On s’en doutait. Le report, sine die, du FESPACO semblait évident tant le monde culturel se trouve dans les cordes face à ce redoutable virus, si friand de rencontres de masse.
Finalement, il est arrivé à faire plier ce géant du cinéma africain, comme il l’a fait avec bien d’autres manifestations sportives et culturelles, parmi lesquelles le prestigieux Festival de Cannes qu’il a obligé à annuler son édition 2020 et à remettre celle de cette année.
Après des semaines de réflexions et de rumeurs, les autorités burkinabè ont annoncé le report de l’édition 2021 qui devait se tenir du 27 février au 6 mars, en raison de la pandémie de coronavirus,. Le Conseil des ministres burkinabé qui a pris la décision explique que « Au regard de la situation sanitaire, tant au plan national qu’international, liée à la pandémie du coronavirus, il sera difficile de tenir le Fespaco à bonne date. Par ailleurs, il ne sera pas facile pour nous de décider d’une nouvelle date parce que cela est lié à l’évolution de la situation sanitaire ».
Le délégué général du festival, Alex Moussa Sawadogo, évalue les répercussions de la situation sanitaire sur l’industrie cinématographique africaine : « J’ai vu un gros impact sur les tournages, les productions et les postproductions. La postproduction de la plupart des films africains se faisant au nord, beaucoup de producteurs et de réalisateurs se sont vus empêchés d’aller dans les pays européens pour finaliser leurs films. Malheureusement, les installations de postproductions sur le continent n’ont pas pu tenir le coup. Par ailleurs, dans certains pays africains, il y a eu aussi des confinements et également des pays où des états étaient beaucoup plus concentrés sur la lutte contre la pandémie que sur le soutien des films. Tout le secteur cinématographique a donc été impacté ».
On se rappelle qu’à l’annonce officielle de la tenue de cette 27e édition du FESPACO, le ministre burkinabé de la Culture s’était montré prudent: « Nous envisageons cette manifestation dans le contexte ou non de la Covid-19. Nous aviserons dans l’un ou l’autre des deux cas ».
Pour mémoire, le film rwandais ” The Mercy of the Jungle” de Joel Karekezi a été couronné de l’étalon du Yennenga à l’issue de l’édition 2019. Depuis 1969, se tient tous les deux ans à Ouagadougou. ce festival considéré comme le plus grand rendez-vous de la cinématographie africaine. En temps normal, une édition c’est 450 projections, la rencontre de plus de 5.000 professionnels du cinéma et des médias et une affluence de plus de 100. 000 spectateurs.
Ce report est annoncé deux jours après celui de Cannes, le plus important festival de cinéma au monde qui se tient traditionnellement en mai, mais qui se voit renvoyé au mois de juillet.
Depuis sa fondation en 1969, le Fespaco s’est imposé à la fois comme la principale manifestation internationale pour les professionnels du 7e art africain et de sa diaspora et comme une grande fête populaire. Chaque édition voit des films de tous formats entrer en compétition pour briguer la récompense suprême, l’Étalon d’or.
Jusque là, la grande fête du cinéma africain n’aura été troublé par aucun incident. La rupture de cette régularité est un coup dur pour le secteur de l’hôtellerie et du tourisme au Burkina Faso qui voit les mauvaises nouvelles s’enchaîner avec l’annulation de la Semaine nationale de la culture, du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou ( SIAO) et maintenant le FESPACO. L’association professionnelle des hôteliers et restaurateurs du Burkina Faso qui comptait sur ces événements pour sortir la tête de l’eau, en appelle à une intervention du gouvernement pour sauver un secteur déjà en crise.
Une commission interministérielle avait évalué les conséquences de la crise sanitaire sur le secteur. Mais, avec le report du Fespaco, un réajustement de cette évaluation est nécessaire, selon le président de l’Association professionnelle des hôteliers et restaurateurs du Burkina Faso.
Le Mali avait assuré sa participation à cette édition 2021 en soumettant ses films réalisés à la sélection que devait opérer une commission du FESPACO. Parmi ces œuvres réalisées, se trouve le long métrage “chéitane” réalisé par Assane Kouyaté et produit par le Centre national de la cinématographie (CNCM) qui propose également à la compétition trois films court métrage. D’autres producteurs maliens postulent aussi en proposant leurs réalisations.
Pour l’heure, ils vont tous devoir patienter en attendant de voir clair dans l’embrouillamini que se complait à semer ce satané virus dans la marche de ce monde.
Kabiné Bemba Diakité
Source : L’ESSOR