinéma est pour nous, de tous les arts, le plus important ».
Des réalisateurs comme Sergueï Eisenstein, se signalent par la qualité de leurs films. Sa plus grande réalisation, Le Cuirassé Potemkine, qui met en images la Révolution russe de 1905, lui apporte la renommée internationale et figure toujours au premier rang du panthéon des historiens du cinéma.
Serge Bondartchouk réalise avec son monumental Guerre et Paix la synthèse du langage cinématographique du xxe siècle. Son influence, au niveau mondial, sera considérable.
Une ruche qui produit du bon miel mérite d’être entretenue et souvent visitée. Pour ce faire, la voie vers le VGIK vaut la peine d’être réactivée pour un pays, le Mali, voire un continent, l’Afrique, où les besoins de formation dans ce domaine sont cruciaux.
À la décharge des cinéastes, on sait que la Russie, après l’éclatement de l’Union soviétique, s’était repliée sur elle-même, mettant en veilleuse une coopération souvent fructueuse avec le tiers-monde. C’est peut-être la raison pour laquelle le Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) a vu sa recherche de coopération avec le VGIK, initiée par le directeur général d’alors, Moussa Ouane, recevoir un timide accueil. Aujourd’hui, les temps semblent avoir changé et la Russie tente de retrouver son lustre d’antan auprès de ses anciens partenaires et même au-delà. Une opportunité à sonder pour la formation d’autres monuments du cinéma comme les pionniers tavaritch.
Source: L’Essor- Mali