Depuis la nomination de l’ex-président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin à la tête du gouvernement de transition, il semble avoir mis un peu d’eau dans son vin. Et pour cause.
Le très bouillant président du Comité stratégique du M5 commence à étaler ses carences au grand jour. Nommé le 7 juin 2021, le nouveau locataire de l’immeuble des berges du fleuve Niger ne sait pas encore par où commencer les actions de refondation du Mali qu’il a promises aux Maliens lors de ses manifestations de rue, en 2020, à la tête de son mouvement. Entre visites à des personnalités qu’il a combattues hier, Choguel cherche, en vain, le chemin de l’inclusivité, du dialogue et de la cohésion. Termes qui ont émaillé ses discours lors des meetings et autres conférences du M5. L’homme est obligé d’avaler ce qu’il a répugné jadis. En désaccord avec la classe politique dans son ensemble et la plupart de ses compagnons d’hier, l’ancien patron du M5 commence à se ramollir regrettablement. Il doit savoir que haranguer les badauds de Bamako au Boulevard de l’indépendance et diriger un gouvernement en temps de crise profondefont deux choses totalement différentes. Le revirement de Choguel doit attirer l’attention des Maliens sur ses intentions réelles quand il organisait ses sorties hasardeuses en 2020.
Comme on le dit couramment au Mali, « les hommes politiques n’ont aucun scrupule ». Leur jeu favori, c’est d’accepter ou faire des choses et leurs contraires. Le nouveau Premier ministre de la transition vient de donner raison aux citoyens lambda qui pensent ainsi. « La politique est l’art de réaliser ce qui est possible et de rendre possible ce qui est nécessaire », dit-on. Une très belle pensée mais qui ne sied pas ici à son auteur. Car dans l’art, l’improvisation n’a pas sa place. Tout se prépare de façon intelligente et murie. Ce n’est pas en acceptant ce qu’on a rejeté hier qu’on fait des compromis. Non, cher Choguel. Les Maliens ne sont pas dupes. Ils connaissent assez les politicards qui animent la scène politique nationale depuis trente ans, et particulièrement vous.
Sortez votre baguette magique!
Quand vous n’êtes pas aux affaires, rien ne va et vous refusez tout. Mais quand vous avez à manger, vous devenez flexible. Bravo ! La rectification de la transition vient de se faire et la refondation est en cours. Le poste de Premier ministre est acquis honteusement et de façon circonstancielle. Jamais avec les urnes, vous n’aurez ce privilège. Quelle honte pour ces gens qui, depuis 1991, sont en train de sucer le sang des paisibles citoyens envoyés souvent à la boucherie, dans les rues de Bamako, pour des intérêts inavoués et qui sont toujours là à nous tromper. Le peuple a souffert et continue de souffrir de vos manigances machiavéliques. Sortez vite votre baguette magique pour sauver le Mali comme vous l’avez promis lors de vos sorties insensées. Les Maliens ont su maintenant que vous êtes du genre : « nèyafô, nè ma fô, a bèhoron kan » (devise des gens qui ne respectent pas leurs engagements). On comprend dès lors que tout ce que vous avez décrié lors des sorties du M5 n’est que bluff. Tout ce vacarme et toutes ces casses pour une place : la Primature. Votre tapis, au lieu d’être rouge, est plus tôt multicolore. Il est fait du sang des innocents envoyés dans la rue et des cendres des bâtiments publics et privés. On se demande de quels moyens vous disposez pour arriver à la mise en œuvre de votre politique de rupture et d’exemplarité quand on sait que vous emboitez le pas à ceux-là que vous avez combattus.
En tout cas, le peuple malien ne doit pas s’attendre à des réformes novatrices de votre part dans la mesure où vous vous apprêtez à envoyer le projet de loi portant création de la police territoriale devant le CNT pour adoption. Cette loi, si elle est adoptée, va achever le processus de partition du Mali. Dans ses dispositions, elle loi ne concerne que les régions du nord du Mali. Or, quand une disposition concerne le territoire, elle couvre évidemment l’ensemble du territoire national, sans exception. Et juridiquement, le Conseil national de transition n’est pas habileté à statuer sur cette question dans la mesure où l’Accord de paix issu du processus d’Alger n’a pas été paraphé devant le parlement malien. Mieux, la question ne constitue pas une priorité pour les autorités de la transition. Cet accord, on le sait, est un acte de haute trahison contre le Mali.
Quand le nouveau Premier ministre parle de rupture, on se demande comment va-t-il se comporter face aux dignitaires de la CMA qui sont payés à coups de millions parce qu’ils sont membres du Comité de suivi de l’Accord. En tout cas, aucun organe de la transition n’est habileté à mobiliser les ressources nationales en faveur de cet accord. Comment va-t-il gérer la question des milliards de nos francs envoyés au nord par les régimes précédents pour des soit disant investissements au détriment des autres régions du pays ?
Comme le dit l’adage : « Chassé, le naturel revient au galop ». Le peuple malien en a assez des discours populistes.
Donan Lebedem
Source: Le Démocrate