Trois mois après son limogeage du poste de Premier ministre, Choguel Kokalla Maïa brise enfin le silence. Le leader du M5-RFP, longtemps perçu comme l’une des figures majeures de la Transition, a choisi ce moment pour clarifier sa position, ses regrets et ses espoirs. Entre alliances fragiles, fractures internes et repositionnements stratégiques, son discours du 22 février marque un tournant.
D’une alliance à une rupture inéluctable
Bamada.net-Lorsque le M5-RFP et les militaires ont scellé leur alliance après le coup de force du 24 mai 2021, nombreux étaient ceux qui y voyaient le début d’une réelle refondation de l’État malien. Choguel, propulsé à la primature, incarnait cette promesse de changement. Mais très vite, les divergences ont commencé à apparaître.
Le premier accroc survient lors du référendum constitutionnel de juin 2023, marqué par des tensions internes. La mise à l’écart de Choguel du « collectif des acteurs institutionnels », organisé pour promouvoir le « OUI massif », est perçue comme une tentative de marginalisation. La fracture se creuse davantage avec le remaniement ministériel qui suit l’adoption de la nouvelle Constitution : sans consultation ni compromis, les figures issues du M5-RFP sont écartées.
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Les incompréhensions et les griefs
Pour Choguel Kokalla Maïa, le divorce avec les militaires trouve son origine dans plusieurs points de friction. Parmi eux : la prorogation de la Transition, la gestion de la crise énergétique, la dissolution des conseils élus remplacés par des organes transitoires, ou encore la mise à l’écart du Premier ministre dans des négociations stratégiques.
Mais au-delà de ces questions techniques, c’est bien la nature du pouvoir et sa concentration qui sont en jeu. La Transition, initialement présentée comme un effort collectif, a fini par se transformer en un monopole exercé sans partage. La prudence tactique du M5-RFP et les appels à une « patience stratégique » n’ont pas suffi à réconcilier les deux partenaires historiques.
Une clarification tardive, mais nécessaire
La prise de parole de Choguel, longtemps attendue, s’inscrit dans un contexte où le M5-RFP semble désormais en quête de repositionnement. En insistant sur la nécessité d’une « clarification et d’une réorientation stratégique », il tente de redonner à son mouvement une place dans le débat national.
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Pour autant, la Transition, qui continue son cours sous l’empreinte exclusive des militaires, présente-t-elle encore une ouverture à l’autocritique et à l’inclusion ? Le temps de l’union semble bien loin, et celui des recompositions politiques pourrait désormais prendre le dessus.
L’enjeu d’une opposition structurée
La sortie de Choguel pose une question cruciale : le M5-RFP peut-il exister sans le soutien de l’appareil d’État ? Autrefois fer de lance de la contestation contre IBK, ce mouvement se retrouve aujourd’hui en quête d’un nouveau souffle. Face à une Transition qui s’est durcie et fermée aux critiques, la perspective d’une opposition structurée et audible devient un enjeu majeur.
L’histoire nous enseigne que les transitions politiques sont rarement des parcours linéaires. Les alliances se nouent et se défont, les règlements de comptes succèdent aux périodes de collaboration. Dans ce jeu mouvant, Choguel Kokalla Maïa joue sa survie politique. Son discours du 22 février pourrait bien être le premier acte d’un retour sur le devant de la scène. Reste à savoir s’il trouvera encore un écho dans l’opinion publique malienne.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net
