Après le dénouement de la traque des preneurs d’otages à Paris et Dammartin-en-Goële, vendredi 9 janvier, les enquêteurs travaillent sur différentes pistes qui s’offrent désormais à eux. Parmi elles : les liens potentiellement tissés par les frères Kouachi avec le Yémen, et plus précisément avec al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Dans une vidéo postée vendredi 9 janvier 2015, l’un des leaders de ce groupe, Harath al-Nazari, s’est felicité de l’attaque contre Charlie Hebdo.
Après le dénouement de la traque des preneurs d’otages à Paris et Dammartin-en-Goële, vendredi 9 janvier, les enquêteurs travaillent sur différentes pistes qui s’offrent désormais à eux. Parmi elles : les liens potentiellement tissés par les frères Kouachi avec le Yémen, et plus précisément avec al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Dans une vidéo postée vendredi 9 janvier 2015, l’un des leaders de ce groupe, Harath al-Nazari, s’est felicité de l’attaque contreCharlie Hebdo.
« L’enquête va déjà s’attacher à poursuivre les auditions pour déterminer bien évidemment la suite que nous réserverons aux gardes à vue en cours, pour interpeller aussi la compagne d’Amedy Coulibaly qui n’est toujours pas interpellée », précisait vendredi soir le procureur de Paris François Molins. Hayat Boumediene fait l’objet d’un avis recherche. On sait déjà que la jeune femme, âgée de 28 ans, était une proche de la compagne de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, qui se trouve pour sa part en garde à vue depuis mercredi.
Le procureur de Paris a précisé vendredi que l’examen des activités téléphoniques des deux jeunes femmes avait permis de déterminer que Mme Hamyd avait « passé plus de 500 appels sur l’année 2014 avec la compagne de Coulibaly ». Selon Céline Berthon, secrétaire générale du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), invitée de la rédaction de RFI ce samedi matin, la capture de Hayat Bouméddiène est une urgence nationale.
Une piste : al-Qaïda dans la péninsule arabique
« L’enquête va devoir s’attacher à déterminer les éventuelles complicités dont ils ont pu bénéficier, confirme le procureur François Molins. Elle va devoir s’attacher à déterminer le financement de ces actions criminelles, la provenance de ces armes et toutes ces instructions ou l’assistance dont ils auraient pu bénéficier en France, à l’étranger et éventuellement aussi au Yémen. »
François Molins explique en effet que l’un des frères Kouachi, Saïd (l’aîné), avait effectué un séjour au Yémen en 2011. D’ailleurs, Chérif Kouachi a pour sa part affirmé, dans un échange téléphonique avec un journaliste de la chaîne de télévision française BFM survenu vendredi matin, quelques heures avant sa mort donc : « J’ai été envoyé, moi, Chérif Kouachi, par al-Qaïda au Yémen. Je suis parti là-bas, et c’est le cheikh Anouar al-Awlaki qui m’a financé. »
Anouar al-Awlaki, un précurseur du jihad 2.0
Prédicateur américain d’ascendance yéménite, grande figure d’Aqpa dont il est considéré comme l’idéologue en chef, Anouar al-Awlaki a été tué par une frappe de drone en septembre 2011. Il effectuait un gros travail de diffusion des thèses de l’organisation terroriste sur Internet. Il s’agit même d’un précurseur en la matière, puisqu’il a encouragé les jihadistes de la génération actuelle à investir massivement les réseaux sociaux et qu’il fut aussi l’initiateur des messages vidéos diffusés en anglais californien.
Anouar al-Awlaki appelait régulièrement à attaquer l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Il a eu un rôle important dans un certain nombre d’attentats aux Etats-Unis, dont celle de la base de Fort Wood. Il a eu une influence très importante sur le Nigérian Omar Farouk, fils d’un ex-ministre banquier milliardaire qui avait tenté de faire exploser un vol entre les Pays-Bas et les Etats-Unis.
Amedy Coulibaly roulait-il pour quelqu’un ?
Selon des témoins de l’attaque contre Charlie Hebdo, les deux frères s’étaient déjà revendiqués d’Aqpa au moment de leur attaque. Mais l’organisation terroriste n’a formellement revendiqué aucune des attaques survenues sur le sol français. Cependant, l’un de ses leaders, à savoir Harath al-Nazari, s’est félicité de l’attaque dans une vidéo diffusée vendredi en fin de journée, après la mort des frères Kouachi, et diffusée par le site américain de surveillance des médias djihadistes SITE.
Le preneur d’otages du supermarché casher de Porte de Vincennes, Amedy Coulibaly, qui est également l’auteur présumé de la fusillade meurtrière près de la Porte de Châtillon, s’est quant à lui réclamé de l’organisation Etat islamique (EI), toujours sur BFM. Mais aucune information ne vient attester qu’il existe un lien entre lui et le groupe sévissant en Irak et en Syrie. L’enquête va « s’attacher à déterminer la place exacte de ces actions criminelles dans le contexte des filières terroristes jihadistes qui sont actuellement en cours d’enquête ou d’instruction », conclut le procureur de Paris.
Par rfi.fr | Publié le 10-01-2015 à 09:10
