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Changement climatique : La Cop26 n’a pas tenu toutes ses promesses

Annoncée par tous les spécialistes comme la rencontre de la dernière chance, la plus grande messe du climat, qui a réuni environ 25.000 personnes à Glasgow en Écosse du 31 octobre au 12 novembre 2021, a douché les espoirs

 

Comme s’il lisait une oraison funèbre, le visage triste, l’air désemparé, le président de la 26è Conférence des Nations unies sur le climat (Cop26), le Britannique Alosk Sharma, a entamé son discours de clôture des travaux par des mots d’excuses. «Je vous demande pardon. Je suis désolé que l’espoir que nous avions tous fondé sur des résultats concrets à la fin de ce sommet, soit déçu». Cet espoir était de parvenir à un accord global sur la mise en œuvre de toutes les recommandations des Accords de Paris sur le climat.

Ils prévoyaient le versement de 100 milliards de dollars (environ 65.000 milliards de Fcfa) par an aux pays les plus pauvres de la planète qui sont les plus vulnérables aux effets du bouleversement climatique, par les plus riches qui sont responsables à 90% du réchauffement de la terre. La finance carbone, l’arrêt de l’investissement dans les énergies fossiles (pétrole, charbon), la promotion des énergies renouvelables (solaire, éolienne), la lutte contre la déforestation sont, entre autre mesures édictées par l’Accord, pour maintenir la température globale de la planète à 1,5°C d’ici 2100, pour éviter la catastrophe.

Malgré son caractère contraignant, les promesses de l’Accord de Paris n’ont été tenues par ses signataires. Sur les 100 milliards de dollars annuels, à peine 70 milliards de dollars ont été mobilisés en 5 ans. L’épineuse question de la finance carbone n’a pas été tranchée.

Les plus gros exploitants d’énergies fossiles (États-Unis, Chine, Inde, Canada) entre autres, n’ont pas adhéré à l’accord de l’arrêt des investissements dans le secteur. Ce qui fera dire aux plus radicaux de la lutte, que la rencontre de Glasgow a été un nouvel échec.

La jeune activiste suédoise pour le climat, Gretta Thumberg avait déclaré dès les premiers jours des travaux, que la Cop 26 a été un échec. «Que des bla bla bla», s’exclamait-elle, lors de la grande marche dans les rues de Glasgow. Manifestation qui avait mobilisé des centaines de milliers de jeunes pour dénoncer l’immobilisme des décideurs face à l’urgence climatique.

Les Cop sont devenues une sorte de messe des grands pollueurs qui usent de toutes les astuces pour ne pas assumer leur responsabilité dans le dérèglement climatique et refusent d’agir, fustigeait-elle, devant une foule de jeunes visiblement remontés. «Vous êtes des assassins. À cause de vos intérêts sordides et égoïstes, vous compromettez notre vie et celle qui viendront après nous», lançait-ils aux responsables politiques des pays présents au sommet.

Le porte-parole du groupe des négociateurs africains, notre compatriote Seyni Nafo, divise la poire en deux sur la question. Il estime que la Cop26 ne peut pas être qualifiée d’échec total. Les pays-parties ne se sont pas entendus sur beaucoup de sujets certes, mais des avancées notables sont à constater dans la prise des engagements sur certaines grandes préoccupations du moment, surtout de l’Afrique.

L’ÉGYPTE ABRITERA LE PROCHAIN SOMMET- L’expert note la prise de conscience des décideurs du monde, de l’urgence de sauver notre planète. Notre continent ne participe qu’à moins de 4% dans les causes du réchauffement climatique, mais il subit 80% des conséquences désastreuses. L’enjeu de cette Cop pour les pays africains, était le financement des actions de lutte contre le dérèglement du climat, explique le spécialiste malien des questions environnementales.

Le président du Groupe africain de négociateurs sur le changement climatique abondera dans le même sens. Les parties conditionnelles des Contributions déterminées au niveau national (CDN) représentent les contributions les plus ambitieuses à l’Accord de Paris sur le changement climatique, expliquera Tanguy Gahouma-Bekale.

Elles nécessitent, selon lui, des ressources de financement climatique qui devraient être accessibles par des canaux bilatéraux et multilatéraux. L’Afrique a besoin d’un soutien supplémentaire pour ses initiatives, notamment l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI) et l’Initiative africaine d’adaptation (AAI). Le continent a besoin de subventions, et pas seulement de prêts qui aggravent le fardeau de sa dette, insistera le président du Groupe africain de négociateurs sur le changement climatique. L’augmentation de la dette et la pandémie de Covid-19 ont affaibli la capacité des pays pauvres à faire face à la crise climatique, argumentera-t-il.

En somme, les priorités de l’Afrique à la Cop26 ont été l’adaptation, le financement climatique, un mécanisme de marché (article 6 de l’Accord de Paris), des CDN ambitieuses, un mécanisme de transparence, le respect des engagements d’atténuation avant 2020 et la reconnaissance des besoins et des circonstances uniques de l’Afrique.

Tiraillés entre les objectifs politiques de développement intérieur et l’urgence climatique, les pays riches, malgré le caractère contraignant des engagements qui résultent de l’Accord de Paris, hésitent à faire le pas. Pendant ce temps, le point de non-retour semble être atteint. C’était la décennie de la dernière chance pour inverser la courbe. à partir de maintenant, il devient trop tard. Les victimes innocentes seront les plus vulnérables qui, pourtant, sont les moins comptables de la situation. Ce sera au tour de l’Afrique d’accueillir la Cop27, en novembre 2022 en Égypte. Cet échec de la Cop26 donnera à l’Afrique l’impulsion nécessaire à la préparation de la Cop prochaine, espère-ton encore.

Cheick Amadou DIA

Source : L’ESSOR
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